Dodge Challenger SRT8 2009, retomber en amour à 47 ans!
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Alors que je croyais ma vie fixée, que la mer était calme et que l’avenir était déjà tout dessiné, voilà que je retombe en amour. Imaginez… après tant d’années de raison, mon petit cœur, que je dorlote depuis que je sais que je fais de la haute pression, s’est mis à battre dès qu’il a vu la Challenger…
Si le métier de journaliste automobile demande d’être parfaitement objectif, alors je vais devoir lâcher mon job… Je n’avais pas encore fait un pouce au volant de la Dodge Challenger SRT8 que déjà j’étais sous son charme. Pourtant, la Challenger est un des véhicules les plus inutiles de la planète, à l’encontre même de toutes les tendances actuelles, autant en termes d’environnement que de conception. La Challenger est illogique. Mais l'amour n'est pas toujours logique!
Trip à trois
Quand le cartésien conjoint devient passionné, il doit se reposer sur sa douce moitié pour le soutenir, le ramener à la raison… sauf quand ladite conjointe « trippe » aussi fort. Finalement, c’est à qui conduira la voiture le plus longtemps!
La Challenger, à l’inverse de la Mustang et, sans doute, de la nouvelle Camaro, n’a pas évolué. Certes, on l’a dotée de systèmes électroniques très modernes, d’un mécanique fort contemporaine mais on a tenu, sans aucun doute de façon bien volontaire, à en préserver l’esprit « muscle car » qui prévalait il y a 40 ans. Ainsi, la Challenger est trop grosse, trop lourde, trop puissante. Elle est meilleure pour laisser de longues traces noires lors des départs que pour négocier des virages. Mais c’est davantage la sonorité du moteur en pleine accélération qui donne la chair de poule. Avec la Challenger, on se cherche des voitures à dépasser, juste pour le plaisir. On doit passer à la pompe sans doute aussi souvent que dans le temps… sauf qu’aujourd’hui, l’essence n’est plus à 50 cents le gallon! Heureusement, la Challenger 2009 s’abreuve au jaune… pardon à l’essence régulière.
Est-ce qu’un moteur peut être trop puissant?
Le moteur de la SRT8 est un 6,1 litres à culasses hémisphérique, ce qui lui vaut son appellation Hemi. Ses 425 chevaux et 420 livres-pied de couple ne lésinent pas sur la performance. Même si la ligne rouge se situe à 6 250 tours/minute, on sent qu’il en prendrait bien davantage. Notre SRT8 d’essai possédait la transmission manuelle à six rapports.
Comme à la belle époque, le levier est de type « pistol grip », ce qui oblige quasiment le pilote à changer les rapports de façon très virile, un peu à la façon de Kowalski (Barry Newman) dans Vanishing Point (Point limite zéro). L’embrayage est juste assez ferme et la course du levier, un peu surprenante au début, est courte et précise. Il est possible d’effectuer la technique du pointe-talon mais au prix de quelques soubresauts lors des premiers essais. Dans le cas de la SRT8, il faut vraiment y aller avec le talon sur l’accélérateur. D’autres, comme mon fils, préfèrent utiliser le haut de l’accélérateur tout en conservant le talon sur le frein. Et pour les départs fumants, on monte le régime du moteur à 3 000 tours et on lâche la pédale d’embrayage. Le rétroviseur montrant la boucane sortant des puits de roues arrière est un spectacle d’une indécente beauté. Remarquez que je n’ai pas fait ce genre de folie. Je rapporte seulement des propos entendus… Malgré tout, la principale qualité de cette boîte est de maintenir le moteur à un régime très bas. Par exemple, à 100 km/h sur le sixième rapport, le moteur « tourne » à 1 500 tours seulement, ce qui aide grandement à maintenir la consommation d’essence à un niveau relativement correct. Lors de notre semaine d’essai, nous avons obtenu une moyenne de 15,3 litres aux cent. L’ordinateur de bord était un peu plus optimiste avec 14,5.
Les pneus de la SRT8 sont des Goodyear Eagle F1 245/45ZR20 à l’avant et 255/45ZR20 à l’arrière. On est loin des F70-14 du temps! S’il est un domaine où la Challenger SRT8 n’a rien à envier aux modèles produits entre 1970 et 1974, c’est au niveau des freins. Les immenses Brembo stoppent la voiture avec autorité alors qu’autrefois, les freins à disques étaient optionnels! La Challenger SRT8 n’a rien d’une voiture de course et, sur un circuit, elle n’est pas très à l’aise. Mais elle tient quand même la route de belle façon. Juste au cas où, il y a un système de contrôle de la stabilité latérale. Il est certes possible de le débrancher complètement mais, sur une voiture aussi puissante, lorsque l’occasion n’est pas au plaisir, on le laisse en fonction, comme un ange gardien. Les temps ont changé… ou le bonhomme a vieilli!
Habitacle de hot rod
Dans l’habitacle, c’est noir sur noir, ce qui contribue à recréer un peu les habitacles d’antan, très petits. Les sièges sont confortables et retiennent bien en virages, la position de conduite idéale se trouve rapidement (même si le volant est trop grand à mon goût) et le bruit du moteur n’est absolument pas envahissant à une vitesse de croisière. Le système audio fait preuve d’une belle sonorité mais, dans une telle voiture, on le laisse fermé la plupart du temps. Les places arrière, curieusement, se montrent plutôt confortables mais comme on n’y voit rien sur les côtés, la demande pour s’y retrouver se fait généralement assez rare… Les dossiers de ces sièges s’abaissent de façon 60/40 pour agrandir un coffre déjà de bonnes dimensions quoique son seuil soit très élevé.
Même si la Challenger est à des années lumières des tendances actuelles, elle s’est attirée, durant notre semaine d’essai, de nombreux pouces levés et de regards envieux. De la part, surtout, de baby boomers ravis de revivre une partie du passé. Et, curieusement, de la part de nombreux jeunes qui n’ont pas connu l’ère des « muscle cars ». Comme quoi le présent sait parfois rejoindre le passé et le futur!