L'évolution de Hyundai... de la Pony à l’hydrogène
Lorsque Hyundai a débarqué en Amérique avec son insignifiante Pony, personne n’aurait payé cher pour l’avenir de ce drôle de constructeur coréen en sol américain. D’ailleurs, bien des gens ne savaient même pas qu’il y avait un pays qui s’appelait Corée! Mais ça, c’est une autre histoire.
Pour s’établir sur notre continent, Hyundai choisit d’abord le Canada. Pas en raison d’une stratégie visionnaire, mais plutôt parce que ses modèles ne répondent pas aux normes antipollution américaines. Hyundai Auto Canada Corp voit donc le jour en 1983 et commence à distribuer la Pony 1984. La marque coréenne prévoit écouler 5 000 de ses modestes Pony. Elle en vendra plus de 25 000! Le Québec s’entiche particulièrement de la jeune sous-compacte où elle devient rapidement la plus populaire de sa catégorie.
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Un drôle de pony car…
Ai-je vraiment écrit « jeune sous-compacte »? Oubliez le « jeune », puisque la Pony a commencé sa carrière coréenne en… 1975! Il s’agit de la première « vraie » voiture de Hyundai. Cette première Pony demeure en poste jusqu’en 1982. La seconde génération est dévoilée en janvier de la même année. Hyundai parle alors de la Pony II. C’est cette dernière qui a tant émoustillé les Québécois!
Les débuts de Hyundai
L’histoire de Hyundai est relativement récente. Elle a débuté en 1947 lorsque Chu Ju-Yung, né en 1925 et ayant un extraordinaire sens des affaires, fonde la Hyundai Engineering and Construction Company.
La guerre de Corée (1950-1953) ne fait pas que des malheureux puisque dès qu’elle se termine, l’entreprise obtient plusieurs contrats de construction de la part des Etats-Unis, puis du gouvernement coréen. Ce n’est qu’en 1967 qu’est fondée une division automobile, la Hyundai Motor Company. La première voiture fabriquée par Hyundai est… une Ford! En fait, il s’agit de la Cortina, fabriquée sous licence.
Toutefois, Hyundai a de plus grandes ambitions. En février 1974, elle engage George Turnbull, un nom qui n’est pas inconnu aux amateurs de voitures anglaises puisqu’il était le directeur général d’Austin au sein de British Leyland. Dès l’année suivante, la Pony est dévoilée. Son style à la fois épuré et moderne provient du crayon de Giorgio Giugiaro d’ItalDesing, un autre nom très respecté.
L’Excel et la Scoupe
Le succès de la Pony ne se dément pas au Canada… jusqu’à son abandon en 1987. L’Excel, baptisée Pony Excel sur certains marchés, débarque chez nous en tant que modèle 1987. Cette Excel, une sous-compacte nettement plus moderne, mais quand même pas très moderne, demeure au catalogue jusqu’en 1994. Elle est la première Hyundai à être distribuée aux États-Unis. Dès 1988, Hyundai en tire un mignon coupé, la Scoupe.
La Stellar, puis la Sonata
En 1985, Hyundai présente la Stellar, une berline compacte que les Québécois ont pu voir pour la première fois au Salon de l’auto de Montréal en janvier 1985. Joliment tournée (par Giugiaro, encore), elle repose sur la plate-forme de la Ford Cortina MK V que Hyundai fabrique toujours. Son moteur et sa boîte de vitesses proviennent de Mitsubishi (durant les années 80, et jusqu’en 2003, cette dernière possède 10% des parts de Hyundai). Non distribuée aux États-Unis, comme la Pony, elle est remplacée en 1989 par la Sonata.
Les Québécois embrassent cette dernière comme un enfant prodige. Imaginez, elle sera construite ici, à Bromont! L’usine, à la fine pointe de la technologie et qui a coûté la bagatelle de 450 millions, ouvre en 1989… pour fermer ses portes en 1993, mettant à pied quelque 840 employés. Malgré un appel au boycott, la Sonata continue de sortir à pleine porte des concessionnaires québécois. En 2019, cette berline intermédiaire en est déjà rendue à sa huitième génération.
L’arrivée des Elantra et Accent
La berline compacte Elantra débarque sur nos rives en tant que modèle 1992. Elle sera suivie en 1996 d’une version familiale appelée Touring, devenue GT. L’Elantra en est rendue à sa sixième génération et continue de faire le bonheur des concessionnaires… tout comme l’Accent, apparue en 1995. De boîte à chaussures bas de gamme, cette dernière a bougrement évolué, au point d’être choisie, depuis quelques années, parmi les meilleures sous-compactes selon le Guide de l’auto.
Le début d’une lucrative aventure
L’aventure VUS de Hyundai débute avec le Santa Fe en 2001. Doté d’une carrosserie au style pour le moins original, il connaît, lui aussi, un succès immédiat. Aujourd’hui, ledit Santa Fe, un VUS intermédiaire, affiche un style très moderne… et beaucoup moins original! Le Tucson (prononcez Tou Sonne, et non Tuque Son ou Toc Son), lui, officie plutôt dans la catégorie des VUS compacts depuis 2004. Ce Tou Sonne est, en fait, un Kia Sportage de seconde génération.
En 1997, le Grand Buron, ce noble oiseau échassier, donne son nom à un joli coupé sport, le Petit Buron (ben non; c’est une désopilante farce de journaliste automobile! C’est Tiburon et c’est le nom espagnol pour requin). La Tiburon reste en poste jusqu’en 2008. Il faut attendre 2010 avant de revoir un coupé sport chez Hyundai, la Genesis Coupe.
Hyundai et Kia ne font plus qu’un
En 1998, suite à une grave crise économique en Corée, Hyundai acquiert 51% des parts de son rival sud-coréen, Kia. Depuis, plusieurs modèles Kia sont des Hyundai modifiées. Mais modifiées avec doigté, chacune des marques ayant su conserver son identité. Même vingt ans plus tard, il est encore déconseillé de dire à un designer de Hyundai que vous préférez le style d’une Kia… Et vice versa.
La genèse de la Genesis
Soucieux de son avenir, Hyundai lorgne du côté des voitures de luxe. La première, et timide, salve est la XG300 2001 puis la XG350 l’année suivante. Elle est remplacée en 2006 par l’Azera. On ne fait pas encore dans l’gros luxe, comme on dit.
La situation commence à changer avec la Genesis, dévoilée au Salon de Détroit en janvier 2008. Jusqu’à son retrait du marché en 2014, elle ne connaît pas beaucoup de succès, ce qui n’en fait pas une mauvaise voiture pour autant. L’Equus, qu’on découvre en 2009, marque un autre pas vers le marché de la voiture de luxe bien que BMW, Audi et Mercedes-Benz n’aient toujours rien à craindre.
En 2015, on assiste au lancement de la marque de luxe de Hyundai, Genesis. Un peu comme Lexus pour Toyota ou Acura pour Honda, Genesis s’adresse à un public davantage soucieux de son image et relativement en moyens. La première Genesis est la G90 qui remplace la fantomatique Equus. La G80 suit dès l’année suivante, puis la plus petite et plus sportive G70. Les ventes de Genesis demeurent confidentielles mais il y a fort à parier que BMW, Audi et Mercedes-Benz ont déjà tous disséqué un exemplaire, juste pour voir…
Et demain?
L’avenir de Hyundai semble passer par l’hydrogène. En effet, dès 2005, Hyundai dévoile le Tucson (Tou Sonne, rappelez-vous) Fuel Cell et n’a depuis cessé de le peaufiner. Inutilement, diront ceux qui constatent que le réseau hydrogène au Canada est à peu près nul. Ce qui est loin d’empêcher Hyundai de poursuivre dans cette voie avec le nouveau Nexo.
L’histoire de Hyundai est jeune, mais elle est déjà faite de hauts et de bas. On ne peut passer sous silence le scandale des données de puissance truquées en 2002. Et celle des données de consommation largement sous-estimées en 2012. L’histoire la plus triste demeure toutefois le suicide, le 4 août 2003, de l’un des vice-présidents de la filiale Hyundai Asan et fils du fondateur qui saute du 12e étage des bureaux de Hyundai avant de devoir répondre à des accusations de corruption...
Aujourd’hui, Hyundai est une immense corporation. Outre l’automobile, elle fait dans l’acier, l’équipement électrique et de construction, les produits chimiques et l’énergie verte (sans doute deux filiales qui ne se parlent pas beaucoup…) et les transports maritime et ferroviaire. Hyundai emploie environ 120 000 personnes partout sur la planète.
Et on riait de la Pony…