Toyota GR Supra 2020 : les mélanges font de beaux enfants
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À l’heure où plusieurs manufacturiers délaissent tranquillement l’automobile pour se consacrer aux VUS, Toyota mise sur l’attrait d’une automobile. Parce que Toyota est convaincu que la voiture demeurera, et que la folie des VUS ne durera pas.
Une hausse du prix de l’essence, une nouvelle loi gouvernementale et qui sait, une nouvelle mode pourraient effectivement donner envie aux gens de revenir à une voiture. Mais il faut pour cela que celle-ci soit attrayante. Voilà pourquoi le constructeur nippon lance une campagne publicitaire visant à dynamiser l’image des automobiles Toyota. Vous y apercevrez différentes déclinaisons de Corolla et de Camry, la Yaris ainsi que le coupé 86. Et au centre de tout ça, la toute nouvelle GR Supra 2020.
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Alors oui, finalement, la Supra effectue un retour après 22 ans d’absence. Un retour attendu des amateurs, qui souhaitaient voir revivre cette icône de l’automobile japonaise.
Pourquoi GR Supra? Sachez donc que GR signifie Gazoo Racing, laquelle représente la division de course de Toyota. Cette division a d’ailleurs récemment remporté le championnat mondial d’endurance aux 24 Heures du Mans, signe que la performance fait aussi partie du langage Toyota.
Une authentique Supra?
D’abord, qu’est-ce qu’une authentique Supra? Une voiture de performance grand tourisme à quatre places, dotée d’un six cylindres en ligne et de roues arrière motrices. Est-ce que la nouvelle Supra répond à ces critères? Non. Car pour la première fois, la Supra se transforme en un authentique biplace sport. Ce nouveau coupé ne vise pas à offrir le meilleur des conforts, puisque la performance et le plaisir de conduire demeurent au centre de la philosophie de cette nouvelle monture. Alors non, il ne s’agit pas d’une Supra telle qu’on l’a connue dans le passé.
Il ne s’agit pas non plus d’une Supra 100% fait maison. Et à ce sujet, je me permets de répliquer aux milliers d’internautes qui condamnent la voiture sous prétexte qu’elle a été élaborée en partenariat avec BMW. Car n’eût été cette association, la Supra n’aurait jamais vu le jour. Pas plus que la BMW Z4 d’ailleurs. Comprenez ainsi que même si la voiture sport ne se vend plus comme à une certaine époque, les coûts de développement s’avèrent élevés. Plus que ceux des VUS et des multisegments, qui partagent plates-formes et motorisations avec plusieurs autres produits d’une même famille. En alliant leur expertise, BMW et Toyota ont donc pu accoucher de deux voitures sport qui pourront plaire aux amateurs.
Toyota a besoin de la Supra
La nouvelle Supra sera profitable pour le constructeur. Soyez-en certain. Or, le constructeur l’a aussi développée pour redorer son image. Maintenant, il fallait que le ramage soit à la hauteur du plumage, un élément essentiel pour la survie du modèle.
Alors oui, la Supra fait appel à la structure de la BMW Z4. Même châssis, même empattement, lequel est ironiquement plus court que celui du coupé 86. Son design s’inspire fortement de celui du concept FT-1 qui avait été dévoilé en 2014, au Salon de Detroit. Mêmes proportions, mêmes formes, avec ce long devant plongeant, son toit courbé et sa partie arrière relevée et tronquée. Un look fantastique, racé, lequel risque de bien passer l’épreuve du temps.
Des sept couleurs proposées, le gris fantôme sera probablement le plus convoité. Une couleur rare, et qui plus est, la toute première à offrir un fini mat sur un produit Toyota. Cette teinte s’agence à merveille avec la sellerie en cuir rouge que l’on peut obtenir en option sans frais, laquelle est quasi essentielle pour apporter un peu de chaleur à bord. Pourquoi? Parce qu’en dépit d’un poste de conduite finement étudié, l’habitacle de la Supra est sombre. Très sombre, conséquence de l’absence d’un toit ouvrant, de sa fenestration restreinte et d’un pavillon intérieur noir.
À part l’instrumentation au centre de laquelle trône un tachymètre graphiquement analogique, mais pourtant numérique, l’habitacle est authentiquement BMW. L’ensemble des commandes est donc partagé avec la BMW Z4, qui néanmoins n’arbore pas la même planche de bord. Or, le levier de vitesses, le volant et l’écran central tactile proviennent de chez BMW. Cela signifie également que le conducteur peut bénéficier de l’intégration Apple CarPlay sans fil.
Bien installé sur un siège réglable en 14 directions, le conducteur profite d’une position de conduite optimale. La visibilité est parfois gênante, et ce, malgré la présence d’une caméra de recul avec vue périphérique, très efficace.
Contrairement à nos voisins du Sud, la Supra canadienne est déclinée en une seule version tout équipée. Sellerie en cuir, navigation, système audio JBL à 12 haut-parleurs et chargeur par induction sont de série, tout comme le système Supra Connect, une technologie comparable à ce que propose GM avec OnStar.
Nostalgique?
Sans renier l’attrait des modèles de précédente génération, Toyota ne met pas l’emphase sur la nostalgie pour séduire les acheteurs. Lors de la présentation média, on a d’ailleurs mentionné que les dernières Supra vendues en 1998 avaient été très difficiles à écouler, conséquence d’une facture qui dépassait 80 000 $. Très rares, ces voitures valent aujourd’hui leur pesant d’or, et gagneront probablement en valeur au cours des prochaines années.
La première génération de Supra lancée en 1978 produisait 110 chevaux. La dernière, 320 chevaux. Et aujourd’hui, on passe à 335 chevaux, pour un véhicule de 1 541 kilos. Le rapport poids/puissance devient donc passablement intéressant, surtout en considérant une parfaite réparation des masses de 50/50 avant-arrière. Sous le capot, le six cylindres en ligne turbocompressé de BMW émet un son envoûtant, avec un vrombissement accentué à la sélection du mode Sport. Jamais agaçante, la sonorité est toutefois amplifiée de façon électronique, comme c’est aujourd’hui le cas avec plusieurs produits BMW.
Pour acheminer la puissance aux roues arrière, BMW et Toyota font appel à une très performante boîte automatique ZF à huit rapports. Bien étagée, rapide et précise, et qui effectue ses passages avec grande aisance, sans délai. Et pour la manuelle? Hélas non! Pas disponible. Un sacrilège considérant le caractère sportif de cette bagnole qui assurément, s’adresse aux puristes. Toyota n’exclut pas la possibilité de l’offrir un jour, mais sachez que les chances sont minces. D’une part, parce que la voiture n’a pas été pensée en ce sens, et d’autre part, parce que même la BMW Z4 ne la propose pas.
Même les gens de Toyota se disent pour l’heure déçus de ne pouvoir l’offrir, considérant qu’une partie de la clientèle sera perdue uniquement pour cette raison. Après tout, si environ 65% des acheteurs de Toyota 86 optent pour la manuelle, imaginez combien d’amateurs la choisiraient sur la Supra…
De la route à la piste
Un trajet de deux heures à sillonner les routes des Hautes-Laurentides allait nous mener au prestigieux circuit du Mont-Tremblant, où nous avons pu pousser la Supra à ses limites. Un terrain de jeu exceptionnel pour une voiture générant une belle puissance et ayant une grande maniabilité.
Des voies larges, un empattement court et un centre de gravité très bas caractérisent la Supra, qui s’avère particulièrement amusante à conduire. Sur les chemins sinueux et accidentés que nous avons empruntés, la Supra a impressionné par sa rigidité structurelle. Une voiture solide, bien construite, rassurante. Or, comme c’est souvent le cas avec une mécanique BMW, on a aussi pu constater la grande précision de la direction, qui contribue au plaisir de conduire. Assistée électroniquement, cette dernière permet de placer la voiture sur la route comme si vous aviez un compas dans l’œil, pour ainsi amplifier le bonheur passé au volant. Cela permet également d’éviter plus facilement les nids-de-poule, qui pourraient être fatals pour les pneus de 19 pouces qui chaussent la Supra : des Michelin Pilot Super Sport de haute performance, de taille P235/35ZR19 à l’avant, et P275/35ZR19 à l’arrière.
Sur la route, on la sent légère. La Supra est agile, amusante, raffinée. Et tous les éléments mécaniques travaillent en harmonie pour procurer du bon temps au conducteur. Même le confort demeure honnête, un point à ne pas négliger. Cela dit, l’activation du mode Sport viendra raffermir tout élément susceptible de rendre la voiture encore plus performante. Comme si Popeye venait d’avaler ses épinards! À ce moment, suspension et direction se contractent, pendant que la gestion électronique de la puissance du moteur augmente son degré d’agressivité. Les passages comme les ratios des rapports de la boîte sont également revus, alors que l’échappement devient moins restrictif, ce qui se fait aussi sentir à l’audible. Le mode Sport incite donc à l’excès, augmentant les risques de contravention. L’une des beautés de la Supra, c’est le plaisir ressenti au volant, même à vitesse légale. En diriez-vous autant d’une Audi RS 5, d’une BMW M3?
Mode Sport en fonction, c’est ensuite sur le circuit que la Supra s’est exprimée. Voilà une voiture facile à apprivoiser, mais qui démontre soudainement un peu plus de souplesse au niveau des suspensions. Les pneumatiques sauvent cependant la mise en s’agrippant au bitume avec acharnement, pendant que le conducteur se charge d’asseoir la caisse en virage pour relancer la voiture. Un plaisir qui s’accroît au fil des tours de piste puisque l’on parvient à mieux gérer les réactions de la bagnole en exploitant au maximum la puissance disponible. Il faut dire que la Supra possède un différentiel actif géré électroniquement, lequel facilite la répartition du couple acheminé aux roues arrière.
Côté freinage, on retrouve des disques de 13,7 po à l’avant et de 13,6 à l’arrière. Un système performant, signé Brembo, avec étriers à quatre pistions à l’avant, pour une efficacité remarquable. Même sur la piste, après de multiples tours, le freinage démontrait encore du mordant.
Le chiffre à retenir : 300
Voilà le nombre de Supra 2020 qui toucheront le sol canadien. Un nombre ridicule considérant l’engouement qui l’entoure. Et à l’heure où on se parle, considérez qu’elles sont à peu près toutes vendues. Est-ce que Toyota Canada a été trop conservateur dans sa commande? Vous pouvez en être certain. Maintenant, il faut considérer que l’usine de Graz, en Autriche, qui assemble aussi la BMW Z4, doit fournir la planète tout entière. Et puisque tout le monde tire sur la couverture, les allocations d’unités demeurent complexes. Chose certaine, voilà une voiture qui conservera sa valeur sur le marché, surtout considérant son prix très attrayant de 64 990 $.
Alors, la Supra, une voiture réussie? Oui . Surtout sur plan dynamique, et ce, en dépit de l’absence d’une boîte manuelle. Et puis, imaginez si tout cela n’était que le début! Parce que pourraient suivre des modèles « édition spéciale », plus puissants, voire une décapotable. Comme on dit… histoire à suivre!