Fiat Chrysler et PSA officiellement en route vers une fusion
Paris | PSA et Fiat-Chrysler se sont officiellement mis en route jeudi vers la création d’un nouveau géant mondial de l’automobile, une méga-fusion entre égaux qui doit se faire sans fermeture d’usine, et sous le regard bienveillant de l’État français. Les deux constructeurs ont annoncé jeudi être tombés d’accord à l’unanimité sur le principe d’une fusion entre égaux. L’accord définitif pourrait intervenir «dans les prochaines semaines», selon le mandat donné aux équipes des deux constructeurs, ont-ils précisé dans leur communiqué commun.
Avec 8,7 millions de véhicules vendus par an, la nouvelle entité, qui serait basée aux Pays-Bas, rejoindrait les géants de l’automobile, en devenant le n°4 mondial. «50/50»: la répartition au sein de ce nouveau mastodonte de l’automobile se veut claire, avec les actionnaires des deux groupes détenant chacun la moitié du capital. Même constat au sein du conseil d’administration, où cinq membres seraient nommés par Fiat-Chrysler, cinq autres par PSA, le onzième étant Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français qui deviendrait directeur général de ce nouveau groupe.
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John Elkann, le président de Fiat-Chrysler, prendra la tête de ce conseil d’administration.
Pour l’heure, le projet semble recueillir les faveurs de l’État français, actionnaire à 12% de PSA, qui accueille «favorablement» l’idée, selon le ministre de l’Économie Bruno le Maire. Le gouvernement restera néanmoins «particulièrement vigilant» sur le maintien de l’appareil industriel en France, a-t-il prévenu. La prudence était aussi de mise de l’autre côté des Alpes, où le ministre du Développement économique, Stefano Patuanelli a aussi demandé «au nouveau groupe de garantir la continuité industrielle» et de maintenir les cinq milliards d’euros d’investissement promis par FCA dans ses usines italiennes d’ici 2021.
Les deux groupes ont d’ores et déjà assuré qu’«aucune fermeture d’usine» n’est prévue. «On nous a assuré qu’il n’y aura pas de fermeture d’usine. La même promesse avait été faite lors du rachat d’Opel Vauxhall en 2017 et la promesse a été tenue», souligne à l’AFP Patrick Michel, secrétaire Force Ouvrière du comité de groupe monde chez PSA.
Du côté de la CGT, troisième syndicat chez PSA, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. «On est inquiet pour l’emploi de manière générale, bien sûr, il va y avoir des doublons, et une mise en concurrence des usines et des salariés les uns contre les autres», craint Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central.
Les syndicats sont en revanche unanimes pour critiquer le choix des Pays-Bas pour implanter le siège de la future maison mère: une «magouille fiscale» selon la CGT, une «facilité» pour FO. Les réactions de la Bourse étaient contrastées, les actions des deux constructeurs connaissant des fortunes radicalement opposées. A 11H15 (10H15 GMT) à la Bourse de Milan, Fiat Chrysler bondissait de 8% tandis qu’à Paris PSA dévissait de plus de 12%.
«La capitalisation boursière de Peugeot est supérieure à celle de Fiat Chrysler. Avec une fusion à 50/50, c’est de fait Peugeot qui rachète techniquement Fiat et offre une prime à ses actionnaires. Le marché prend donc en compte cette situation et adapte ses prix en conséquence», a observé auprès de l’AFP Daniel Larrouturou, gérant actions chez Dôm Finance.
Deux groupes complémentaires
PSA et FCA ont évalué à 3,7 milliards d’euros les synergies annuelles générées par leur rapprochement, pour une société dont le chiffre d’affaires consolidé est évalué à 170 milliards d’euros.
Le constructeur français devrait en outre céder ses 46% de parts au sein de l’équipementier Faurecia, une opération qui pourrait lui rapporter plus de 2,6 milliards d’euros. Sur le papier, PSA et Fiat semblent avoir une certaine complémentarité. La fusion pourrait ainsi permettre au français de revenir sur le marché américain grâce notamment aux Dodge et Jeep de son allié tandis que FCA consoliderait ses positions en Europe, où il est en perte de vitesse.
Selon plusieurs experts du secteurs, PSA pourra également apporter une certaine expertise en termes d’électrification des véhicules, tandis que FCA peut proposer des voitures haut de gamme avec ses marques Alfa Romeo ou Maserati.
Dans un marché de l’automobile en pleine transformation, face à l’évolution de la réglementation et l’essoufflement de la demande, la création d’un nouveau géant semble inévitable.
«Cette fusion est peut-être nécessaire aujourd’hui avec les nouvelles réglementations. Il vaut mieux être plus gros pour pouvoir mieux absorber mieux des coûts de développement qui vont être relativement élevés», affirme Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank.
Ce projet de fusion intervient quelques mois seulement après l’échec cuisant des négociations entre Fiat Chrysler et l’autre grand groupe automobile français, Renault. L’italo-américain avait rapidement jeté l’éponge, n’ayant pas pu obtenir un engagement du constructeur français, freiné par l’État actionnaire.