Chevrolet Blazer 2019 : vol d'identité
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SAN DIEGO (Californie) – Chevrolet nous avait invités en Californie pour faire l’essai d’un nouveau véhicule multisegment à cinq passagers. On nous parlait d’un concurrent direct à un Nissan Murano, un Honda Passport ou un Ford Edge, et qu’il pourrait incarner trois « personnalités » différentes. On nous a ensuite bourré le crâne au sujet de son design, sa technologie et sa sportivité.
Étrangement, ce nouveau VUS portait l’écusson d’un autre véhicule. Pourquoi était-il inscrit « BLAZER » sur ses portières?
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La force d’un nom
Le nom Blazer remonte à loin. Introduit en 1969 comme véhicule aventurier basé sur une camionnette, il avait comme but d’affronter des véhicules hors route comme le Jeep CJ, le Ford Bronco et l’International Harvester Scout.
Et ça a perduré longtemps. Au début des années 90, le Blazer fut tellement populaire que General Motors en vendait deux, un petit et un gros. Même rendu à la fin de sa carrière, où il fut dépassé par la nouvelle gamme de petits VUS moins énergivores – Toyota RAV4, Honda CR-V – le Blazer demeurera une véritable machine de hors route, capable de verrouiller ses deux différentiels au besoin et d’envoyer sa puissance vers le train arrière.
Le nouveau Blazer ne fait rien de tout ça.
Certes, on a affaire à quelque chose de très différent, une machine urbaine, « dynamique » et stylisée d’un pare-chocs à l’autre. Et, honnêtement, il n’est pas laid du tout. Fait cocasse : les deux designers à la tête de l’équipe de stylistes du Blazer sont coréens.
Nous avons demandé à l’ingénieur principal du projet si Chevrolet commercialisera une déclinaison hors route du Blazer. Il nous a rapidement arrêtés en répliquant que le Colorado ZR2 existe pour cela. Le constructeur n’a donc aucun projet aventurier pour ce véhicule. Son nom n’est rien de plus qu’un symbole de marketing.
Le sportif du groupe
Toutefois, si l’on observe le Chevrolet Blazer 2019 d’un autre angle, positionné dans le segment des VUS intermédiaires à cinq passagers, il se débrouille étonnamment bien. À vrai dire, si vous aviez à choisir entre un Blazer, un Nissan Murano ou un Ford Edge, on vous recommanderait d’opter pour le Chevrolet.
L’une des raisons est sa motorisation. Deux moteurs l’alimentent, soit un quatre cylindres de 2,5 litres d’une puissance de 193 chevaux et un couple de 188 lb-pi, soit un V6 de 305 chevaux et un couple de 269 lb-pi. Remarquez que ces deux moteurs sont de type atmosphérique et sans turbo. C’est voulu, afin d’améliorer les temps de réaction lorsque l’on enfonce l’accélérateur.
Même chose au niveau de la boîte de vitesses. Pas question d’équiper ce VUS d’une automatique à variation continue, mais plutôt de l’excellente boîte à neuf rapports développée par General Motors, la même que l’on retrouve dans l’Equinox et le Traverse.
Le rouage à traction vient de série avec le moteur quatre cylindres. La transmission intégrale n’est disponible qu’avec le moteur V6, mais il est toutefois possible d’opter pour un Blazer V6 muni du rouage à traction. Au moment d’écrire ces lignes, Chevrolet n’a pas de projets d’électrification pour son nouveau VUS.
Trois déclinaisons, ou, comme Chevrolet aime les nommer, trois « personnalités » sont de la partie : Blazer, Premier et RS. Le dernier est le plus sport du groupe, agrémenté d’un système de vectorisation du couple, du moteur V6, d’une suspension repensée et de freins surdimensionnés, sans oublier son allure nettement plus distinguée.
Étant donné qu’il est le plus intéressant de la gamme, c’est avec lui que nous avons passé la majorité de notre séjour.
La Camaro des VUS?
Si vous trouvez que le Blazer ressemble étrangement à une Camaro soulevée, ce n’est pas une coïncidence. On a vraiment tenté de produire un utilitaire qui met l’accent sur la dynamique de conduite. Bien qu’il partage sa plate-forme avec le GMC Acadia, la voie avant du Blazer est plus large que celle de son cousin de 158 mm. Côté proportions, il est de la même hauteur qu’un Equinox, mais aussi large qu’un Traverse.
Ce qui en résulte est un centre de gravité nettement plus bas, permettant au véhicule d’être mieux ancré au sol que ses concurrents. Sur la route, la Blazer RS nous a surpris en attaquant une courbe avec vigueur, sans faire crisser ses pneus ni présenter d’effet de roulis néfaste. En sortie de virage, il était fréquent pour nous d’enfoncer l’accélérateur afin d’expérimenter le système de vectorisation du couple, qui colle davantage le bolide au sol.
Nous étions étonnés de pouvoir en faire autant au volant d’un VUS. Au chapitre du comportement routier, le Blazer RS est dans une ligue à part, au même titre que le Ford Edge ST.
Et quel moteur! Le V6 réagit non seulement rapidement quand on enfonce la « pédale à gaz », mais il adore révolutionner et émet une sonorité musclée nous forçant de répéter l’expérience. La boîte de vitesses, de son bord, exécute nos commandes sans la moindre faille. Rares sont les boîtes automatiques capables de rétrograder trois fois en un seul mouvement de pédale. Celle de GM le fait à merveille.
Le thème de la sportivité se poursuit dans l’habitacle où l’on retrouve les mêmes énormes voûtes d’aération circulaires que dans la Camaro. La planche de bord est stylisée, bien assemblée, et les commandes sont faciles d’accès et intuitives, sans oublier le système multimédia MyLink qui demeure un chef de file en matière d’ergonomie et de technologie. Android Auto, Apple CarPlay, Spotify, Teen Driver, et même une borne Wi-Fi (sous abonnement). Tout y est.
Pour ce qui est des tâches quotidiennes d’un utilitaire, encore une fois, le Blazer ne déçoit pas. S’il est équipé d’un ensemble remorquage, il peut tirer jusqu’à 4 500 livres (2 041 kg). Certes, c’est un tantinet moins élevé qu’un Honda Passport (5 000 lb / 2 267 kg), mais tout de même supérieur à un Nissan Murano (1 499 lb / 680 kg) et un Ford Edge (3 500 lb / 1 588 kg). Même lorsqu’il est alimenté par le moteur quatre cylindres, le Blazer peut tirer 1 500 lb (680 kg).
Cependant, bien que son habitacle soit spacieux compte tenu de ses dimensions extérieures, l’espace de chargement total du Blazer (1 818 litres) est un peu plus petit que celui d’un Murano (1 897 litres) et nettement inférieur à celui d’un Edge (2 078 litres).
Mais bon, il ne peut pas être parfait. De toute manière, le Chevrolet Blazer 2019 repose dans un segment où les consommateurs ne semblent pas trop savoir ce qu’ils veulent – ni une voiture ni un camion. Au moins, il livre la marchandise sans être trop maladroit.
Côté technique, c’est un véhicule réussi, performant et au point, un VUS qui risque de bien se vendre et de décrocher quelques prix de la part des médias automobiles. Il ne porte juste pas le bon nom.