McLaren 600LT Spider 2020 : quand les Anglais s'en mêlent
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Il suffit de toucher la palette de gauche, constituée d’un morceau de fibre de carbone, pour que les deux tuyaux d’échappement, situés en position verticale derrière le cockpit, émettent un furieux coup de canon, engourdissant vos tympans. On enfonce l’accélérateur, et voilà que la téléportation existe!
Voici, en un paragraphe, ce qu’est l’expérience euphorique de conduire une McLaren 600LT Spider 2020.
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Le retour de la « longue »
Chez McLaren, le terme « Longtail » remonte à 1995 où le constructeur britannique remporta les 24 Heures du Mans à bord d’une McLaren F1 GTR Longtail. Ce bolide, originalement conçu à partir de la voiture de production la plus rapide au monde de l’époque – la McLaren F1 -, avait été modifié afin d’être encore plus compétent lors des courses d’endurance.
Arborant la philosophie « Longtail », le principe était d’allonger l’arrière de l’auto afin d’augmenter son effet de portance, son aérodynamisme et sa tenue de route à haute vitesse.
Pour la 600LT, on a appliqué le même principe, mais cette fois, au biplace le plus « abordable » de la gamme. Située dans la catégorie Sport Series chez McLaren, la 600LT est en réalité une 570S que l’on a allongée de 74 mm (2,9 pouces), allégée de 96 kg (211 lb) et constituée à 23% de nouvelles composantes. Bref, c’est l’extrémiste des McLaren « d’entrée de gamme ».
Afin de ne pas empiéter dans la gamme Super Series du constructeur, où l’on retrouve notamment la 720S, la 600LT conserve une suspension conventionnelle et non des amortisseurs transversaux hydrauliques. Idem au chapitre de l’aérodynamisme. Les composantes de la 600LT sont fixes au lieu d’être actifs et amovibles comme sur une Senna ou une P1.
Ce qu’elle perd en technologie de pointe, elle le regagne par un châssis ultraléger, incorporant davantage de la fibre de carbone et de l’aluminium. À titre d’exemple, jusqu’à 30 kg (66 lb) ont été réduits des jantes, de la suspension et des freins grâce à ses composantes.
Alimentée par le même V8 biturbo de 3,8 litres que la 570S, mais modifié par le biais d’un nouvel arbre à cames et d’une recalibration de l’ordinateur, la 600LT ne déploie pas moins de 592 chevaux et un couple de 457 lb-pi, soit 30 chevaux de plus que sa petite sœur. Plus large et plus basse qu’une 570S, la 600LT incorpore les mêmes freins que la 720S. Son aileron combiné à sa carrosserie allongée génère jusqu’à 100 kg (220 lb) de portance lorsque l’auto roule à 250 km/h.
Notre modèle était une déclinaison Spider à toit amovible, rendant notre essai d’autant plus agréable lors de la saison estivale. Capables de se ranger discrètement entre le cockpit et le compartiment moteur, le toit et son mécanisme, également constitués de fibre de carbone et d’aluminium, n’ajoutent que 48 kg (108 lb) au poids du bolide.
Le 0 à 100 km/h est déclaré à 3,0 secondes pour cette bombe à moteur central, même pour la décapotable. Notre 600LT, dont l’habitacle est agrémenté de sièges de course en fibre de carbone, se détaillait bien au-delà des 300 000 $.
Étonnamment docile
L’évaluation d’une supervoiture s’avère toujours plus compliquée que celle d’un véhicule conventionnel, car cette dernière a été conçue dans le seul but de livrer des sensations fortes et de faire réagir les foules. Sans surprise, partout où nous allions avec notre 600LT, les regards se fixaient instantanément sur nous, puis suivaient d’innombrables questions.
À notre grande surprise, malgré sa mission d’extrême performance, la 600LT est facile à « endurer » au quotidien. Il est possible de soulever l’avant du bolide par une simple commande électronique afin d’éviter d’endommager l’avant du véhicule lorsque l’on entre dans un stationnement, et en mode Normal, avec sa boîte à sept rapports réglée à l’automatique, cette auto exotique peut se pavaner sur les grands boulevards sans démolir la colonne vertébrale de son conducteur.
L’immédiate sensation derrière le volant de cette superbombe, c’est sa direction ultraprécise, un système qui ferait rougir celui de la Lamborghini Huracan Evo, ou de la Ferrari 488, deux concurrentes se vendant à un prix nettement plus onéreux.
Le pare-brise bas de la 600LT fait en sorte qu’il est facile d’apercevoir tout l’avant de l’auto, à un point tel que l’on a presque l’impression d’être assis sur le capot tellement la visibilité et la maniabilité sont de concert.
Rapide comme l’éclair
Bien entendu, la 600LT n’a pas été conçue pour aller faire les commissions. C’est quand on règle sa suspension, sa direction, sa boîte de vitesses et son moteur en mode Sport, ou encore mieux, en mode Track, qu’elle s’éveille, son V8 prêt à nous catapulter à notre prochaine destination.
D’une manière bestiale, la 600LT nous enfonce dans ses énormes sièges de course lors d’accélérations, son moteur procurant une montagne de couple, peu importe le rapport auquel il se situe, émettant une sonorité étrangement aiguë. Son châssis est d’une précision hors du commun, sa direction demeurant l’une des plus réactives de l’industrie, nous donnant l’impression d’être à bord d’un réel biplace de course, ou si vous préférez, derrière le volant d’un go-kart tellement il est facile à opérer.
Jamais elle ne nous intimide, la 600LT, jamais elle ne nous fait peur. Au contraire, ses performances sont facilement accessibles, aisément exploitables, et étonnement bien adaptées à la vie de tous les jours.
Cela dit, la 600LT ne se gênera pas de vous rappeler ses réelles intentions. Si vous avez le malheur d’entrer trop rapidement dans un virage, son châssis se permettra de faire gigoter son arrière, simplement pour vous indiquez qu’elle a tout de même des crocs. D’une harmonie et d’une précision parmi les voitures de course les mieux foutues de la planète, cette McLaren aime jouer, ce qui la rend nettement plus amusante que certaines supervoitures parfois trop sérieuses.
Impressionnante, certes, mais loin d’être parfaite. Bien que cette bagnole anglaise ultralégère et hyper bien construite soit rapide et énormément plaisante à conduire, son moteur V8 ne chante pas la même mélodie que celui de sa concurrence, se montrant plutôt rude par moment, surtout à bas régime, et disposant d’un délai du turbo beaucoup trop visible pour cette gamme de prix.
De plus, son instrumentation, notamment son système multimédia, est d’une complexité ridicule, compliquant inutilement de simples tâches.
Au final, ce que la McLaren 600LT perd en matière de flamboyance face aux voitures italiennes, elle le regagne par un châssis nettement mieux mis au point, une direction exemplaire et une facilité à être « endurée » au quotidien. Bref, c’est une McLaren dans tout le sens du terme, celle qui vient foutre le bordel dans les plates-bandes des Italiens, sans excuses et sans complexes.