Chez Toyota, les voitures ont encore leur place
Ford abandonne ses voitures. Chevrolet aussi. Même Nissan laisse tomber certains de ses modèles et modifie ses gammes, conscient du désintérêt du public face à certaines voitures jugées plus traditionnelles.
Or, est-ce que la mode des VUS est éphémère? Est-ce que le public pourrait un jour être à nouveau séduit par une voiture compacte, même sous-compacte? À ce sujet, l’opinion des constructeurs américains est claire. La voiture compacte n’est plus intéressante pour le public et n’est pas non plus financièrement viable pour un constructeur automobile. Du moins, en Amérique du Nord. Pourtant, Toyota voit les choses autrement.
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Un peu plus tôt cette semaine, j’avais la chance de participer à un événement mettant en lumière la nouvelle Toyota Supra. Une sportive qui a connu ses heures de gloire dans les années 80 et 90, et qui effectue un retour après 22 ans d’absence. Pourquoi relancer une sportive propulsée à toit rigide, alors que les rumeurs veulent même que GM abandonne sa Camaro?
Parce qu’une Supra au sein de la gamme Toyota ravive les passions. Fait jaser, fait rêver. Parce que Toyota a besoin de dynamiser son image, mais aussi parce que les amateurs la réclament depuis nombre d’années. Maintenant, avec seulement 300 unités disponibles pour 2020, Toyota ne compte évidemment pas sur la Supra pour augmenter ses profits. Pour ce faire, il faut plutôt penser au RAV4, dont le succès est tel que Toyota peine à suffire à la demande.
En entrevue, les gens de Toyota ont cependant insisté sur le fait que la voiture est là pour rester. Non seulement parce que la demande est toujours présente, mais aussi parce que plusieurs facteurs pourraient prochainement contribuer à sa relance. Par exemple, le prix de l’essence, qui impacte dans l’immédiat sur les décisions d’achat des consommateurs. Une semaine où le litre d’essence atteint 1,50$ suffit pour faire baisser les ventes de VUS et faire grimper celles des hybrides. Alors, imaginez ce qu’il en sera le jour où on le verra grimper à 1,60$ ou 1,70$. Un jour qui clairement, n’est pas si lointain.
Il faut aussi considérer les décisions gouvernementales, qui impactent directement sur les ventes de véhicules. Toyota a par exemple vu l’ensemble de ses Prius Prime (hybrides enfichables) être liquidé d’un claquement de doigts lors de l’entrée en vigueur du rabais fédéral sur les véhicules électriques. Il n’en fallait pas plus!
Maintenant, et si on modernisait l’actuelle taxe d’immatriculation à la cylindrée, aujourd’hui vétuste, en imposant des primes basées sur les cotes de consommation enregistrées par Ressources Naturelles Canada? Croyez-vous que les VUS, même si souvent peu gourmands, se vendraient encore autant? Parce que quoi qu’en disent certains, un véhicule utilitaire consommera toujours plus qu’une voiture identiquement motorisée. Une simple question de logique.
Voilà donc pourquoi Toyota met l’emphase sur ses voitures. On lancera même prochainement une campagne publicitaire visant à illustrer à quel point la gamme de voitures Toyota est complète et variée. On en profitera aussi pour démontrer au public que les voitures de la marque ne sont plus ennuyantes, comme elles l’ont déjà été. Et pour nous le prouver, on a même poussé l’audace jusqu’à nous offrir la possibilité de conduire des Corolla 2020 sur le magnifique circuit du Mont-Tremblant. Une terre de prédilection normalement destinée aux voitures de course, et qui n’a clairement pas souvent accueilli de Corolla sur son bitume.
Alors oui, je l’admets, la Corolla SE à boîte manuelle que j’ai pu conduire à vive allure n’avait rien d’ennuyante. Pas aussi dynamique qu’une Mazda3, mais à des années-lumière d’une Nissan Sentra ou…d’une berline Corolla 2019. Une vraie belle surprise.
Toyota met donc l’emphase sur sa nouvelle Corolla en la présentant comme une voiture amusante et joliment tournée, avec raison. Même chose pour la Camry, qui sera prochainement proposée en version sport TRD V6, et qui devrait recevoir d’ici un an le rouage intégral. Quant à la Yaris, les gens de Toyota admettent pleurer la disparition du modèle actuel, qui connaît encore un vif succès chez nous, mais un peu moins en dehors de la province. Est-ce que la nouvelle génération, plus chère et dérivée de la Mazda2, fera aussi bien? Sans doute que non.
Bien sûr, impossible de passer sous silence la gamme de plus en plus complète de voitures hybrides. Prius, Corolla, Camry, sans compter le populaire RAV4. Ces véhicules permettent justement d’afficher des cotes de consommation si basses qu’en cas de hausse du coût du carburant, Toyota s’assure d’un succès sans précédent. Hélas, l’approvisionnement des batteries constitue actuellement un problème, ce qui explique d’ailleurs les retards de livraison des RAV4 et Corolla hybrides et de la Prius Prime. Un problème sur lequel Toyota travaille d’arrache-pied.
Et terminant, comprenez que si les projecteurs sont mis sur les voitures Toyota, ce n’est pas un hasard. D’une part, les VUS se vendent bien et n’ont besoin que de peu de promotion, et d’autre part, l’offre des voitures permet la conquête d’actuels propriétaires de Chevrolet et de Ford qui ne pourront désormais plus trouver chaussure à leur pied chez leur concessionnaire. Une façon brillante et toute simple de faire grimper ses parts de marché.