Volvo C70, la « zénitude » au volant
J’ai dû être une Volvo, dans une autre vie… Chaque fois que je fais l’essai d’une Volvo, j’y retrouve une familiarité qui me donne l’impression de rentrer à la maison. La seule décapotable de la gamme suédoise, la C70, ne fait pas exception. Mais attention : si vous cherchez un comportement sportif épicé de démarrages endiablés, reluquez plutôt du côté des allemandes. Parce qu’ici, la fulgurance est évincée au profit d’une « zénitude » tout à fait charmante.
Je ne sais si vous êtes d’accord, mais à mon avis, la C70 est la plus élégante de toutes les Volvo jamais conçues. Avec sa silhouette épurée, sculptée d’épaulements arrière et surmontée d’un discret museau tronqué, elle est belle, avec ou sans son toit. Pour ce, on doit remercier l’italienne Pinninfarina, contributrice au design de cette 2e génération. La C70 est assemblée sur la plate-forme à traction des « petites » S40/V50 et, tout comme ces dernières, elle est fabriquée à Gand, en Belgique.
« Décontract »
Dans le marché farouchement concurrentiel des décapotables de luxe, Volvo a eu l’intelligence de ne pas se frotter aux dynamiques allemandes à propulsion. Pour sa C70 donc, pas d’accélérations enivrantes, pas de suspension hautement sportive, pas de direction injectée d’adrénaline. Au contraire, le cinq cylindres turbo de 2,5 litres, communément appelé le T5, mise sur la modération de ses 227 chevaux. Le 0-100 km/h s’effectue en 8,6 secondes (données de l’AJAC), ce qui n’est pas pour décoller la rétine, mais le tout se passe linéairement, sans délai du turbo. Les réactions sont évidemment plus intéressantes avec la boîte manuelle (six vitesses rapprochées) qu’avec l’automatique cinq rapports (avec mode manuel), merci à ce levier qui se manie en toute élasticité. On déniche toujours un regain de puissance et malgré les craintes premières, jamais on n’engage par inadvertance le mode recul tout à côté du sixième rapport – fiou ! Notre essai, principalement sur l’autoroute, a enregistré une consommation moyenne de 9,1 L/100 km – c’est très raisonnable.
Le comportement routier ne tente pas l’athlétisme, préférant la solidité et la maturité, heureusement pas au détriment de l’aplomb. La suspension se veut un bon compromis entre la fermeté et la balade décontractée; avec la C70, on ne course pas, on « cruise » – avec grand plaisir. Ceux qui veulent davantage de contact avec le bitume seront déçus : la fabuleuse suspension active de Volvo n’est malheureusement pas offerte ici – le régulateur de vitesse intelligent non plus, soit dit en passant. Côté direction, c’est du velours : avec ses renforcements placés juste là où il le faut, le volant est des plus agréables dans la paume et il se laisse traiter du bout des doigts, dans une interaction uniforme.
Ballet mécanique
Dans l’habitacle, quatre adultes réussissent à s’installer confortablement. Sans surprise, les places avant sont celles de choix – Volvo n’a-t-il pas les sièges les plus confortables de l’industrie ? Tout au plus peut-on reprocher un ajustement lombaire difficile d’accès, coincé qu’il est contre la console. À l’arrière, c’est deux et non trois places que l’on rejoint dans d’inévitables acrobaties. À l’instar de la plupart des décapotables, ces places offrent peu d’espaces aux jambes (862 mm), mais parce qu’elles sont moulées et légèrement inclinées vers l’arrière, elles savent accommoder les occupants beaucoup mieux qu’escompté. Les grands de six pieds trouveront le dégagement à la tête restreint (924 mm), mais le problème n’est pas insoluble : même qu’il se règle en 30 secondes, d’une commande qui fait automatiquement s’abaisser le toit rigide. C’est alors un ballet impressionnant qui ébranle les trois panneaux, jusqu’à ce qu’ils s’imbriquent les uns sur les autres dans le coffre. C’est du vrai « clé en main » : même pas besoin d’installer une capote pour dissimuler les mécanismes disgracieux. Évidemment, le coffre perd la moitié de son chargement (de 362 litres à 170 litres).
Tendances scandinaves obligent, c’est un intérieur épuré et raffiné, aéré et chaleureux qui accueille les passagers. Les commandes sont intelligibles et faciles à atteindre. Les matériaux sont d’excellente facture (sauf quelques mauvais plastiques à l’arrière) et leur assemblage, soigné. Il n’y a là rien pour taper sur les nerfs de qui que ce soit. La console flottante, outre son air techno, a l’avantage de libérer un petit rangement. Des compartiments se verrouillent dans les portières, une bien bonne chose lorsqu’on stationne la voiture sans en remonter le toit. Ajoutez une boîte à gants profonde, une console centrale et quatre porte-gobelets accessibles quelle que soit sa place à bord et voilà : ceux qui n’ont pas assez de rangements dans la C70 devraient tout simplement faire le ménage !
Le fait que le toit escamotable soit rigide vient régler le problème d’insonorisation inhérent aux cabriolets à toit souple; ici, aucun sifflement pour altérer le calme intérieur. Par contre, on reproche aux sièges chauffants (de série) leur manque de ferveur; même en position maximale, ils laissent leurs occupants sur leur tiède appétit. Avant de pester contre les appuie-tête qui ne s’ajustent pas, sachez qu’ils sont conçus pour réduire les blessures cervicales. L’absence de piliers centraux favorise une bonne vision arrière et latérale, mais les larges piliers avant nuisent en virage.
Comme pour tous les produits Volvo, la C70 coûte cher en options. Il lui faudrait refaire ses devoirs parce qu’à plus ou moins 50 000 $, elle ne propose en option que l’alerte aux angles morts (le Blis), le démarrage sans clé et les phares au xénon. Dommage… Vous voulez du cuir ? Il faut débourser encore plus. Cela dit, le tissu de revêtement de base, le T-Tec, est non seulement souple et de qualité, mais il respire mieux que le cuir. Allez, faites donc l’écolo et épargnez une vache…
Feu vert
Conduite décontractée
La Volvo la plus élégante jamais dessinée
Quatre places confortables
Opération « décapotage » : impressionnant ballet mécanique
Feu rouge
Ah, les options !
Suspension active non disponible
Ajustement lombaire difficile à rejoindre
Sièges chauffants… tièdes