Aston Martin DB9/DBS, style intemporel
En observant la DB9, et la DBS qui en est dérivée, on ne peut que constater que le designer Henrik Fisker a eu la main heureuse lorsqu’il a dessiné cette voiture qui est la plus réussie de la marque côté style et dont les lignes d’un classicisme de bon aloi n’ont fait l’objet que de subtiles retouches en 2009.
Plusieurs voitures concurrentes sont plus performantes en tenue de route ou disposent de moteurs plus puissants, mais la DB9 demeure l’une des plus belles voitures de Grand Tourisme et le charme opère encore et toujours même si le design date de 2003. L’an dernier, la DB9 a subi un remodelage avec l’ajout d’une calandre légèrement retouchée, de nouvelles jantes et de nouveaux rétroviseurs latéraux , histoire de mettre la voiture au goût du jour, ainsi que de légères révisions mécaniques, les liaisons au sol étant maintenant assurées par des suspensions revues et dotées d’amortisseurs de marque Bilstein, alors que la puissance du V12 passait à 470 chevaux.
Agile routière
La DB9 est beaucoup plus à l’aise sur les routes balisées que dans l’environnement plus éprouvant d’un circuit, comme j’ai pu le constater en bouclant plusieurs tours du circuit Mont Tremblant. Comparativement à d’authentiques sportives mieux adaptées à la piste, la DB9 est plutôt lourde puisqu’elle pèse plus de 1 700 kilos, ce qui signifie que les freins sont très sollicités et que le roulis en virage devient souvent très marqué. De plus, la boîte automatique avec paliers de changement de vitesse au volant avait tendance à surchauffer ce qui interdisait alors la sélection des rapports inférieurs. Malgré ces impairs, c’est un véritable plaisir d’entendre le V12 tourner à haut régime et de contempler la somptuosité de l’habitacle. Le cuir est tout simplement magnifique, les appliques de bois sont de bon ton, bref, l’effet produit est splendide.
La DB9 a aussi servi de base à l’élaboration de la DBS dont la vocation est nettement plus sportive puisque c’est une version survitaminée du V12 qui l’anime, la cavalerie étant de 510 chevaux, et que la DBS reçoit une boîte manuelle ordinaire à six vitesses. Le capot, les ailes avant et le couvercle du coffre sont réalisés en fibre de carbone plutôt qu’en aluminium afin de réduire le poids de la voiture qui est de 1 695 kilos. De plus, la DBS affiche des prises d’air élargies à l’avant, des bas de caisse reprofilés ainsi qu’un diffuseur arrière également en fibre de carbone. La DBS est également disponible en tant que roadster équipé d’un toit souple à commande électrique, modèle qui a été dévoilé au Mondial de l’automobile de Paris en 2008, et qui reprend l’appellation Volante qui a longtemps désigné les cabriolets de la marque.
Comme c'est l'habitude chez plusieurs marques de prestige, on aime s'inspirer du passé pour nommer les nouveaux modèles. Cela permet d'entretenir la légende. Mais il faut suligner que cette nouvelle mouture de la Volante est nettement plus sophistiquée que les modèles antérieurs.
La gaffe
La DB9 date déjà de 2003, et on attend la suite des choses pour la célèbre marque anglaise qui a peut-être commis la pire gaffe de son histoire en 2009. On aurait cru à un poisson d’avril sauf que la date ne concordait pas lorsque Aston Martin a annoncé en juin son intention de produire une minivoiture à vocation urbaine appelée Cygnet. Loin d’être une création originale, la Cygnet est en fait une Toyota iQ, une microvoiture urbaine lancée par Toyota sur le marché européen en janvier 2009. La version concoctée par Aston Martin reprend certains éléments de style propres à la marque anglaise, mais demeure identique à la Toyota sur le plan mécanique. Bref, il s’agit ni plus ni moins d’une microvoiture Toyota déguisée en Aston Martin qui sera évidemment vendue à un prix supérieur — près du double de celui de la Toyota iQ.
Pour plusieurs observateurs, Aston Martin risque de sérieusement dévaluer le prestige et l’aura de la marque en procédant ainsi. Imaginez le tollé si Ferrari décidait d’apposer le célèbre écusson du cheval cabré sur une simple Fiat 500 pour la présenter comme son nouveau modèle d’entrée de gamme, et vous avez une bonne idée de la réaction des amateurs d’Aston Martin face à la Cygnet... Pourquoi tenter cette aventure ? Certains prétendent que c’est une façon pour la marque anglaise de réduire sa moyenne d’émissions de CO2, d’autres affirment que c’est parce que le quart des clients de la marque possèdent également une petite voiture, alors pourquoi ne pas leur vendre aussi une petite Aston ?
Il faut souligner à ce chapitre qu'à l'apogée de la Mini dans les années 60, nombreux étaient les carrossiers britanniques qui se plaisaient à produire des variantes de la Mini et de les revendre à des prix prohibitifs. Au moins avec cette version incongrue à mécanique Toyota, les clients auront une voiture dont la mécanique sera fiable. Et qui sait ? Peut être le début d'une association eentre ces deux constructeurs, un alliance qui n'est pas dépourvue delogique alors que Toyota recherche toujours désespérément ce prestige de marque que Lexus est incapable de lui procurer.
Pareillement, cette logique a été retenue par Porsche, il y a plusieurs années, à l’occasion du lancement du Cayenne, une hérésie pour les puristes, sauf que le Cayenne est beaucoup plus près des performances et du niveau de luxe des sportives de Stuttgart que ne peut l’être une microvoiture cohabitant avec les DB9, DBS et Vantage. Histoire à suivre…
Feu vert
Puissance du moteur V12
Style intemporel
Freins performants (DBS)
Performances relevées (DBS)
Feu rouge
Visibilité vers l’arrière
Volume du coffre
Diffusion limitée
Fiabilité problématique