Parce que l’essentiel ne suffit plus
Inutile de vous dire que la mode est aux VUS, et à tout ce qui en dérive.
Difficile de deviner pour combien de temps cette ère de l’automobile perdurera, mais permettez-moi de vous qu’elle prend actuellement des proportions ridicules.
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Au cours de la dernière semaine, pas moins de cinq nouveautés chez les utilitaires étaient annoncées. Disons quatre, si l’on exclut le dévoilement du nouveau Ford Escape, qui remplace l’ancienne mouture. Alors, le marché automobile « s’enrichira » pour 2020 d’un Chevrolet Blazer SS de 400 chevaux, d’un Porsche Cayenne Coupé (4 portes, à la façon du BMW X6), d’un Lincoln Corsair et d’un Hyundai Venue, qui se positionnera sous le Kona. Ces annonces ont bien sûr été faites au moment où on cessait la production de voitures comme les Chevrolet Cruze et Volt.
On pourrait bien évidemment élaborer longuement sur les raisons qui expliquent ce tournant vers les utilitaires, mais il est clair que le niveau de confort, le sentiment de sécurité et l’impression de conduire un véhicule à la mode viennent jouer dans l’équation.
Pendant ce temps, la clientèle ne s’interroge toutefois pas sur un aspect fort important d’une automobile. Son coût réel de possession, qui comporte les frais d’entretien, la durabilité, la fiabilité et la dépréciation. Parce qu’aujourd’hui, le moindre Ford Edge, Volkswagen Tiguan ou Hyundai Santa Fe, comportant rouage intégral et moteur turbocompressé, peut non seulement coûter une fortune en entretien régulier, mais implique aussi des déboursés faramineux au chapitre des réparations.
Depuis quelque temps, je reçois plusieurs courriels de gens qui ont malheureusement mordu à l’hameçon, réalisant par la suite le coût réel de ces véhicules. Des gens qui pendant dix ans, ont par exemple conduit des Kia Rondo, Toyota Matrix ou Suzuki SX4, et qui ont fait l’erreur de succomber aux charmes de ces utilitaires tendance.
Aujourd’hui, ces gens m’écrivent parce qu’ils veulent retrouver cette simplicité automobile. Des véhicules fiables, efficaces, polyvalents, mais surtout, qui ne requièrent pas de grosses dépenses, comme des pneus de 19 pouces, des phares à 800 $ lorsque la diode est brûlée, et qui ne risquent pas de coûter 3 000 $ ou 4 000 $ parce que le turbocompresseur a soudainement fait défaut hors garantie.
Hélas, force est de constater que plus les véhicules sont technologiquement avancés, plus le coût de possession est élevé, exigeant surtout une discipline quasi militaire dans le respect de la cédule d’entretien. De ce fait, on pourrait donc affirmer qu’un Mitsubishi RVR serait par exemple un véhicule qui pourrait répondre à leurs besoins. Fiable, polyvalent, mécaniquement increvable, mais loin d’être au goût du jour. Or, quel serait le véhicule ou plutôt, la gamme de véhicules en mesure de combler les besoins de ces gens? Sans aucun doute, les produits Suzuki.
Quoi? Suzuki?
Oui, absolument. D’ailleurs, je vous invite à observer le nombre de Suzuki SX4 toujours en circulation, un modèle dont la commercialisation a cessé en 2013.
Des voitures solides, certes un peu gourmandes, mais qui ne coûtent qu’une poignée de change en entretien et qui sont ironiquement très convoitées sur le marché d’occasion. Du moins, en version hatchback. Évidemment, les Suzuki ne sont plus offertes chez nous. Parce que la clientèle nord-américaine a décroché, mais aussi parce que celle-ci sous-estimait les avantages des SX4 et Grand Vitara.
De passage en Europe cette semaine, je me suis par hasard immobilisé devant un concessionnaire Suzuki pour réaliser que la vision de ce constructeur demeure la même qu’il y a dix ans.
Offrir des produits sans prétention, simples, mais efficaces, et conçus pour durer longtemps. Des produits qui n’offrent peut-être pas les derniers gadgets, la mécanique la plus puissante ou la meilleure insonorisation, mais qui se font assurément apprécier davantage chaque jour par ceux qui les ont choisis d’un œil pragmatique.
Ainsi, des modèles comme la Swift à cinq portes, le Vitara et le sympathique Jimny auraient sans doute, en 2019, leur pertinence sur notre marché.
Sans oublier bien sûr la remplaçante de la SX4, la S-Cross. Mais cette dernière aurait assurément besoin d’une nouvelle nomenclature pour une commercialisation québécoise!
Évidemment, je suis bien conscient que sur le plan financier, le retour de Suzuki en Amérique du Nord n’est pas viable. Du moins, en tant que constructeur indépendant. Or, le point est ici d’illustrer à quel point les acheteurs d’aujourd’hui ont des critères d’abord émotifs, sans égard au coût réel de possession. Une situation qui s’explique en grande partie par le phénomène des locations, mais qui sur le plan financier, finira un jour par rattraper un nombre incalculable d’automobilistes qui devront vivre avec les conséquences de leur choix.
Alors, lorsqu’il sera question de changer votre véhicule, petit conseil : interrogez-vous sur les coûts d’entretien à long terme, sur la facture associée à certaines technologies et surtout, sur vos besoins réels. Parce qu’après tout, un régulateur de vitesse intelligent n’est peut-être pas un choix si... intelligent!