Subaru Outback 2019 : la botte Merrell de l’automobile
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Qualifié de véhicule utilitaire au sein de la gamme Subaru, l’Outback est en réalité une grosse familiale surélevée à laquelle on a greffé un rouage intégral.
Quoi que l’on en dise, la formule semble fonctionner pour Subaru, car il s’en est vendu plus de 10 000 au Canada l’année dernière. Polyvalent, passe-partout et somme toute abordable, l’Outback demeure l’une des rares familiales à bien se vendre sur notre marché.
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Pour les amateurs de plein air… et de beige
Il faut avouer qu’il est comique d’apercevoir une grosse familiale beige venir de chez Subaru. Pourtant, le constructeur japonais a longtemps joué la carte du petit rebelle avec ses moteurs Boxer, son rouage intégral intelligent et sa participation marquée dans les courses de rallye.
Subaru a toujours mis l’accent sur ses capacités aventurières, visant principalement une clientèle jeune et active désirant passer ses fins de semaine dans le bois en randonnée pédestre ou sur un lac gelé à pêcher la truite.
L’Outback, bien que relativement ennuyant dans son ensemble, propose exactement ce qu’exige sa clientèle cible. Ses dimensions extérieures se situent entre celles d’un VUS compact et d’un VUS intermédiaire tout en offrant un comportement routier nettement plus intéressant. À l’arrière, son coffre peut accommoder jusqu’à 1 005 litres d’espace, le positionnant entre un Mazda CX-5 (875 litres) et un Nissan Rogue (1 112 litres).
Pour 2019, l’Outback demeure relativement inchangé, si ce n’est de l’ajout de quelques technologies d’aide à la conduite de série et de subtiles retouches esthétiques. Rappelons-le, l’Outback de génération actuelle est déjà avec nous depuis 2015, et une nouvelle génération du modèle sera dévoilée au cours des prochains mois.
En attendant son remplaçant, l’Outback a toujours recours à deux moteurs à plat, soit un quatre cylindres de 2,5 litres d’une puissance de 175 chevaux et un couple de 174 lb-pi, et un six cylindres de 3,6 litres produisant 256 chevaux et 247 lb-pi.
Subaru a tristement retiré la boîte manuelle de la gamme l’année dernière, une caractéristique qui permettait à l’Outback de se démarquer. Seule une boîte automatique à variation continue (CVT) est désormais offerte. Notre modèle d’essai était la déclinaison Limited alimentée par le quatre cylindres et dotée de l’ensemble d’aide à la conduite EyeSight, se vendant à un prix de détail de 40 310 $ (avant les frais de transports et de préparation).
Une chance qu’il y a de la neige
Sur la route sèche, le Subaru Outback ne fait absolument rien pour générer une sensation de conduite quelconque. Son moteur Boxer ne livre ni accélérations intéressantes ni une sonorité enivrante, et l’efficace boîte CVT tire toute l’âme de cette mécanique éprouvée. De plus, la suspension soulevée augmente considérablement l’effet de roulis, même si le moteur est logé très bas dans le compartiment qui lui est dédié.
Autrement dit, l’Outback est très loin d’une WRX sur le plan de la sportivité. Il demeure néanmoins confortable et spacieux. Sa position d’assise est agréable, ses grandes vitres procurent une excellente visibilité et son système multimédia figure parmi l’un des plus conviviaux de l’industrie : simple, efficace et compatible Android Auto/Apple CarPlay. Les touches physiques sont particulièrement pratiques lorsque l’on porte des gants.
Et c’est pareil à l’arrière, où une spacieuse banquette ajustable peut facilement accommoder trois grandes personnes.
Lors de ma période d’essai, j’ai accompagné un ami qui pratique la pêche sur glace. Il connaissait un emplacement près du fleuve Saint-Laurent, pas très loin de Montréal. C’était l’endroit idéal pour mettre à l’essai les compétences de l’Outback, car pour s’y rendre, il fallait franchir un petit chemin enneigé et glacé, pour ensuite se retrouver sur le fleuve gelé.
C’est là que l’Outback nous révèle ses vraies couleurs. Plusieurs constructeurs se vantent d’offrir un rouage intégral innovateur, mais Subaru demeure un chef de file en la matière. La répartition de poids et la conception légère de ses véhicules y sont pour beaucoup, mais ce qui démarque réellement ce fabricant de la concurrence, c’est le fait que son système soit permanent et non réactif.
La plupart des VUS actuels proposent un rouage qui priorise d’abord les roues avant pour ensuite envoyer la puissance vers le train arrière lorsqu’une perte d’adhérence est détectée (réactif). Sur de l’asphalte glissant, c’est bien, mais quand on se retrouve dans une situation un peu plus épineuse, ces systèmes éprouvent parfois une difficulté à bien gérer la surface.
Puisqu’il envoie constamment la puissance aux quatre roues tout en variant l’intensité du couple par l’entremise d’un différentiel central, le système de Subaru se montre plus efficace dans la neige épaisse.
Fidèle, solide, et étonnement frugal avec sa moyenne de consommation d’essence sous la barre des 10 L/100 km, l’Outback se plaisait dans la neige. Il était autant dans son élément qu’une paire de bottes Merrell dans un sentier boueux!
Ceci dit, notre période d’essai a tout de même soulevé quelques mécontentements. Depuis quelques années, Subaru tente d’aseptiser ses véhicules en les équipant de boîtes CVT, en éliminant les boîtes manuelles, et en retirant toutes variantes sport de ses modèles (à l’exception de la WRX).
Subaru vous dira que c’est une réponse à une faible demande de la part des consommateurs, mais pour un constructeur qui prétend viser une clientèle en quête de sensations fortes, une telle décision risque de lui donner une réputation de marque drabe et sans âme.
Et bien que Subaru tente de nous émerveiller avec un paquet de technologies d'aide à la conduite sous le prétexte de la sécurité, le résultat final est un capharnaüm de bruits irritants et d’interruptions choquantes qui gâchent l’expérience autrement gratifiante de conduire une Subaru.
En somme, le Subaru Outback 2019 peut paraître monotone au premier regard, mais sous son allure anodine se cache toujours une bête unique et distinguée.