Lincoln MKS, « Américainement » vôtre
La marque Lincoln l’a trouvé, son style. Ou retrouvé, devrions-nous dire. Elle l’a trouvé dans une espèce d’américanisation bien contemporaine qui la distingue agréablement des autres marques. Mieux que pour tout autre modèle Lincoln, c’est avec la grande MKS que cette différenciation prend sa mesure. À surveiller dès cet automne : encore plus de puissance sous le capot avec l’arrivée du nouveau moteur biturbo Ecoboost doté de l’injection directe.
En livrée noire avec appliqués de chrome, la MKS en impose, en partie parce que sa calandre s’inspire du prestige d’antan de la Lincoln Continental 1941. En plus d’être élégante, elle est moderne, bien proportionnée et elle fait tourner les têtes. Et pas que les têtes blanches : les jeunes têtes se retournent, également. Pas mal pour une marque qui vieillissait mal il n’y a pas si longtemps et qu’on a un jour pensé voir disparaître…
Facile et logique
La première expression de cette américanisation contemporaine, et sans doute la plus importante, réside dans l’habitacle. Pour ce dernier, pas de surenchère de « pitons » qui rappelle une cabine de pilotage et pour laquelle on doit se référer au manuel du propriétaire. Au contraire, les commandes sont logiques, bien disposées et faciles d’utilisation, le tout dans une composition actuelle, expressive et très agréable au coup d’œil. Aussi, le système de navigation est l’un des plus complets et des plus simples à apprivoiser de toute l’industrie. Sur les autoroutes états-uniennes, le service « Travel Link » (malheureusement non disponible au Canada) prévient des chantiers de construction et des limites de vitesse à respecter, tout en indiquant que tel poste Sirius diffuse telle ou telle chanson. L’info est répartie dans un affichage clair et instinctif, facile à configurer par l’écran tactile. Pas de manette à pousser, tourner ou triturer : bravo. Comme rien n’est parfait, mentionnons cependant que la caméra de recul met du temps à s’initialiser. Elle retransmet les images plusieurs longues secondes après que le conducteur ait amorcé – et souvent terminé – sa manœuvre. C’est trop long et c’est d’autant plus dommage que cette aide au recul est nécessaire afin de pallier visuellement à la haute ligne de coffre.
Toujours au chapitre « intérieur », soulignons l’excellente insonorisation; du « A-1 », dirait votre garagiste. Partout, les matériaux sont souples et doux au bout des doigts, bien assemblés. L’atmosphère est enveloppante sans être « pépère » pour autant. On aime que les sièges avant soient chauffants et ventilés de série, que la banquette soit elle aussi chauffante de série et que le volant soit à la fois inclinable et télescopique. Les grands gabarits apprécient le confort des sièges avant, mais les « petits modèles » trouvent le soutien lombaire positionné trop haut. Personnellement, je n’ai pas réussi à trouver la bonne position de conduite et après moins d’une demi-heure de trajet, le bas du dos me le faisait savoir. À l’arrière, les places sont spacieuses et le coffre l’est tout autant, avec ses 521 litres de chargement. Par contre, la banquette n’accepte pas de se rabattre, ce qui aurait permis d’offrir encore plus d’espace, mais bon.
Posée, mais pas « mon’oncle »
Depuis son lancement à l’été 2008, la MKS mise sur un V6 de 3,7 litres dérivé du Ford Edge. La motorisation produit ici 273 chevaux (275 avec de l’essence super), dans une puissance mature et linéaire. Pas d’accélérations endiablées qui nous collent au siège, plutôt un comportement posé en vitesse de croisière et énergique lorsque requis en dépassement. La boîte automatique à six rapports les passe manuellement (grâce aux palettes montées au volant), mais sachez qu’elle fait mieux son boulot lorsqu’on ne s’ingère pas dans sa course; les réactions sont alors plutôt lentes et en décélération, la douceur n’est pas toujours exemplaire.
Si la MKS partage sa plateforme (modifiée) avec la Taurus, elle compte sur une suspension arrière qui lui est propre et qui parvient à un bon compromis entre fermeté et confort. Elle ne fait pas dans le « sport », mais elle ne fait pas dans le « mon’oncle » non plus. Elle assure une bonne tenue de route, surtout avec la traction intégrale. Sa direction est précise, de bonne connexion avec le bitume et avec juste ce qu’il faut d’assistance. Voilà qui ajoute à cette belle personnalité américaine qu’on lui reconnaît et qui ne tente pas de reproduire l’athlétisme des Allemandes.
Alors que d’autres berlines de luxe veulent impressionner à grand renfort de technologies avant-gardistes, la MKS se contente d’offrir ce qui est logique, pratique et prouvé. Elle propose le déverrouillage et le démarrage à distance – on aime! Aussi, le régulateur de vitesse intelligent (qui tient compte de la vitesse du véhicule précédent) est particulièrement apprécié sur les grands axes achalandés. Qui plus est, il est facile à engager et tout aussi facile à régler selon ses besoins.
Biturbo et injection directe
Cet automne, la MKS reçoit une seconde motorisation : un nouveau V6 (3,5 litres) biturbo à injection directe, pour 355 chevaux et 350 lbs-pi. Cette variante ne sera proposée qu’en traction intégrale. On nous promet la puissance d’un V8 et la frugalité d’un V6. Le moteur de base n’est pas piqué des vers, mais ce nouveau moteur Ecoboost donnera encore plus de vigueur à celle qui fait quand même osciller la balance à presque 2000 kg.
On a beau dire que la concurrence de la MKS a pour nom les Lexus G350, Infiniti M35 ou Cadillac STS, difficile de comparer la grande berline avec qui que ce soit. Elle a su développer une personnalité moderne qui lui est propre et qui se démarque, de quoi perpétuer l’héritage Lincoln.
Feu vert
Habitacle moderne et bien conçu
Système de navigation des plus simples
Régulateur de vitesse vraiment intelligent
Sièges chauffants et ventilés (à l’avant) de série
Feu rouge
Banquette qui ne se rabat pas
Passages manuels lents
Décélérations pas toujours exemplaires
Caméra de recul inefficace
Soutien lombaire mal positionné