Véhicules militaires : des propriétaires frustrés par les nouvelles restrictions
Par Jean-François Racine
Des centaines de propriétaires de véhicules de type militaire sont furieux contre la SAAQ qui veut restreindre leur utilisation sur le réseau routier dès le 22 août prochain.
- À lire aussi: Hyundai reconnaît le service militaire canadien
- À lire aussi: J’ai conduit un Jeep Willys 1944 et j’en ai eu des frissons
La Société de l’assurance automobile du Québec a décidé de limiter l’utilisation de ces véhicules sur les chemins publics où la limite de vitesse est égale ou inférieure à 70 km/h. Ils pourront traverser à angle droit un chemin où la limite est supérieure, mais ils seront désormais bannis des autoroutes, ainsi que sur les routes provinciales où la limite est de 90 km/h.
«C’est beau et c’est le fun à conduire. Mais je ne pourrai plus aller travailler, ni prendre les ponts, ni aller à l’île d’Orléans. Et comment le vendre ensuite?», se demande Valérie Marier.
Pour se justifier, la SAAQ affirme aux propriétaires «qu’elle a reçu la confirmation que leur fabricant ou leur importateur a restreint l’utilisation de ceux-ci à un usage hors route».
En colère
Cette nouvelle mesure provoque colère et incompréhension puisque ces véhicules, pour la plupart, ont déjà fait l’objet d’une vérification mécanique et que les droits d’immatriculation ont été payés.
Les propriétaires devront maintenant se rendre dans un point de service afin de recevoir une nouvelle plaque d’immatriculation et un nouveau certificat pour chacun des véhicules, «sans frais administratifs», précise la lettre envoyée par la SAAQ.
En plein été, le ministre des Transports François Bonnardel a signé un arrêté ministériel à cet effet. La SAAQ stipule qu’après le 22 août, à défaut de régulariser la situation, les véhicules ne pourront pas circuler sans autre avis, et les conducteurs seront passibles d’une amende.
Délai trop court
«Ils font ça dans un délai très court et ils ne sont pas capables d’expliquer pourquoi. J’en ai un qui a été inspecté l’an dernier et il est conforme selon leurs exigences. Il n’y a rien de dangereux. J’ai mis plusieurs années à le restaurer», explique Philippe Raymond. Selon lui, il y aurait environ 1500 propriétaires mécontents. La SAAQ parle plutôt de 550 véhicules.
Même si une demande de révision par écrit est possible, M. Raymond a choisi d’envoyer une mise en demeure au gouvernement, en plus de se tourner vers le Protecteur du citoyen. «On a fouillé assez loin avec beaucoup de sérieux pour obtenir des documents officiels qui disent que ces véhicules ont été conçus pour la route», ajoute le mécanicien passionné.
Un droit acquis
Philippe Raymond ne proteste pas contre le fait de modifier les règles pour les futurs véhicules, mais il aimerait conserver un droit «acquis» et octroyé en bonne et due forme selon les règles en vigueur à la SAAQ.
«Ça n’a pas de bon sens. C’est rendu soviétique. Il y a quelqu’un à la SAAQ qui veut pousser ça au bout pour justifier son salaire», ajoute avec frustration Vincent Simard, à la tête d’une compagnie qui fait de la restauration de véhicule de type militaire comme des Humvee. Ce dernier pourrait ainsi perdre plusieurs clients au Québec.
Sans s’avancer sur l’aspect sécuritaire, le porte-parole de la SAAQ évoque de son côté une nouvelle information sur ces véhicules «hors route», une information inconnue jusqu’à maintenant du gouvernement.
Une certaine forme de tolérance pourrait être exercée après le 22 août afin de permettre à tous de se conformer aux exigences.
LES EXIGENCES
Les véhicules:
- doivent avoir fait l’objet d’une vérification mécanique;
- doivent être munis d’une plaque d’immatriculation portant le préfixe «C»;
- ne doivent pas être munis de tourelle ni de système d’ancrage d’armes.