Mazda CX-7, la catégorie remise en cause
Mazda n’est pas un constructeur comme les autres. Non seulement sa direction ne semble pas être affectée outre mesure de devoir opérer dans le giron de Ford, mais elle sait conserver une douce indépendance vis-à-vis des grands patrons de Dearborn. D’ailleurs, Mazda fait souvent cavalier seul et c’est Ford qui emboîte le pas un peu plus tard.
Malgré cela, lorsque la CX-7 a été dévoilée, plusieurs l’ont automatiquement associée au Ford Edge qui fait aussi ses débuts cette année. C’est sans doute pourquoi les dirigeants de Mazda Canada ont précisé que ce modèle n’avait pratiquement rien en commun avec le Edge. En fait, ce dernier s’apparente davantage à la CX-9 également toute nouvelle cette année. Ce modèle fera son apparition à la fin de 2006 et sera capable d’accueillir sept personnes à bord tandis que son vis-à-vis nord-américain ne propose que cinq places. Les deux par contre sont dotés d’un moteur V6. Autre détail concernant la CX-9, elle sera elle aussi assemblée au Japon. Donc, une fois de plus, la compagnie d’Hiroshima n’a pas craint de faire cavalier seul avec la CX-7, un VUS à vocation sportive qui a de fortes chances de venir chambouler la catégorie aussi bien en raison de son stylisme que par son comportement routier.
Le design d’abord
À de rares exceptions, les VUS de cette catégorie lancés à ce jour tentaient d’avoir un air macho avec des formes équarries s’inspirant des gros utilitaires sport capables d’affronter les conditions les plus intimidantes, histoire d’annoncer à vos voisins que vous ne reculez pas devant une randonnée sur des terres hostiles. Mais à Hiroshima, les stylistes ont choisi une attitude diamétralement opposée. Un véhicule peut être pratique et être équipé d’une transmission intégrale mais posséder des lignes élégantes, voire sportives.
C’est la politique qui a été appliquée sur la CX-7 dont la silhouette est fortement inspirée des véhicules à vocation sportive. Il suffit d’ailleurs de la comparer à la RX-8 pour se rendre compte que les deux véhicules ont des airs en commun. Mais puisque la CX-7 affiche des dimensions plus importantes et doit être capable de transporter plus de personnes et davantage de bagages, les stylistes ont adopté une ligne ceinture de caisse qui s’élève vers l’arrière. Cette approche donne beaucoup d’élan à la silhouette et a pour effet de l’affiner. Il est évident que la partie arrière du coupé sport a servi d’inspiration pour celle de la CX-7. Et si ces éléments visuels ne suffisent pas à vous convaincre, l’énorme prise d’air à l’avant est un indice incontestable que cet utilitaire possède également des aspirations sportives. Lors de notre essai, la CX-7 a été reçue avec enthousiasme et la quasi-totalité des gens a émis des commentaires élogieux quant à son allure. Et il est certain que le verdict à propos de l’habitacle aurait été tout aussi positif si ces mêmes personnes avaient pu monter à bord.
Les stylistes ont conservé une apparence similaire à celle proposée sur plusieurs modèles Mazda et l’amalgame est fort bien réussi. C’est ainsi que les buses de ventilation à volets sont semblables à celles utilisées sur plusieurs autres modèles et leur efficacité est sans reproche. Il en est de même de l’éclairage orangé de certains tableaux d’affichage tandis que l’utilisation de pièces contrastantes en aluminium contribue à donner un air sportif et raffiné à la fois. Il faut de plus souligner que la qualité des matériaux est bonne et c’est pareil pour la finition. Toujours dans le but de styliser la présentation au maximum, les trois cadrans indicateurs sont cerclés par une bande de couleur titane, et confinés dans une nacelle fort bien dégagée de la partie supérieure de la planche de bord. Leur consultation est aisée. Ce qui n’est pas le cas du tableau d’information affichant les réglages de la ventilation et de la climatisation. Il est placé dans un espace horizontal logé en partie supérieure de la planche de bord et sa consultation n’est pas facile, surtout en plein jour.
Une authentique Mazda
Les ingénieurs affectés au développement de ce véhicule ont travaillé avec plus de rapidité que d’habitude, tout simplement parce qu’ils ont fait appel à plusieurs composantes mécaniques provenant de différents véhicules existants. Il ne faut pas conclure pour autant que la CX-7 manque d’homogénéité. En fait, c’est tout le contraire. Sur le plan de la mécanique, la CX-7 est un heureux mélange entre les MazdaSpeed6 et la Mazda5 qui est elle-même dérivée de la Mazda3 qui demeure la base principale de la CX-7. C’est ainsi que la suspension avant et les freins sont empruntés à cette dernière. Le moteur et le rouage d’entraînement, quant à eux, proviennent de la MazdaSpeed6. Enfin, pour améliorer le comportement routier, la suspension arrière à bras inégaux est indépendante. Le véhicule offre par conséquent un bon comportement routier et un confort surprenant pour un VUS. Et pour freiner cette sportive des champs, on retrouve des freins à disque ventilés aux quatre roues, une caractéristique qui n’est pas offerte sur plusieurs voitures de sport.
Ces greffes d’éléments mécaniques sont réussies parce que lesdits éléments sont bien harmonisés et ont été modifiés afin de bien remplir leur nouveau rôle. Il faut de plus ajouter que si le moteur propose la même cylindrée que le quatre cylindres 2,3 litres de la MazdaSpeed6, il a été l’objet de nombreuses modifications. Le bloc moteur a même été modifié en vue de cette utilisation plus spécifique. Soulignons au passage que ce moteur est l’un des rares sur le marché à faire appel à l’injection directe, du moins sur un modèle de production. Appelé DISI, pour Direct Injection Sport Induction, ce système assure une combustion plus complète du carburant et un taux de compression plus élevé. Le turbo se manifeste à bas régime, et le refroidisseur d’air est monté directement sur le moteur afin de mieux utiliser l’espace disponible d’une part et de raccourcir le trajet de l’air frais d’autre part. Une seule transmission est offerte, soit une boîte automatique à six rapports. Il est également important de préciser que la transmission intégrale de type Torsen, en provenance de la MazdaSpeed6, est offerte en option même sur la version de base. Pas besoin donc de choisir la version « ultra tout équipée » pour en bénéficier.
Pratique et ludique
Avant de parler du comportement routier proprement dit, il est bon de préciser que le hayon arrière donne accès à une soute à bagages relativement large. Sous ses airs de sportive, la CX-7 peut recevoir beaucoup de bagages. Elle est quelque peu pénalisée par sa silhouette plus sportive que pratique, mais c’est quand même plus que correct. Toujours au chapitre de l’habitabilité, Mazda aime souligner que la CX-7 est vendue à un prix de Honda CR-V et se conduit comme une Nissan Murano. Par rapport à la première, elle est plus spacieuse tandis que la qualité de sa finition est un cran au-dessus de celle de la Nissan.
Passons à la conduite maintenant. La première chose qui nous frappe lorsque le véhicule roule est son moteur silencieux et d’une grande souplesse. Il faut également accorder de bonnes notes à la transmission dont les passages de rapports s’effectuent avec beaucoup de douceur. Il y a bien un certain boom sonore en troisième, mais il s’agit d’une peccadille. Les accélérations et les reprises sont presque similaires à celles d’une berline sport de puissance égale. À cela s’ajoute une direction précise, directe et dont l’assistance est bien dosée. Toujours au chapitre du guidage, le cercle de braquage est extrêmement court pour une intégrale.
La tenue de route est tout aussi bonne que celle d’une berline sport malgré un centre de gravité élevé. De plus, le niveau sonore dans l’habitacle est correct tandis que la suspension n’est pas trop ferme. Les ingénieurs de la compagnie nous ont souligné que ce véhicule était le premier dans l’histoire de ce constructeur à avoir été spécifiquement conçu pour l’Amérique du Nord. Il faut croire qu’ils ont pris l’état de nos routes en considération ! Voilà donc un véhicule fort bien équilibré tant sur le plan de la mécanique que de la conduite. Et la meilleure nouvelle de toutes est que le prix est très compétitif. Celui du modèle GS à traction avant est inférieur à 32 000 $ et il n’est pas nécessaire de choisir une version truffée d’options pour pouvoir commander la transmission intégrale en option. La version GT est pourvue de la même mécanique, mais la liste d’équipements de série est plus étoffée, comprenant entre autres des sièges avant chauffants, un toit ouvrant à commande électrique, des phares à décharge à haute intensité et la liste s'allonge ainsi.
En faisant bande à part de Ford, Mazda n’a pas fait fausse route avec sa CX-7 qui possède tous les éléments pour convaincre les personnes recherchant un véhicule pratique et polyvalent, mais qui ne veulent pas se priver de l’agrément de conduite.
Par contre, j’émets tout de suite des réserves vis-à-vis de l’appellation « Faucon urbain » qui a été utilisée lors du lancement de la CX-7. Je veux bien croire que la « clarté vibrante » de Toyota ou encore le « guépard bionique » utilisé pour identifier la FX35/45 sont sans doute appréciés au pays du soleil levant, mais « par cheu nous », le faucon ne vole pas trop haut. Mieux vaut s’en tenir au marketing « Vroom Vroom », même si c’est à la limite.
feu vert
Moteur nerveux
Traction intégrale en option simple
Boîte automatique 6 rapports
Silhouette élégante
Bon agrément de conduite
feu rouge
Hésitation de la boîte automatique au départ
Centre d’information difficile à lire
Certaines flexions du chassis en conduite
hors route
Visibilité arrière moyenne