En route vers 100 000 véhicules électriques au Québec : et après?
Le dévoilement récent par la SAAQ et l’AVÉQ des statistiques de l’évolution du nombre de véhicules électriques au Québec démontre que l’intérêt des Québécois envers ceux-ci ne se dément pas.
En date du 30 septembre 2019, on retrouvait 60 784 véhicules zéro émission (véhicules hybrides rechargeables et 100% électriques) sur nos routes.
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La première chose qui ressort de ces statistiques est la courbe exponentielle d’adoption. C’est ainsi qu’après un lent début il y a cinq ans à peine, les ventes ont augmenté de manière soutenue depuis.
Nous constatons donc qu’il y a eu :
- 60% plus de ventes de véhicules électriques en 2016 qu’en 2015
- 60% plus de ventes en 2017 qu’en 2016
- 110% plus de ventes en 2018 qu’en 2017
L’année 2019 sera de toute évidence meilleure que 2018 en terme de ventes puisqu’en trois trimestres, 30% plus de véhicules électriques ont trouvé preneurs que durant les quatre trimestres de 2018.
100 000 véhicules verts en 2020?
S’il est possible d’envisager que l’objectif gouvernemental québécois de 100 000 véhicules zéro émission (VZÉ) soit atteint d’ici la fin de l’année 2020, le manque chronique d’inventaire chez plusieurs constructeurs risque de compliquer les choses. Je me rappelle pourtant très bien de cette affirmation des constructeurs voulant que s’il y avait une demande, ils y répondraient. Force est de constater que pour une majorité d’entre eux, ce n’est toujours pas le cas.
Et après?
Une fois l’objectif de 100 000 VZÉ atteint, que fera le gouvernement du Québec? Cessera-t-il soudainement ou graduellement de soutenir financièrement l’achat de véhicules électriques? Et s’il continue à soutenir l’achat de ces véhicules, comment financera-t-il ce soutien? Rappelons que deux autres objectifs ont été fixés par le précédent gouvernement : 300 000 VZÉ en 2026 et 1 000 000 de VZÉ en 2030.
De plus, la volonté pour le gouvernement actuel de soutenir l’augmentation du nombre de véhicules électriques au Québec va dans le sens d’une transition écologique et économique. En effet, en mai dernier, le Premier ministre Legault disait vouloir atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec de 37,5% en 2030 par rapport aux émissions de 1990 et de diminuer la consommation de produits pétroliers du Québec de 40% en 2030 par rapport à sa consommation de 2013.
Il disait vouloir atteindre ces objectifs en électrifiant les transports, les bâtiments et les industries. Une consultation publique a d’ailleurs lieu depuis plusieurs semaines sur les moyens d’atteindre ces objectifs.
Or, pour le moment, plutôt que de nous approcher de ces objectifs, nous nous en éloignons… à cause des transports et plus spécifiquement des transports routiers.
GES
Entre 1990 et 2016, les émissions de GES du Québec ont diminué de 9,1%. Elles auraient cependant diminué beaucoup plus si le secteur des transports n’avait pas été à contre-courant des autres secteurs. En effet, durant la même période, les émissions de GES des transports ont augmenté de 21,9%. Les émissions de GES des transports routiers ont augmenté de 52,3% et celles des camions légers (VUS, pickups, etc.) ont augmenté de 125,4%. Rien que ça.
Pétrole
Entre 2013 et 2017, la consommation de produits pétroliers au Québec a augmenté de 4,9%. Quant à la consommation d’essence (utilisée par les voitures et les camions légers), elle a augmenté de 12,7%. On va donc exactement dans la mauvaise direction.
Si le gouvernement veut atteindre ses objectifs d’adoption de véhicules électriques, de diminution de GES et de consommation de pétrole, il risque fort de devoir continuer à soutenir l’achat de véhicules électriques légers et lourds, mais aussi de décourager l’achat de véhicules énergivores. En effet, nous avons assisté à une augmentation des ventes de camions légers de 246% entre 1990 et 2017 au Québec. D’autres mesures seront évidemment nécessaires, mais ces objectifs sont atteignables.
Nous pouvons être fiers du fait que 6,36% des véhicules légers vendus au Québec en 2019 soient électriques ou que 47% des véhicules électriques immatriculés au Canada soient au Québec, mais nous aurons encore beaucoup à faire avant de rejoindre le leader mondial qu’est la Norvège… où près de 60% des véhicules vendus en 2019 sont électriques.