BMW Z4 contre Toyota Supra : jumelles séparées à la naissance

La Toyota Supra effectue son grand retour cette année, mais sous une forme entièrement différente que par le passé.

Certes, le fait qu’elle partage presque toutes ses composantes mécaniques avec une BMW fait jaser, et le retrait de la boîte manuelle enrage les puristes. Mais Toyota nous promet une bête distinguée et performante, digne des Supra d’autrefois.

Plus tôt cet été, Le Guide de l’auto a eu la chance de mettre cette voiture à l’essai sur le circuit Mont-Tremblant, et nous en sommes ressortis satisfait. On y a découvert une sportive remarquable aux performances époustouflantes. Mais est-elle si différente d’une BMW Z4 M40i? Afin de bien dresser le portrait sur les distinctions entre ces deux modèles, nous les avons mis à l’essai pendant une semaine.

Photo: William Clavey

Un peu d’explication

BMW et Toyota affirment qu’un tel partenariat était nécessaire afin que la Supra et la Z4 voient le jour. Après tout, la mise en marché d’une nouvelle voiture sport engendre des coûts élevés, et en général, ce type de véhicule est rarement lucratif pour un constructeur automobile. Un mariage entre deux marques permet donc de réduire substantiellement les coûts de développement.

Les deux constructeurs demeurent toutefois fermes concernant la mise au point de chaque véhicule. Oui, la Supra et la Z4 partagent la même plate-forme – l’architecture CLAR de BMW -, le même moteur et la même boîte automatique à huit rapports fournie par ZF. À tous les points, que ce soit au niveau des freins, des voies et même des dimensions des pneus, elles sont identiques. Mais lorsque les composantes mécaniques ont été mises en place, les constructeurs sont partis chacun de leur côté afin de calibrer leur bagnole à leur manière.

Par exemple, Toyota déclare que la Supra produit 335 chevaux et un couple de 365 lb-pi. La Z4 M40i, quant à elle, génère 381 chevaux et un couple de 368 lb-pi selon BMW. La Supra est moins onéreuse avec un prix de départ de 64 990 $ contre 76 100 $ pour la BMW.

Photo: William Clavey

La voiture japonaise

Étant donné que c’est la Supra qui génère le plus d’engouement, tant sur Internet que sur la route, commençons avec celle-ci. Après tout, le retour d’une des bagnoles nippones les plus légendaires des années 90 a de quoi énerver n’importe quel passionné de performance. Quoi que l’on en dise, chapeau à Toyota de l’avoir remise sur le marché!

Au premier regard, on remarque un design plus éclaté. Inspiré du concept Toyota FT-1, dévoilé au Salon de Détroit en 2014, ce coup de crayon est entièrement signé Toyota, incorporant des ailes bombées, une ligne de toit fuyante et un béquet intégré à même le coffre. Magnifique.

La Supra se présente donc sous une allure vraiment plus jeune et dynamique, un look qui fait immédiatement tourner les têtes sur son passage.

Une fois à bord, il est toutefois impossible de nier ses origines bavaroises. Sa planche de bord est tirée directement des récents produits BMW, ainsi que sa console centrale comprenant la molette de contrôle du système multimédia et l’interface iDrive que l’on a légèrement modifiée pour les besoins de la cause. Les sièges de la Supra sont confortables, procurant amplement de support lombaire et latéral, et la planche de bord incorpore des éléments stylistiques uniques à ce modèle, comme des voûtes d’aération et des cadrans distingués.

Photo: William Clavey

Ceci dit, nous avons remarqué certains bémols dans cet habitacle. D’une part, sa ligne de toit est tellement agressive qu’elle bloque quelque peu la visibilité latérale, surtout si les occupants sont costauds. C’est un intérieur clos dans lequel il est facile de se cogner la tête contre le toit si l’on a le malheur d’être un peu trop grand. L'autre problème, c'est l'énorme turbulence que créer l'habitacle de la Supra lorsqu'on la conduit les vitres baissées. Notre hypothèse : ce défaut proviendrait de l'énorme trou situé entre les sièges pour donner accès au coffre.

Au chapitre de la conduite, la Supra se montre intraitable, son train arrière cherchant constamment à déraper. Sur ce plan, elle requiert que son pilote soit plus attentif. Elle donne ainsi l’impression d’être beaucoup plus puissante qu’elle ne l’est en réalité.

Comme la BMW, cette Toyota émet quelques pétarades lorsque l’on rétrograde, mais la sonorité de son échappement est plus vocale. De plus, la Supra ne dispose que d’un seul mode de conduite (Sport) contrairement à cinq pour la Z4.

Au chapitre des changements de rapports, le comportement de la boîte de vitesses est identique entre la Supra et la Z4.

Photo: William Clavey

La voiture allemande

Il est clair que la Z4 n’a pas créé le même genre d’engouement que la Supra lors de son dévoilement. D’emblée, elle abrite un design visiblement plus sobre et mature que sa sœur nippone.

L’hiver dernier, nous avons eu la chance de conduire sa déclinaison à quatre cylindres, la Z4 30i, dans le désert de Palm Springs, en Californie. Nous étions ressortis de notre essai étonnamment satisfaits. La Z4 nous avait charmés par sa structure hypersolide, donnant une sensation de bagnole plus imposante.

Le fait que la Z4 soit une décapotable élimine immédiatement les problèmes de dégagement pour la tête que nous avons observés à bord de la Supra. Même une fois son toit installé – une opération qui s’exécute qu’en quelques secondes -, l’habitacle de la Z4 est plus spacieux en général. Cependant, elle perd un peu de polyvalence au niveau du coffre en raison du toit escamotable.

Photo: William Clavey

Nous avons également préféré l’assise de ses sièges, qui disposent non seulement de coussins plus douillets, mais aussi d’extensions pour les jambes, une option non offerte du côté de la Toyota. C’est justement là où la Z4 gagne des points. Son habitacle est plus confortable, et ses modes de conduite lui permettent davantage de flexibilité.

Des modes de conduite, on n’en trouve pas moins de cinq à bord de la Z4 : Comfort, EcoPro, Adaptive (qui s’adapte automatiquement à notre conduite), Sport et Sport +. En outre, son levier de vitesse peut passer du mode D au mode S, sans nécessairement passer aux commandes manuelles, ce qui rehausse le degré de flexibilité. Comme sa jumelle, des palettes au volant sont au menu.

Photo: William Clavey

Ajoutez à cela le fait que la Z4 soit une décapotable, élément qui lui donne un net avantage lors de la saison estivale, et la BMW se présente comme une bagnole mieux accomplie et équilibrée en général.

Sur la route, elle adopte une tenue de route beaucoup mieux ancrée au sol, et moins délinquante, tout en délivrant des performances enivrantes. La sonorité de son moteur turbo est quelque peut atténuée lorsque comparé à la Supra. Certes, la Z4 est une auto plus dispendieuse, mais le supplément payé en vaut amplement le prix.

Hélas, BMW ne nous a pas autorisés à piloter son biplace sur le circuit de course, chose que Toyota avait acceptée avec plaisir. Il fut donc impossible de mesurer les performances réelles de chaque bolide. Chose certaine, nous avions l’impression que la Toyota développait plus de puissance.

Photo: William Clavey

Déceptions et surprises

Alors, laquelle des deux remporte le combat? Honnêtement, nous ressortons de notre match comparatif avec quelques déceptions, et beaucoup de surprises. D’une part, la Supra ne nous a pas impressionnés comme nous nous y attendions. Certes, Toyota a fait un travail exemplaire pour différencier sa bête d’une BMW, au chapitre de la performance, c’est réussi.

Néanmoins, la Z4 procure autant de plaisir, sans les irritants mentionnés ci-haut au sujet de l’habitacle. Bref, les qualités de la Supra sont également celles de la Z4, mais l’inverse n’est pas le même.

En somme, la BMW Z4 M40i 2020 est arrivée dans l’arène en toute humilité, éclipsée par l’engouement qu’avait créé la Toyota. Mais à notre grande surprise, elle est ressortie du combat nettement mieux équilibrée, confortable et au point. Et c’est une décapotable!

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