Porsche 914 : un essai routier pas comme les autres
Dans le cadre des célébrations entourant les 50 ans de modèles à moteur central chez Porsche, Le Guide de l’auto a eu l’opportunité de prendre le volant d’un modèle important dans l’histoire du constructeur : la 914.
Pourquoi est-ce un modèle important? D’abord parce qu’il s’agit du premier modèle de production du constructeur à adopter une configuration à moteur central. La mécanique est ainsi positionnée derrière le conducteur, mais à l’avant de l’essieu arrière. Encore aujourd’hui, les Porsche 718 Boxster et 718 Cayman utilisent cette architecture.
- À lire aussi: La Porsche Panamera E-Hybrid à l’essai sur circuit
- À lire aussi: La Porsche 718 T sera vendue au Canada et on l’a essayée!
Qui plus est, la 914 est celle qui a permis à Porsche de réellement se tailler une place de choix sur le marché nord-américain.
Certes, la 911 avait déjà gagné le cœur de bien des adeptes. Mais avec la 914, le constructeur allemand allait réussir à séduire un plus large auditoire. D’ailleurs, la majorité des 119 000 Porsche 914 fabriquées entre 1969 et 1976 se sont retrouvées aux États-Unis et au Canada.
Développée en partenariat avec Volkswagen, cette voiture au design unique était commercialisée sous le nom VW-Porsche en Europe. Chez nous, il était prévu que la variante à quatre cylindres reçoive l’écusson de Volkswagen et que Porsche se contente de la version à six cylindres, produite en beaucoup plus petite quantité. On décida finalement de donner le nom Porsche à toutes les versions, peu importe leur moteur.
De la nervosité au plaisir
Me voilà donc en Allemagne, à deux pas des quartiers généraux de Porsche, derrière le (gigantesque) volant d’une Porsche 914.
Difficile de vous expliquer pourquoi, mais j’étais plus nerveux de prendre le volant de cette vieille Porsche que je l’ai été lors du lancement de n’importe quelle voiture neuve. Même la nouvelle 911 2020, essayée un peu plus tôt cette année, ne m’avait pas fait le même effet!
Peut-être en partie parce que les deux exemplaires de 914 qui nous étaient fournis sortaient tout droit d’un musée, avec la condition impeccable que cela implique et à peine quelques dizaines de milliers de kilomètres à l’odomètre.
J’ai ainsi quitté la ville de Stuttgart pour m’aventurer dans les contrées rurales de cette région allemande.
Premier constat : il faut être patient! Les accélérations de la 914 se font plutôt timides, surtout avec la motorisation à quatre cylindres que j’ai d’abord essayée. Refroidie à l’air, cette mécanique d’une autre époque développe 84 petits chevaux, lui permettant de passer de 0 à 100 km/h en 12 longues secondes. Rien à voir avec les standards d’aujourd’hui, où même une Honda Civic de base fait nettement mieux!
Il faut également un certain temps pour apprivoiser la boîte manuelle à cinq rapports, dont la première vitesse est bêtement placée en bas à droite du levier. Il faut ensuite lever le levier vers le haut pour passer en deuxième. Sauf qu’à plusieurs reprises, de nombreux collègues se sont retrouvés en quatrième rapport!
Malgré cela, la conduite de cette 914 s’est avérée une véritable partie de plaisir. Une expérience sensorielle, même!
Juste derrière le poste de conduite, la mécanique émet un son inimitable propre aux moteurs refroidis à air de l’époque. En retirant le toit amovible, chaque accélération, aussi timide soit-elle, fait inévitablement sourire le conducteur.
La voiture est lente, c’est vrai, mais elle est étonnamment légère et facile à manier. C’est le bolide parfait pour de petites routes sinueuses… mais un peu moins pour les autobahns allemandes!
De quatre à six cylindres
Après une première randonnée à bord d’une 914 1974 avec moteur à quatre cylindres, je me retrouve au volant d’un modèle de 1970 équipé d’un bloc à six cylindres.
Là, le stress monte encore d’un cran. Il faut comprendre que cette version de la 914 est immensément plus rare, n’ayant été construite qu’à un peu plus de 3 000 exemplaires. Ce n’est pas le moment d’avoir un accrochage!
Sur des petites routes de campagne, j’ai découvert un bolide tout aussi agile et légèrement plus puissant que la 914 « ordinaire ». Il faut dire que même cette version plus exclusive ne se démarque pas par sa puissance, avec une écurie de 109 chevaux et un chrono de 0 à 100 km/h juste en dessous des 10 secondes.
Plus tard cette journée-là, pour retourner à Stuttgart, j’ai eu l’occasion de prendre le volant d’une 718 Boxster T flambant neuve. Il y a un monde de différence entre la 914 et la Boxster, mais un point commun les relie. Cette volonté de proposer un véhicule maniable, léger et relativement abordable. Un véhicule qui crache sur les compromis et qui se destine à des passionnés.
Au-delà de la puissance, c’est par une excellente distribution du poids et une direction nerveuse que la 914 a su marquer son époque. Et cet ADN, on le retrouve toujours chez Porsche 50 ans plus tard.