Nissan Armada 2007, assumer son poids
Les journalistes automobiles sont appelés à conduire tous les véhicules qui circulent sur nos routes. De la minimaliste Smart à l’immense Ford Expedition Max, tout y passe ! Le Nissan Armada et son luxueux jumeau, l’Infiniti QX56, font partie de la deuxième catégorie. Les verts auront beau s’époumoner, il restera toujours des acheteurs pour ce type de camion hyperénergivore. Malgré des airs quasiment angéliques, ce duo est bâti sur le châssis d’un camion, le Titan, qui, comme son nom l’indique, possède des dimensions… titanesques !
Même si l’ensemble de la carrosserie est la même pour les deux véhicules, il existe quelques différences permettant de différencier un QX56 (si vous en voyez un sur les routes du Québec !) et un Armada. La partie avant diffère passablement alors que les phares du QX56 se font beaucoup plus discrets et raffinés que ceux de l’Armada. Aussi, les moulures de portes sont plus minces chez le QX. Les deux véhicules affichent une ligne de toit qui semble se rompre entre l’habitacle et la partie arrière. En fait, le toit demeure parfaitement droit mais le design des glaces latérales donne l’impression qu’un arbre est tombé sur le toit et l’a écrasé. Dans l’habitacle, les matériaux du QX s’avèrent de meilleure qualité et le plastique du Nissan fait place à des garnitures en bois.
Pour quelques sous de plus…
Avec un prix de base avoisinant les 55 000 $, on pourrait croire que l’Armada compte sur une longue liste d’accessoires standard. Eh bien non ! L’équipement de base est certes plus relevé que celui d’une Hyundai Accent mais il me semble que le toit ouvrant électrique, les glaces de troisième rangée à ouverture électrique et les rideaux gonflables pour les passagers avant auraient pu être inclus dans la dotation de base. Pour obtenir ces éléments, il faut cocher le modèle LE qui, lui, revient à près de 60 000 $ ! Le QX56, lui, demande moins de réflexion. Signez un chèque d’à peu près
78 000 $ et partez avec le véhicule ! Et là, c’est vraiment complet !
Tel que mentionné un peu plus haut, les Armada et QX56 possèdent trois rangées de sièges. Contrairement à la plupart de leurs concurrents, cette rangée peut accueillir deux adultes en tout confort. Il y a même de la place pour trois mais n’exagérons pas ! Des contrôles séparés de climatisation/chauffage sont même prévus pour eux. Les deux véhicules existent en versions sept ou huit passagers. Dans cette dernière livrée, le siège de deuxième rangée est une banquette. Même si elle s’avère tout de même confortable nous recommandons la version sept passagers avec ses sièges capitaines pour la deuxième rangée, tout simplement parfaits pour de longues randonnées. Ceux situés à l’avant ne s’attirent aucune mauvaise critique sinon un manque de soutien latéral. Mais bien davantage que les sièges, c’est l’espace habitable qui impressionne. C’est grand comme la cathédrale Notre-Dame de Paris là-dedans et il faut quasiment un cellulaire pour communiquer avec les passagers arrière. Le tableau de bord, sorti tout droit de l’imagination d’un comptable déprimé, possède une ergonomie généralement réussie. Par contre, et malgré un prix assez corsé, les plastiques de l’habitacle, autant de l’Armada que du QX56, font assez cheap merci !
Oh, que c’est du moteur, ça !
Les Armada et QX56 sont énormes. Pour tirer ces brutes de leur position stationnaire, ça prend plus qu’un moteur de tondeuse à gazon. Le V8 de 5,6 litres développe cette année 317 chevaux (320 pour le QX56), soit un tantinet plus que l’an dernier. Cette augmentation de la puissance ne change pas grand-chose puisque le duo se débrouillait déjà fort bien avec des temps d’accélérations surprenants compte tenu du poids à trimballer. L’impressionnant couple de 385 livres-pied (390 pour l’Infiniti) demeure inchangé. On retrouve une seule transmission, soit une automatique à cinq rapports dont le passage entre les vitesses se fait avec une belle douceur. Naturellement, tant qu’à faire un gros truck, aussi bien qu’il passe partout ! Plutôt que de le doter d’un rouage 4x4 un peu rustre, Nissan (et Infiniti, bien sûr) a préféré lui adjoindre un rouage intégral sophistiqué. De plus, les Armada et QX56 peuvent compter sur un antipatinage aux quatre roues combiné au système CDV qui détecte tout mouvement inhabituel de la caisse pour ordonner à l’intégrale de modifier instantanément la répartition du couple. La capacité de remorquage se situe parmi les meilleures de l’industrie avec ses 4 037 kilos (9 000 livres). Avant de clore ce paragraphe portant sur la mécanique, soulignons avec une infinie désolation, que la consommation d’essence de ce monstre est comparable à celle d’un alcoolique en rechute... Sauf qu’il n’y a aucun espoir de réchapper l’Armada et le QX56 !
Ce Nissan/Infiniti possède deux personnalités. La conduite de ce véhicule sur une autoroute ne révèle aucune surprise, si ce n’est celle, heureuse, de constater que la suspension arrière indépendante fait un boulot extraordinaire en ne sautillant pas comme celle d’un camion traditionnel. Il en va autrement aussitôt que le centre-ville approche. Autant il semble à l’aise sur la grand-route, autant il devient lourdaud dès qu’un coin de rue se présente. Une jeune cycliste du centre-ville de Montréal, un peu frondeuse, je dois avouer, a sans doute vu sa vie défiler pendant une seconde, le temps que je réalise que le rayon de braquage était beaucoup plus grand que prévu. Probablement en guise d’appréciation de ma conduite, elle a levé un doigt vers le ciel… Malgré toutes ses qualités, le duo Armada et QX56 n’ont pas réussi à m’impressionner outre mesure. La qualité de la finition et le coût de l’essence ont eu raison de mon enthousiasme premier.
feu vert
Prestige assuré
Habitacle de style cathédrale
Moteur performant
Intégrale bien adaptée
Confort de bon aloi
feu rouge
Consommation immodérée
Dimensions radicales
Rayon de braquage énorme
Finition intérieure primitive
Prix élevé