Dodge Avenger, l’aéroport en déborde…
Pour Dodge, inutile de placer de grosses pancartes publicitaires aux abords des aéroports. Les stationnements aéroportuaires alloués aux entreprises de location de voitures sont bondés des produits de cette marque. Le problème, c’est qu’on associe souvent les produits Dodge à des voitures de location. Mais hélas, dans certains cas, elles ne sont bonnes qu’à ça. Et c’est assurément le cas de l’Avenger, une voiture qui n’a rien pour percer dans le segment des intermédiaires.
En fait, l’Avenger n’est pas vilaine. Mais il est clair que Dodge ne pouvait s’attendre à autre chose qu’à un échec commercial, et surtout au moment où Chevrolet et Honda accouchaient de la Malibu et de l’Accord. Entre vous et moi, un monde sépare l’Avenger de ces deux rivales, et elle est aussi loin derrière la Fusion, la Sonata ou la Mazda6.
D’abord, Dodge n’a pas cru bon suivre la tendance voulant que les intermédiaires prennent énormément de volume. L’Avenger semble maigrichonne en comparaison avec ses rivales, se situant presque à mi-chemin entre une compacte et les intermédiaires d’aujourd’hui. Il faut également admettre que cette Dodge déçoit par sa qualité de construction, tant par rapport à l’assemblage qu’à la qualité des matériaux. Et bon, disons-le, elle traîne de la patte au point de vue de la mécanique, surtout en ce qui concerne sa motorisation à quatre cylindres. Autrement dit, on est vraiment passé à côté. Voilà pourquoi une majorité de ces véhicules commencent leur carrière dans les parcs de voitures de location, pour ensuite être vendus à l’encan. Toutefois, ce genre d’opération n’est pas rentable pour un constructeur, en influant sur la valeur de revente des véhicules. Car à tout coup, l’offre est plus grande que la demande.
À quel prix?
Avec les rabais que vous octroieront les concessionnaires Dodge, vous pourrez probablement obtenir une Avenger à moteur quatre cylindres, flambant neuve, pour environ 20 000 $ avant taxes. À première vue, ce n’est pas trop mal. Sauf qu’il faut savoir qu’un modèle 2009 affichant 25 000 km au compteur vaut environ la moitié de ce montant. Et puisque Chrysler n’est pas en mesure d’offrir des taux d’intérêt alléchants par les temps qui courent, la neuve vous coûtera probablement plus cher en intérêts qu’un modèle d’occasion. L’aubaine, c’est donc assurément le modèle d’occasion, âgé de douze ou dix-huit mois.
Vous vous intéressez à l’Avenger? C’est donc que vous appréciez son look agressif, qui tente de rejoindre celui de sa grande sœur, la Charger. Et c’est vrai : en dépit de son contenu plutôt ordinaire, cette voiture affiche une gueule qui a du caractère. N’allez cependant pas croire qu’elle présente sur la route le même tempérament. Évidemment, la version R/T à moteur V6 de 3,5 litres permet d’obtenir de bonnes performances et une certaine agilité, mais on est encore loin des prestations que peut offrir une Charger R/T.
De toute façon, pour 2010, c’est le moteur quatre cylindres qui prend davantage de place au sein de la gamme. En effet, on abandonne le V6 de 2,7 litres auparavant offert dans la version SXT, pour ne faire place qu’au quatre cylindres. Hélas, celui qui se retrouve aussi sous le capot de la Caliber est honnête, sans plus. Il est un tantinet grognon, moyennement performant, et s’adapte plus ou moins bien à ce modèle.
Toutefois, il est clair que la boîte automatique à quatre rapports ne fait rien pour améliorer son rendement. Une boîte à six rapports comme celle proposée avec le modèle R/T, et comme proposent la plupart de ses rivales, ferait sans doute une différence capitale. Tout de même, l’Avenger consomme adéquatement, avec une moyenne d’environ 9,5 litres aux 100 km.
Sur la route, l’Avenger est équilibrée et plutôt confortable. Le roulis est plus présent sur les versions SE et SXT, mais la caisse réagit tout de même bien aux inégalités de la chaussée. Il est clair que la version R/T, dotée d’une suspension plus ferme et d’une mécanique plus performante, procure un agrément de conduite plus relevé. On ne peut toutefois pas affirmer que le freinage de cette voiture soit très impressionnant. Les versions à moteur quatre cylindres sont d’ailleurs dotées de tambours arrière qui ne permettent pas d’obtenir le mordant auquel on pourrait s’attendre, et on remarque que les freins s’échauffent facilement. Mince consolation, Dodge équipe en 2010 toutes les Avenger de freins ABS, un élément auparavant optionnel sur certaines versions.
Quant à l’habitacle, vous y trouverez des sièges très fermes et moyennement confortables, une planche de bord ergonomique mais très « plastique », ainsi qu’un dégagement inférieur à la moyenne, surtout aux places arrière.
Bref, force est de constater que l’Avenger n’est pas dans le coup. Car lorsque le seul argument de taille réside en un prix d’achat alléchant (qui ne l’est finalement pas en prenant en compte la dépréciation), il est clair qu’on ne peut attirer la masse. Donc, une mauvaise voiture? Au sens propre, non. Mais dans le marché actuel, certainement.
Il faudra donc voir la suite de ce feuilleton financier ce que l'arrivée de Fiat dans le décor aura pour effet dans le développement de nouveaux modèles. Il est certain que ce Dodge doit figurer sur la liste des modèles à renouveler le plus rapidement possible ou encore à abandonner. En attendant, l'Avenger peut représenter une bonne aubaine si vous savez jouez les bonnes cartes.
Feu vert
Ligne agressive
Prix d’achat alléchant
Consommation raisonnable (4 cylindres)
ABS finalement de série
Feu rouge
Très forte dépréciation
Qualité d’assemblage moyenne
Motorisation décevante (SE, SXT)
Habitacle très « plastique »