Mitsubishi Lancer, juste compromis
Cette année, je me suis fait une promesse : ne pas aborder la question financière quand vient le temps de parler du constructeur Mitsubishi. Car au fil des ans, c’est cette question qui a d’abord pris le dessus, bien au-delà des voitures elles-mêmes, et des amateurs. Car ne nous leurrons pas, même si les Mitsubishi ne sont pas toutes des voitures qui passeront à l’histoire, elles possèdent un noyau de purs et durs conducteurs qui affronteront vents et marées pour prendre la route au volant de leur Mitsu.
On croit souvent, à tort, que c’est l’Eclipse qui attire le plus d’adeptes. Que nenni ! Oserais-je dire, puisque le coupé sport, avec toutes ses qualités, a aussi le vilain défaut d’être fort dispendieux pour les moyens des jeunes amateurs. C’est plutôt la Lancer, dans toutes ses déclinaisons, qui attire la fièvre des jeunes conducteurs.
Familiale d’abord
Réglons la chose tout de suite : ce n’est pas demain la veille que la Lancer Evolution franchira la frontière nord des États-Unis pour se retrouver sur nos routes. La toute dernière version de la Evo, bien qu’offrant d’excellentes performances, n’a pas encore réussi tous les tests de sécurité pour rouler au Canada. On maintient donc le cap pour la nouvelle génération, la Evo X, mais sans que personne veuille se compromettre. Si j’étais vous, je ne retiendrais pas mon souffle en attendant.
Pourquoi ? Parce que désormais, Mitsubishi Canada n’est plus une filiale à part entière de Mitsubishi USA. Ce qui concrètement, est une excellente nouvelle. En relevant directement du Japon, le chapitre canadien de la marque peut plus facilement orienter sa propre destinée. Et le premier exemple de cette différence, c’est le retour de la Lancer Sportback après une année d’absence au catalogue, et un arrêt des ventes aux États-Unis.
Cette petite familiale n’a certes pas les lignes les plus séduisantes de l’industrie, au contraire. L’avant a tout d’une Lancer traditionnelle, alors que l’arrière s’allonge dans un format digne des anciens station wagon. Le hayon se termine abruptement, et est encadré de deux blocs optiques qui n’en finissent plus de grimper jusqu’au toit. Ce n’est donc pas par souci d’esthétisme que l’on a relancé la Sportback chez nous, et à regarder le modèle actuel, on se surprend à attendre avec impatience la relève qui devrait faire son apparition l’an prochain. Malgré cet aspect un tantinet rébarbatif, la Sportback n’a rien d’une voiture désagréable. Proposée en version Ralliart, elle se démène avec aisance, acceptant avec un certain bonheur les petits coups d’accélérateurs qui permettent les départs précipités. Ses 162 chevaux sont plus que suffisants, mais doublé d’une transmission automatique à quatre rapports dont la vitesse d’intervention équivaut à celle d’un escargot au galop, le moteur ne peut toujours se rendre justice. Il suffit de voir avec quelle lenteur il rétrograde en décélération pour s’en rendre compte. Au total, on réussit donc un 0-100 en 10 secondes exactement, ce qui n’a rien d’exceptionnel ni de réellement catastrophique.
Une gamme ouverte
La Sportback n’est cependant qu’une infime partie du marché de la Lancer et s’adresse surtout aux petites familles désireuses d’avoir un véhicule de deuxième usage. En revanche, une gamme complète de Lancer berline fait appel cette fois directement aux plus jeunes. La base, c’est la Lancer ES, la plus simple. Son petit moteur 4 cylindres développe à peine 120 chevaux, et la liste d’équipements est d’une longueur telle qu’on peut aisément la retenir par cœur... La gamme supérieure, c’est la version OZ Rally, ainsi nommée, probablement, en l’honneur d’un illustre inconnu. Car ce n’est certes pas un compliment de voir son nom s’attacher à une voiture dont le seul avantage est d’offrir quelques options supplémentaires, incluant un aileron, mais la même mécanique hésitante et chevrotante. Ne soyons pas foncièrement méchants : la Lancer a ses adeptes car elle demeure une voiture économique, aux performances à la hauteur de son prix.
Heureusement, pour sauver un peu la mise, on retrouve la version Ralliart qui, comme la Sportback, met à profit un moteur de 162 chevaux. On est encore loin de la Evo, mais elle se rapproche tout de même plus d’une petite voiture sportive, une prétention qu’elle affiche clairement. La différence de puissance, et l’écart d’équipement, valent bien les dollars supplémentaires qui s’ajoutent à la facture pour l’obtention d’un tel modèle. Notons que dans un cas comme dans l’autre, la transmission automatique est à proscrire, mais la transmission manuelle favorise une meilleure relation entre votre voiture et vous.
L’habitacle de la Lancer aurait aussi avantage à être revu. Le look est intéressant avec ses gros cadrans à fond blanc et son pommeau de vitesse gainé de cuir sur les modèles sportifs, mais la finition laisse parfois à désirer. Héritage, encore une fois, d’un prix de base très accessible. La Lancer n’est plus dans sa prime jeunesse, et tout le monde espère la nouvelle génération prévue pour 2008. D’ici ce temps, la petite Lancer constitue un honnête compromis. Efficace, peu coûteuse et surtout facile à personnaliser (les “tuners” de ce modèle abondent), la Lancer est une entrée de gamme sans prétentions.
feu vert
Garantie quasi éternelle
Moteur Ralliart suffisant
Équipement abondant
Direction sans surprise
feu rouge
Habitacle à revoir
Mécanique chevrotante
Freinage longuet
Design ennuyeux (Sportback)
Transmission automatique lente