Lotus Evora 2019: Une bête plus viscérale arrive
L’Evora n’est pas une concurrente à la Porsche 718, mais plutôt une machine élémentaire se comparant davantage à l’Alfa Romeo 4C. En plus cher.
Pour un petit constructeur de voitures sport, il est difficile de joindre les deux bouts et de conserver l’intérêt des acheteurs, tout en assurant que ses produits sont conformes aux normes de pollution et de sécurité des marchés à travers le monde.
Certains ont pris la sage décision de concevoir un véhicule utilitaire ce qui, en 2019, est un gage de succès commercial. Malheureusement chez Lotus, on n’a pas d’utilitaires pour remplir les coffres, alors les nouveaux produits se font rares. On se contente de peaufiner les modèles existants en augmentant leur puissance et leurs prouesses dynamiques, en se croisant les doigts pour que la clientèle reste fidèle. Au Canada, cette année, on a maintenant droit à non pas une, mais deux versions de la bestiale petite Evora.
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400 et 410
Introduite sur le marché en 2009, l’Evora roule sa bosse sans changements majeurs à sa carrosserie, mais au fil du temps, on a retravaillé maintes fois son V6 de 3,5 litres provenant de chez Toyota. En partant d’une base solide, on a pu lui greffer un compresseur volumétrique tout en apportant une touche magique pour produire, dans l’Evora 400, une puissance de 400 chevaux et un couple de 302 livres-pied.
Grâce à un poids relativement léger de 1 395 kilogrammes, la voiture accélère de 0 à 100 km/h en 4,2 secondes, selon son créateur, et peut atteindre une vitesse de pointe de 300 km/h avec la boîte manuelle, 280 km/h avec l’automatique. Outre les performances en ligne droite, relevées sans être exceptionnelles, c’est surtout au chapitre du comportement routier que l’Evora 400 démontre son unicité.
Sa structure en aluminium est solide — du moins, selon les standards d’il y a dix ans — et quand on travaille avec une plate-forme aussi rigide, il est plus facile d’optimiser la suspension et la direction pour des performances dignes d’une pure voiture sport. Lotus s’est toujours démarqué en matière de comportement routier, et l’Evora profite pleinement de ce savoir-faire.
Toutefois, on a accueilli en 2018 l’Evora Sport 410 au Canada, encore plus viscérale que la version 400. Puisque le poids c’est l’ennemi chez Lotus, on a réduit la masse de la Sport 410 de quelque 70 kilogrammes par rapport à l’Evora 400, en plus d’abaisser la suspension de cinq millimètres, et grâce à ses ajouts aérodynamiques, l’appui au sol à haute vitesse est deux fois plus élevé. On a également extrait 10 chevaux supplémentaires du moteur.
Géniale sur la route, il faut tout de même conduire une Evora sur une piste pour réaliser à quel point les ingénieurs de Lotus ont concocté une bagnole agile, vissée au revêtement, avec à peine un soupçon de roulis de caisse en virage. Environ les deux tiers du poids de la voiture reposant sur le train arrière, on s’attendrait à un survirage excessif, cependant il n’en est rien. L’Evora demeure bien équilibrée et permet à son pilote d’être en contrôle et confiant, en tout temps. Les immenses disques de frein pincés par des étriers de course stoppent le bolide aussi efficacement qu’un mur de briques.
Le luxe ensuite
Malgré son prix frisant l’indécence, l’Evora n’est pas une auto de luxe, néanmoins son habitacle n’est pas rudimentaire pour autant. On retrouve quatre sièges habillés de cuir dans la 400 — avec des crochets ISOFIX pour attacher un siège d’appoint pour enfants—, mais honnêtement, personne ne voudra s’asseoir à l’arrière, que l’on soit claustrophobe ou non. La Sport 410 ne prétend aucunement être pratique, puisqu’elle ne compte que deux sièges, dotés d’une coque en fibre de carbone et recouverts d’alcantara. Outre un climatiseur, une chaîne audio pas trop élaborée, un système de navigation et des sièges avant chauffants dans l’Evora, on a affaire à une bagnole peu généreuse en options. La Sport 410 est encore plus dégarnie...
C’est vrai que l’Evora prend sérieusement de l’âge, et pour le même prix, on peut rouler dans un bolide sensiblement plus raffiné pour moins d’argent. Comme une Porsche 718 Cayman, par exemple. Par contre, ceux qui critiqueront le manque de caractéristiques de confort et de commodité ainsi que l’absence d’une intégration Apple CarPlay auront mal compris la mission de l’Evora. C’est une voiture de course pour la rue, un go-kart extrême, une expérience de conduite élémentaire et enivrante. Au même titre que l’Alfa Romeo 4C, mais plus puissante, plus rapide et plus chère. Maintenant sous le contrôle de l’entreprise chinoise Geely, également propriétaire de la marque Volvo, l’avenir de Lotus ainsi que sa philosophie de légèreté et de tenue de route enivrante seront vraisemblablement préservées.
Feu vert
- Plaisir de conduite élémentaire
- Exclusivité assurée
- Direction magnifique
- Design toujours accrocheur
Feu rouge
- Places arrière inutiles
- Réseau de concessionnaires limité
- Fiabilité inconnue
- Visibilité arrière problématique