Lincoln MKT, l'Amérique glamour!
Il y a tout juste cinq ans, on disait peu de bien de Lincoln. En fait, avec une Town Car déconnectée de la réalité et l’échec que constituait la LS, il ne restait à Lincoln que le subtil Navigator pour se défendre sur un marché qui n’en voulait plus. Puis rapidement sont arrivés les modèles MKX et Zephyr (renommé MKZ), suivis de la MKS, ce qui a permis de mettre à la retraite les modèles Town Car et LS. Aujourd’hui, on nous sert une autre nouveauté qui n’a pas son précédent chez Lincoln, soit le multisegment MKT.
Wow! Avouez que pour changer de cap en si peu de temps, il fallait un plan judicieusement concocté. Si ce n’est pas ça, se retourner sur un « dix cenne », je me demande bien ce que c’est! En fait, les choses se sont faites si rapidement que la majeure partie des gens associe toujours la division de luxe de Ford au « gros char quétaine » qui circule autour des aéroports ou qu’on utilise pour les mariages! Le défi de Lincoln, à l’amorce de cette décennie, est donc d’éduquer la clientèle sur sa condition actuelle. Car on le sait, il est facile de ternir sa réputation, mais pour regagner la confiance du public, c’est drôlement plus ardu.
Ceci dit, le succès que connaissent les plus récents modèles de la marque annonce une courbe ascendante de celle-ci au cours des prochaines années. Est-ce que le nouveau MKT permettra à Lincoln de gonfler ses parts de marché? Personnellement, j’en doute. Mais le marché automobile demeure rempli de surprises et ne cesse d’étonner. À preuve, qui aurait pu croire au début du présent millénaire que Porsche grandirait grâce à l’arrivée d’un VUS?
Le nouveau « char » d’Urgel?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le nouveau MKT (dérivé du Ford Flex) fait tourner les têtes. Les stylistes ont assurément joué d’audace en sculptant les lignes de ce nouveau véhicule qui s’adresse en fait à… on ne sait trop qui! La grille de calandre très typée, les feux arrière pleine largeur, la ceinture de caisse crochetée et la forte présence de chrome font de lui un véhicule assurément unique. Toutefois, malgré son élégance qui demeure sujette à discussion, beaucoup, dont moi-même, l’identifient comme le prochain véhicule de service des entreprises de pompes funèbres. Autrement dit, un sacré beau corbillard!
Il faut dire qu’en nous le présentant pour la première fois l’an dernier, les gens de Lincoln avaient levé le voile sur un modèle peint en noir, sur lequel le chrome ne faisait que briller davantage. Avec les glaces teintées, vous devinez facilement l’effet résultant. Chose certaine, voilà un véhicule qui, même peint en gris argenté, ne passera pas inaperçu.
Assemblé au Canada aux côtés des Ford Flex et Edge et du Lincoln MKX, le MKT affiche une qualité de construction qui mérite pleinement d’être mentionnée. Le ficelage très serré des panneaux de carrosserie et des divers éléments décoratifs le confirme d’ailleurs très bien et prouve que Ford met les bouchées doubles pour se tailler une réputation en la matière.
Très différent du Flex à l’extérieur, le MKT retrouve en revanche plusieurs éléments de son cousin à bord. La disposition des accessoires et l’aménagement de la console centrale le prouvent bien, tout comme la façon à la fois unique et ingénieuse de moduler l’habitacle. Heureusement, les stylistes ont tout de même pu laisser libre court à leur créativité, en concoctant par exemple une console centrale fuyante au dessin plus élégant. La planche de bord, les sièges et l’instrumentation ont aussi tous été repensés, en conservant toutefois l’architecture initiale du Flex. Bien sûr, qui dit Lincoln dit touche de luxe, ce qui résulte donc en des cuirs plus somptueux, des plastiques coussinés et de nombreux éléments décoratifs de bon goût. Si vous avez horreur des boiseries, sachez que Lincoln ne vous les impose pas de façon obligatoire.
Devant, au centre ou derrière, le MKT propose un confort de maître. Évidemment, la troisième rangée n’est pas celle que l’on privilégie en premier lieu, mais on y retrouve un confort tout de même supérieur à celui de pareille rangée chez le Buick Enclave. Au centre, les passagers bénéficient non seulement d’un dégagement immense à tous les niveaux, mais aussi de sièges baquets ou d’une banquette dont le confort est exceptionnel. On va même jusqu’à proposer de série des repose-pieds recouverts de moquette. Quant aux places avant, elles sont confortables en tous points. Accoudoirs coulissants réglables, sièges chauffants et ventilés, supports lombaires, tout est en place pour que le périple se fasse comme en première classe.
Au volant, il faut cependant admettre que le réglage limité de la colonne de direction télescopique ne permet pas à tous de trouver la position de conduite idéale. On souhaiterait également bénéficier de plus d’espaces de rangement au centre, ce que propose pourtant le Ford Flex. Oh! Et tant qu’à y être, est-ce qu’on pourrait nous expliquer pourquoi Ford s’acharne à conserver ce damné clavier numérique comme système d’accès sans clé? Si personne d’autre n’offre pareil système, c’est peut-être un signe que l’utilisation n’est pas aussi simple qu’on le prétend!
Ecoboost, la révolution?
Depuis peut-être deux ans, Ford ne cesse de nous parler de cette révolution mécanique que constitue Ecoboost. De quoi s’agit-il en réalité? Tout simplement d’une configuration mécanique semblable à ce qu’offre depuis maintenant trois ans le constructeur BMW. En fait, selon les dires de Ford, Ecoboost constitue une alternative à une motorisation de plus grosse cylindrée qui, par conséquent, aurait été plus énergivore. Dans le cas du MKT, on affirme donc remplacer le V8 (que Ford aurait eu à développer) par le V6 de 3,5 litres (déjà développé), auquel se greffent toutefois deux petits turbocompresseurs. Il en résulte ainsi un moteur qui gagne 30% de puissance, pour une consommation similaire. Et bonne nouvelle, malgré la présence des turbocompresseurs, on peut tout de même alimenter le véhicule avec du carburant régulier. Donc oui, la technologie Ecoboost est bénéfique. Mais avec une consommation de carburant qui oscille tout de même autour de 14 litres aux 100 kilomètres, il est à mon sens un peu déplacé de parler de véhicule vert. Et c’est ce que Ford tente pourtant de publiciser.
Jumelé à une boîte automatique à six rapports et à la traction intégrale, le moteur Ecoboost offre une puissance franchement impressionnante. Non seulement les performances sont musclées, mais la souplesse et le couple généreux permettent d’obtenir une conduite encore plus raffinée. Cette motorisation (additionnée de jantes de 20 pouces) exige toutefois un supplément de 3400$ par rapport au V6 de 3,7 litres qui, tout compte fait, fait aussi du très bon boulot.
Silencieux et extrêmement confortable, le MKT propose une conduite à la fois dynamique et aseptisée. En fait, si l’impression d’une conduite feutrée se fait sentir, on réalise tout de même que les larges voies du véhicule lui permettent d’être bien assis et donc, très stable, même en virage. Il est également surprenant de constater à quel point la structure de ce véhicule est rigide. Car en circulant sur des routes passablement accidentées, jamais on n’a pu percevoir l’ombre d’un bruit de caisse. Voilà aussi un signe d’une construction de qualité.
Pour qui, pourquoi?
Pourquoi? Parce que le MKX n’offre que cinq places et qu’il semble aujourd’hui que la présence d’une troisième rangée de sièges soit nécessaire pour plusieurs, même si l’acheteur n’a pas d’enfants! Pour qui? Même Lincoln semble avoir du mal à répondre à cette question. On se contente simplement de répondre qu’il s’agit d’une clientèle niche souhaitant bénéficier de tous les attraits d’un véhicule moderne, tout en ne faisant pas de compromis au niveau de l’espace et du luxe. Ça, on l’avait compris. Mais si Cadillac a laissé tomber son SRX à sept places pour le relancer comme rival direct du Lincoln MKX, ne faut-il pas comprendre que ces gros multisegments de luxe n’ont pas la cote qu’on voudrait qu’ils aient? Et ça, c’est sans compter l’échec de la Chrysler Pacifica! En fait, seul l’avenir dira si Lincoln a eu raison. Sauf qu’une chose est certaine, on nous propose ici un produit dont le rapport qualité/prix est nettement supérieur à celui de la Pacifica et du précédent SRX.
Feux verts
Qualité de construction indéniable
Moteur Ecoboost performant
Confort royal
Comportement routier impressionnant
Prix raisonnable
Feux rouges
Des allures de corbillard…
Visibilité quelconque
Consommation considérable
Manque d’espaces de rangement à l’avant
Système d’accès sans clé d’une Aerostar (!)