Nissan Cube 2009, les dés sont jetés
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Depuis une quarantaine d’années, les chroniqueurs auto vous décrivent les voitures qu’ils essaient en termes de tenue de route, de performance et de plaisir de conduire. On vous parle de direction précise, de sous-virage, de survirage, de roulis, de tangage, de double-débrayage et de pointe-talon. N’ayez crainte, je plaide évidemment coupable. Or aucun de ces critères de s’applique vraiment au nouveau Nissan Cube.
Cet objet-roulant-non-identifié, ni voiture, ni utilitaire, ni multisegment nous arrive après avoir fait un tabac au Japon pendant une douzaine d’années. Ce phénomène n’était à l’origine qu’une espèce de sous-compacte avec un chapeau haut-de-forme, une boîte métallique posée sur le châssis d’une petite Nissan Micra. Une. Or, les jeunes branchés de Tokyo ont adopté ce premier Cube et en ont acheté tout plein. Nissan a évidemment créé un deuxième Cube qui était plus spacieux et l’a enveloppé dans une carrosserie vraiment plus design.
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La quadrature du cube
Or, le Cube sort enfin du Japon cette année et débarque pour la première fois en Amérique du Nord. Sa silhouette de cartoon japonais, avec ses glaces au pourtour arrondi, a changé très peu mais cette troisième génération du Cube est plus longue de 260 mm, plus large de 85 mm, plus haute de 25 mm et posée sur un empattement qui s’est allongé de 170 mm. Et il est maintenant construit sur la même architecture que certaines compactes de l’alliance Renault-Nissan dont la Mégane de la première et la Versa de la seconde. Nous connaissons ici la japonaise mais pas la française, hélas.
Il faut certainement plus d’espace pour entasser cinq Nord-américains dans un Cube et plus de puissance aussi. Le Cube vendu ici est donc équipé du même quatre cylindres de 1,8 litre et 122 chevaux que la Versa et jumelé à une boite manuelle à six rapports ou à une transmission à variation continue (TVC) Xtronic. Aucun signe des motorisations diesel offertes ailleurs, pas plus que de la version japonaise e-4WD dont les roues arrière entraînées par moteur électrique prêtent main-forte aux roues avant. Chez nous, le Cube est une traction et aucune version à quatre roues motrices ne nous sera offerte ici, dixit le constructeur.
Voilà pour la mécanique, sans histoire et transparente, sinon invisible. Parce qu’avec le Cube, l’essentiel tient aux lignes de la carrosserie, presque aussi haute qu’elle est large, et encore plus au dessin, à l’aménagement et à l’équipement qu’on trouve à l’intérieur. Nissan raconte avoir voulu recréer l’ambiance d’un ‘Jacuzzi’, d’un bain-tourbillon en somme. Le tableau de bord est effectivement tout en courbes et en vagues. Mieux encore, la surface ondulée du plafond reproduit l’effet d’une goutte qui tombe au milieu d’un étang calme. Plus zen et cool que ça…
À quand la version Rubik?
L’idée avec le Cube est d’inviter trois amis – la cinquième place existe mais n’est pas tellement accueillante – d’appuyer sur le bouton de démarrage sans clé, de brancher son iPod ou autre lecteur numérique préféré pour sélectionner les pièces par les commandes au volant, de laisser son téléphone se brancher par Bluetooth et de démarrer. Tous ces accessoires ne sont évidemment pas offerts sur le Cube S qui tient lieu de version de base, avec un prix suggéré actuel de 16 998 $.
Pour avoir le ‘kit’ complet, il faut d’abord choisir la version SL dont le prix de base est de 20 698 $ et y ajouter les 800 $ du groupe ‘Technologie’ qui rassemble la téléphonie ‘mains libres‘ Bluetooth, une chaîne audio Rockford Fosgate avec radio satellite XM et des sonars de stationnement à l’arrière. Le Cube SL est également doté de la boîte automatique TVC, de roues d’alliage de 16 pouces avec des pneus de taille P195/55 VR16 au lieu des gommes P195/60 HR15 sur roues d’acier de 15 pouces du ‘S’, de la climatisation thermostatique, d’un volant gainé de cuir, du branchement iPod complet avec contrôle au volant, d’une paire de haut-parleurs additionnels et du démarrage sans clé.
Pour tout vous dire, j’étais parmi les sceptiques avant de prendre le volant du Cube. Je n’étais pas tellement entiché de son allure et de ses petites excentricités ‘cute’. Je lui préférais nettement le Kia Soul, sans doute son concurrent le plus direct, n’en déplaise à Nissan qui le voit dans une catégorie à part. Pourtant, ce ne sont pas les prouesses sportives du Cube qui m’ont amené à changer d’avis. Plutôt le soin apporté à la conception, la finition, les détails et le côté franchement ludique.
L’habitacle du Cube SL est lumineux, avec son tableau de bord et ses sièges de couleur claire et des matériaux de belle texture et de très bonne qualité. Des éléments comme les grandes poignées de portières chromées et les surfaces en aluminium satiné des contrôles au volant et du sélecteur de vitesses font que ce Cube n’a rien de la voiture économique typique, malgré son ADN. On l’a même pourvu, côté conducteur, d’un porte-gobelets à deux tailles dont la plus étroite peut retenir efficacement la canette étroite d’un drink énergétique façon Guru ou Red Bull.
Comme dans votre salon
On se glisse tout naturellement dans les sièges avant, placés juste à la bonne hauteur. La position de conduite est bonne et le siège est un vrai fauteuil dont le coussin moelleux est seulement un peu court pour bien maintenir les cuisses. Il offre également autant de maintien latéral qu’un Lazy Boy. Le volant gainé de cuir est assez réussi et les grands cadrans principaux (indicateur de vitesse et compte-tours) blottis dans leur nacelle droit devant, sont impeccablement clairs et lisibles. Le dessin des autres contrôles est souvent original mais ils font quand même très bien leur boulot. Le Cube mérite en fait de bonnes notes pour l’ergonomie, en général.
Il y a beaucoup d’espace pour la tête et les genoux à l’arrière mais la banquette est à la limite d’être trop molle, le dossier plutôt bombé et le coussin un peu court lui aussi. La place centrale est assez étroite et il n’y a pas de troisième appuie-tête non plus. C’est beaucoup mieux à l’avant. On accède à la soute cargo arrière par une grande porte qui s’ouvre latéralement du côté droit, celui du trottoir, habituellement. Pas très grande d’ailleurs la soute, derrière la deuxième banquette, et son seuil fait un bon 20 centimètres, sinon plus. On peut y installer un petit écran souple pour dissimuler le contenu.
La visibilité est très bonne pour le conducteur de tous les côtés, avec de grandes surfaces vitrées bien complétées par de grands rétroviseurs bien placés. Les pare-soleil sont par contre gigantesques. Ils ont environ 25 cm en hauteur et couvrent pratiquement la moitié du pare-brise quand ils sont déployés. Ils sont aussi très courts et n’ont pas d’extension. Ils deviennent donc à peu près inutilisables quand le soleil darde bas sur les côtés.
Plus à la ville qu’à la campagne
Le Cube est assez agile et offre un confort de roulement assez impeccable en conduite normale. La direction est légère, vive et précise. Son court diamètre de braquage le rend également très maniable et la modulation des freins est très linéaire et progressive. Tout ça est parfait pour conduire en plein trafic. Avec sa direction légère, sa suspension douce et ses sièges moelleux, le Cube atteint vite ses limites si on le pousse le moindrement en virage. La conduite sportive n’est pas pour lui et il est nettement moins à l’aise sur l’autoroute. Le bruit devient alors plus présent et la tenue de cap plus flottante, avec une tendance à louvoyer légèrement sur un vent oblique ou des roulières.
Le groupe propulseur est assez étonnant et parfaitement adapté à la conduite urbaine. Avec la transmission à variation continue, on croirait facilement que le moteur est un groupe de plus de 2,0 litres tellement les accélérations et reprises sont fluides. Le Cube boucle en fait le 0-100 km/h en 10,65 secondes et parcourt le ¼ de mille en 17,70 secondes avec une pointe de 127,55 km/h. S’il est moins vif que sa sœur la Versa d’environ une seconde sur le 0-100 avec le même groupe propulseur c’est sans doute qu’il est plus lourd de 72 kg. Il freine par contre plus court de 100 km/h avec une distance moyenne de 42,3 mètres contre 46,7 mètres pour sa sœur. Les cotes de consommation ville / route officielles sont de 7,3 et 6,5 L/100 km avec la TVC et de 8,3 et 6,6 L/100 km avec la boîte manuelle à 6 rapports.
Le Cube est une machine amusante et agréable, sans aucune prétention de performance ou de tenue de route et beaucoup plus à l’aise en ville. C’est en fait un pur et vrai citadin branché qui le sera d’autant plus quand Nissan en offrira une version à propulsion purement électrique. On dirait vraiment que ce Cube a été créé exactement pour ça. Entre-temps, il peut continuer de faire tourner les têtes en ville et d’y réjouir ses passagers, à tout le moins ceux qui sont à l’avant.