Renault confirme la priorité à son alliance avec Nissan
Paris | Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, a confirmé mercredi la priorité donnée au partenariat avec les constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi, devant les actionnaires du groupe français réunis en assemblée générale.
« Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans réussite de l’Alliance » avec Nissan et Mitsubishi, a affirmé M. Senard, qui a récemment échoué à mener à bien un projet de mariage avec Fiat Chrysler (FCA) en raison des réticences de Nissan et de l’État français, premier actionnaire de Renault.
« Aujourd’hui, l’alliance prend un nouveau départ et elle est et doit rester plus que jamais à la fois un pilier et un moteur du développement de chacun de ses membres », a martelé M. Senard.
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Une foule de petits actionnaires a rempli le Palais des Congrès, à Paris. La direction du groupe au losange tablait sur une affluence en hausse de 50% par rapport à l’an dernier, soit environ 900 personnes.
Il s’agit de la première AG depuis la chute de Carlos Ghosn, patron emblématique de Renault, embourbé dans une affaire de malversations présumées au Japon. L’affaire, qui a démarré par son arrestation au Japon en novembre, a miné la confiance au sein du partenariat franco-japonais.
L’affaire Ghosn aura aussi coûté cher aux actionnaires de Renault. Depuis l’arrestation de l’homme d’affaires, architecte de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi qu’il a hissée au premier rang automobile mondial, l’action du constructeur français évolue à ses plus bas niveaux, aux alentours de 55 euros.
En un an, le titre Renault a perdu un tiers de sa valeur.
Certes, le groupe au losange souffre comme l’ensemble du secteur d’une conjoncture internationale morose et des bouleversements technologiques qui imposent de lourds investissements dans les motorisations électriques sans garantie de rentabilité.
Mais certains actionnaires reprochent aux administrateurs de Renault de ne pas avoir suffisamment exercé leur vigilance quant à la gestion de Carlos Ghosn.
Renault a annoncé récemment qu’il envisageait des poursuites contre l’ancien patron pour avoir engagé 11 millions d’euros de dépenses suspectes au sein d’une filiale commune avec Nissan, basée aux Pays-Bas.
Nissan en difficulté
« Les administrateurs n’ont visiblement pas exercé leurs responsabilités dans l’intérêt des actionnaires (...), permettant de fait le déclenchement de la crise récente », a estimé la société de gestion Phitrust dans un communiqué diffusé mardi.
Jean-Dominique Senard devrait être longuement questionné par les actionnaires sur sa stratégie pour l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, trois entreprises liées par des participations croisées, alors que son projet d’intégration renforcée avec Nissan, via une holding commune détenue à parité, a été rejeté au printemps par la partie japonaise.
Renault a également vu échouer un projet de mariage géant avec Fiat Chrysler (FCA) la semaine dernière, qui avait été annoncé seulement 11 jours plus tôt. Cette fusion, dite « entre égaux », devait créer le numéro 3 mondial de l’automobile et permettre à Renault de mettre la pression sur son partenaire Nissan, tout en lui offrant des perspectives de synergies renforcées.
Mais elle a échoué en raison d’un délai supplémentaire exigé par l’État français, premier actionnaire de Renault, qui a poussé les dirigeants de Fiat Chrysler à jeter l’éponge, estimant que les conditions politiques n’étaient pas réunies.
Les relations tendues avec Nissan depuis novembre et l’échec de ce mariage posent la question de l’avenir de Renault, un groupe qui à lui seul n’a produit « que » 3,9 millions de véhicules l’an dernier et dont les ventes, pour plus de la moitié hors d’Europe, ont souffert ces derniers mois des vents contraires sur les marchés internationaux.
Le constructeur français a affiché en 2018 un résultat net de 3,3 milliards d’euros, en recul de plus d’un tiers par rapport à l’année précédente, notamment à cause des difficultés de Nissan, dont Renault détient 43% du capital. Et 2019 s’annonce bien plus difficile.