Mercedes-Benz SLK, princesse au charme émoussé
Les amateurs de roadsters compacts ont été choyés chez Mercedes-Benz depuis le lancement de la toute première SLK il y a douze ans. D’abord parce qu’elle fut la pionnière moderne du toit rigide rétractable qui a transformé le monde des voitures décapotables. Et ensuite parce qu’elle s’est bonifiée sans cesse en termes de performance, de tenue de route, de confort et de pur agrément au fil des années. Mais le temps file et de nouvelles rivales ont rattrapé une SLK qui a maintenant grand besoin d’une métamorphose.
Difficile de croire que la SLK actuelle en est à sa sixième année. Avec les retouches apportées l’an dernier, elle est encore dans le coup. Sa silhouette est encore élégante, pourvu qu’on apprécie la calandre qui évoque celle de la regrettée SLR McLaren dont le dessin était inspiré par les pur-sang de Formule 1 qui portaient le même nom. Ce n’est pas unanime. La SLK est par contre toujours très chic à l’intérieur mais la cabine n’est ni très large ni vraiment spacieuse. En s’y glissant, on a plutôt l’impression d’enfiler un gant finement ajusté. Ce n’est donc pas une voiture pour toutes les tailles et cette caractéristique prend son importance cette année avec l’apparition d’une rivale redoutable sous les traits de la nouvelle BMW Z4 qui adopte entre autres le toit rigide rétractable qui était la carte d’atout de la SLK.
Fuite en avant
La SLK doit encaisser les coups face à cette nouvelle rivale à maints égards, mais elle peut au moins lui donner la réplique en matière de performance. La SLK 300 poursuit avec son V6 de 3,0 litres et 228 chevaux. La SLK 350 hausse la mise avec un V6 de 3,5 litres dont les 300 chevaux tiennent tête aux 300 chevaux de la Z4 sDrive35i sur papier, mais dont le couple de 266 lb-pi à 4 900 tr/min ne peut résister au muscle du moteur biturbo de la bavaroise dont le couple maxi est de 300 lb-pi à seulement 1 400 tr/min. C’est là que la SLK 55 AMG fait son entrée pour sauver l’honneur de la famille. Les 355 chevaux et les 376 lb-pi de couple de son V8 de 5,4 litres, livrés à 4 000 tr/min, lui permettent un 0-100 comparable d’environ 5 secondes avec sa boîte automatique à 7 rapports, la seule offerte sur ce modèle. Les SLK 300 et 350 sont livrées de série avec une boîte manuelle à 6 rapports. Le hic, c’est que la SLK 55 AMG est carrément plus chère que la Z4 sDrive35i.
Côté tenue de route, les SLK de deuxième génération, apparues chez nous en 2005, ont fait de grands progrès mais ce ne sont pas encore d’aussi fines lames que les Porsche Boxster, toujours la référence de cette catégorie. Et elles ne sont plus au niveau des nouvelles Z4 qui se sont nettement améliorées. La carrosserie des SLK est toujours d’une grande solidité, hormis quelques tremblements et soubresauts sur les pires saillies de nos routes, mais les tarages de leurs suspensions ne leur confèrent pas des réactions et transitions aussi fluides que celles de leurs meilleures rivales. La prochaine génération est en gestation et pourrait être lancée dès l’an prochain. Il y a fort à parier que cette troisième mouture profitera des leçons apprises lors du développement des berlines de Classe C actuelles, dont le comportement routier et la tenue de route se sont grandement affinés.
Pour l’instant, les SLK sont parfaitement à l’aise en mode tourisme mais ne démontrent pas toute la finesse espérée lorsqu’on a la possibilité d’explorer leurs limites sur une route entortillée ou sur un circuit. Jusqu’à tout récemment, les ingénieurs de Mercedes-Benz ont laissé les systèmes antidérapage et antipatinage jouer un rôle trop important, au nom de la sécurité. C’est le comportement fondamental de la voiture qui en souffre quand le contrôle est confié à l’ordinateur de bord dans une mesure exagérée. Si on réduit l’intervention de l’antidérapage sur un circuit détrempé – il est impossible de le désactiver complètement – le train arrière décroche sec à la moindre occasion. Or, les plus récentes Classe C ont clairement profité de l’influence grandissante et bénéfique de la division de performance AMG sur la mise au point des nouvelles séries. La berline C 63 AMG est parmi les meilleures du moment et le roadster SL 63 AMG, grand frère de la SLK 55 AMG, affiche une tenue de route impressionnante malgré son poids de plus de deux tonnes (1 995 kg plus précisément) et il est fabuleusement agréable à conduire. C’est certainement la grâce qu’il faut souhaiter aux prochaines SLK et sans jouer les prophètes, on peut raisonnablement s’attendre à des voitures plus spacieuses, dont le comportement routier et la finesse de conduite feront des bonds comparables à ce que nous avons pu apprécier avec les Classe C.
Pour le style et pour la forme
En attendant la relève de la garde, la SLK a droit à une nouvelle série de retouches cette année pour rester compétitive, une politique qui porte fruit puisque les SLK se vendent encore bien pour des roadsters qui en sont à leur cinquième année. La SLK 350 est désormais équipée, de série, d’une calandre sport et de bas de caisse aux traits plus accentués, d’un mince aileron à la pointe du coffre et de jantes d’alliage AMG de 18 pouces à rayons doubles. On a également créé une version spéciale baptisée 2LOOK et qui joue carrément la carte de l’apparence. De façon plus pratique, le système de navigation optionnel propose maintenant un trajet « économie » censé produire la plus faible consommation en carburant et on peu se payer la radio satellite en HD là où le service est offert pas Sirius. En somme, les SLK actuelles sont des roadsters performants et attrayants qui sont confortables et raisonnablement pratiques avec le toit rigide qui a fait leur réussite. Les prochaines SLK devront toutefois aiguiser leurs griffes et prendre du muscle pour espérer rejoindre le peloton de tête.
Feu vert
Version SLK 55 musclée
Éventail de modèles complet
Toit rigide rapidement replié
Agréable à ciel ouvert
Finition intérieure très chic
Feu rouge
Modulation des freins abrupte
Direction plus lourde en appui
Habitacle plutôt étriqué
Boîte automatique paresseuse
Série en fin de parcours