Mitsubishi Eclipse Cross 2019 : convaincre le patron
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Si vous étiez là durant les années 90, vous vous souvenez sans doute de la Mitsubishi Eclipse, ce petit coupé sport alimenté par un moteur turbo et équipé d’un rouage intégral, longtemps un favori aux yeux d’amateurs de performance et de tuning. D’ailleurs, la Mitsubishi Eclipse fut l’une des vedettes du premier film Rapides et dangereux.
Pour plusieurs, l’Eclipse est une légende, l’une des voitures sport japonaises les plus iconiques.
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Or, le fait que Mitsubishi ait osé estamper son nom sur un VUS bouleverse le cœur de beaucoup de passionnés, moi y compris. Cela dit, bien que son nom soit mal placé, si l’on observe ce véhicule d’un angle rationnel, sa raison d’être a soudainement tout son sens.
Remonter la pente
Mitsubishi est actuellement en train de vivre une renaissance. Récemment acquis par l’alliance Renault-Nissan avant qu’elle ne sombre dans la faillite, le constructeur de Minato, au Japon, doit désormais se concentrer sur la commercialisation de véhicules lucratifs s’il désire demeurer pertinent. Bref, Mitsubishi doit convaincre son patron qu’il a fait une bonne affaire en investissant en lui.
L’Eclipse Cross est donc le premier tout nouveau véhicule du constructeur depuis près d’une décennie à se pointer au Canada et aux États-Unis. Se situant entre un RVR et un Outlander, il repose sur l’architecture largement modifiée de son grand frère, et vient à la fois empiéter dans les plates-bandes de VUS compacts – comme le Toyota RAV4 ou le Mazda CX-5 – et de VUS sous-compacts comme le Nissan Qashqai ou même le Subaru Crosstrek.
Cette stratégie de positionner un véhicule entre deux segments a fonctionné pour l’Outlander. On réessaie donc avec l’Eclipse Cross.
Un seul moteur l’anime, soit un quatre cylindres turbo de 1,5 litre d’une modeste puissance de 152 chevaux et d’un couple de 184 lb-pi. Il est jumelé à une boîte automatique à variation continue (CVT). La transmission intégrale S-AWC est offerte de série, ce qui lui donne un avantage sur sa concurrence, sauf sur Subaru, bien entendu.
Notre modèle d’essai était la déclinaison GT S-AWC, la plus équipée de la gamme, se détaillant 35 998 $. Effectivement, ce n’est pas donné. On y reviendra.
Le maître des turbos
Sur la route, l’Eclipse Cross n’a absolument aucun point commun avec l’auto sport portant le même nom. Sans surprise, sa configuration haute sur pattes entraîne un comportement maladroit dans les virages. Disons qu’un Mazda CX-5 est beaucoup plus sportif…
Sa force, c’est son moteur turbo, qui, grâce au savoir-faire de Mitsubishi en la matière, ne souffre d’aucun délai, ou communément connu sous le terme turbo lag. Bref, c’est un moteur prime, linéaire, rempli de couple et qui adore révolutionner, se comportant plutôt comme un 2,0 litres atmosphérique.
Nous ne sommes pas fervents de la boîte CVT. Certaines boîtes du genre, comme celles de Subaru et Honda, sont excellentes, mais Mitsubishi a encore du travail à faire avec la sienne. Elle dispose d’un effet élastique fâcheux qui gâche les performances du moteur autrement superbe. Bref, une bonne boîte automatique, à notre avis, aurait mieux fait l’affaire.
Ce qui en résulte, ce sont des accélérations lamentables, loin derrière celles de ses concurrents. Certes, ce n’est pas la raison d’être d’un tel véhicule, mais avec un 0-100 km/h de 8,8 secondes déclaré par le constructeur, même un Honda HR-V avec son anémique moteur atmosphérique et sa boîte CVT est plus rapide (8,6 secondes).
On félicite toutefois Mitsubishi d’avoir conçu un VUS confortable, tant à l’avant qu’à l’arrière, procurant une sensation de solidité marquée et jouissant d’une finition d’habitacle hors pair, sans oublier une insonorisation nettement mieux que celle de son petit frère, le RVR.
La transmission intégrale, inspirée de celle du Outlander, se démarque en incorporant trois modes de conduite, tout en octroyant au véhicule la vectorisation du couple, une qualité inhabituelle dans ce créneau, et pratique en hiver. On aurait cependant souhaité remarquer cette technologie dans la dynamique de conduite du véhicule.
Pas encore un pavé tactile…
En ce qui a trait à l’ergonomie de l’habitacle, l’Eclipse Cross affiche un design intérieur aussi radical qu’à l’extérieur. On aime ou on n’aime pas, mais au moins, les commandes sont faciles d’accès et aucunement difficiles à comprendre.
Le système multimédia, quant à lui, incorpore un pavé tactile, semblable à ce qu’offre Acura dans le RDX et Lexus dans l’ensemble de ses véhicules. Jamais un pavé tactile ne s’est jusqu’à présent montré efficace pour manipuler un système multimédia, surtout en conduisant, et l’Eclipse Cross ne fait pas exception.
Par chance, l’écran lui-même est tactile, il répond rapidement aux commandes, et l’interface en soi est claire, conviviale et simple. Il n’y a par contre aucun bouton physique pour ajuster le volume. Mitsubishi ne semble pas avoir appris des erreurs de Honda. On peut toutefois régler le volume par les commandes du volant. Les boutons tactiles, à leur défense, fonctionnent bien. De plus, il est possible d’obtenir la compatibilité Android Auto / Apple CarPlay en option.
Bien que la banquette arrière de l’Eclipse Cross soit somme toute accommodante pour les grandes personnes – surtout en raison de ses ajustements – on ne peut en dire autant au sujet du coffre. Avec ses 1 385 litres d’espace une fois sa banquette rabaissée au plancher, celui-ci est étriqué. Même un VUS sous-compact, comme un Nissan Qashqai, est plus volumineux (1 730 litres). En fait, au sein de sa propre gamme, le Mitsubishi RVR, un véhicule plus abordable, dispose de plus d’espace de chargement (1 402 litres).
En revanche, l’Eclipse Cross profite de l’une des meilleures garanties de l’industrie. Sa moyenne de consommation route/ville de 8,6 L/100 km est concurrentielle, et si l’on se fie à la réputation de fiabilité de Mitsubishi, votre Eclipse Cross risque de vous servir longtemps sans trop avoir de pépins mécaniques.
Un conseil : tenez-vous loin des déclinaisons mieux équipées, car elles sont beaucoup trop onéreuses. À nos yeux, la meilleure valeur repose dans la déclinaison SE S-AWC, vous permettant de demeurer sous la barre des 35 000 $ tout en recevant quelques options intéressantes.
En somme, le Mitsubishi Eclipse Cross 2019 peut sembler outrageux pour les passionnés de l’automobile, mais il représente un mal nécessaire afin que Mitsubishi puisse solidifier ses bases. Bien qu’il nécessite quelques améliorations avant de voler des ventes à l’élite du segment, c’est un petit VUS distingué, bien assemblé, fiable, et bourré du savoir-faire technique du constructeur. Espérons maintenant que ces efforts nous mèneront à d’autres bolides cool et excitants ornés des trois diamants.