Lexus SC 430, quand perfection rime avec ennui
Cela fait déjà quelques années que les rumeurs envoient la SC430 au cimetière des voitures qui ont connu l’insuccès. Mais, ce coupé cabriolet revient à chaque millésime comme si de ne rien n'était et sans vraiment bénéficier de quelque modification que ce soit. Les raisons qui poussent la division Lexus à continuer avec ce modèle qui ne connaît pas une grande diffusion demeurent mystérieuses. À chaque Salon international de l'auto, plusieurs journalistes en mal de nouvelles annoncent en primeur que Lexus dévoilera une nouvelle version de la SC430, mais c’est peine perdue !
Il faut dire que Lexus n'a jamais remporté beaucoup de succès avec ses modèles coupés. Certains d'entre vous doivent se souvenir de la désolante SC400 qui n’avait pas grand-chose à offrir de positif. Sa silhouette était banale, sa tenue de route quelconque et l'agrément de conduire était assez faible. On ne s'est pas découragé et on a remis cela avec le SC430 qui se voulait une réplique directe à la Mercedes-Benz SL 550. Mais à part la présence d'un moteur V8 sous le capot et d'un toit rigide escamotable, la comparaison ne va pas tellement loin.
Design nautique
Je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose dans les formes de cette japonaise de luxe qui me rappelle une embarcation. En effet, une fois le toit baissé, je ne puis m'empêcher de songer aux anciens yachts en bois, autrefois si populaires sur les lacs du Nord de l'Ontario. Vous pourrez trouver la ressemblance qui vous plaît, mais je persiste : la silhouette de cette voiture est vraiment moche ! En effet, elle serait anonyme si elle n'était pas aussi laide avec sa partie arrière en rondeurs, affublée d'un petit béquet vissé sur le coffre à bagages et qui ne convient même pas à l'ensemble de la voiture. Il semble avoir été mis là pour donner un peu plus de piquant à des lignes qui sont vraiment impersonnelles. Mais je le répète, les goûts et les couleurs sont des choses qui ne se discutent pas. Je connais même une personne qui a acheté cette voiture parce qu'elle la trouvait jolie ! Mais compte tenu de sa faible diffusion, on peut conclure que la majorité des gens partage mon avis quant à l'esthétique de ce luxueux coupé...
Comme il se doit, la qualité de la finition et de l'assemblage est impeccable. D'ailleurs, dans le cadre d'une visite chez un prestigieux constructeur européen, on a visité une salle appelée « chambre finesse » où l'on peaufinait la finition. Le but était d'offrir la même qualité de fabrication que le modèle étalon qui était cette Lexus. Mais il faut autre chose que la qualité de la finition pour réussir sur ce marché.
Même si le tableau de bord est relativement vieillot par rapport à celui des voitures plus récentes, les amateurs de boiseries exotiques, de cuirs fins, de nombreux gadgets et de sièges confortables seront conquis par la SC430. Bien entendu, les cadrans à éclairage électroluminescent font toujours leur effet.
Malgré tout, lorsque comparée à une Mercedes SL550, cette présentation a du plomb dans l'aile. Par ailleurs, comme la belle allemande, le toit rigide s'escamote en quelques secondes dans le coffre à bagages, mais vient gruger une bonne partie de l'espace de chargement une fois qu'il est en place... En ce qui a trait à l'habitabilité, les places avant sont correctes tandis que les petits sièges arrière sont symboliques tout au plus et ne serviront qu’à y déposer quelques paquets lors de vos emplettes.
Sportifs s'abstenir
Sur le site Internet de Lexus, on qualifie ce modèle de coupé sport. Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. Il est vrai que c'est un coupé, et un cabriolet par la même occasion une fois le toit remisé dans le coffre, mais oubliez immédiatement toute ambition sportive de la part de cette voiture. Bien entendu, il est toujours possible d'appuyer sur le champignon et de rouler à haute vitesse. Le moteur V8 4,3 litres de 288 chevaux est en mesure de boucler le 0-100 km/h en 6,5 secondes, ce qui n'est pas à dédaigner. Soulignons au passage que ce moteur est très doux et très silencieux, tandis que la boîte automatique à six rapports auquel il est relié est d'une grande efficacité et les passages de rapport sont à peine imperceptibles.
Mais les qualités routières de ce modèle s'arrêtent là ou presque. Bon, d’accord, j'exagère. Roulez à vitesse légale sur les grands boulevards ou sur des routes dont le revêtement est en bonne condition et vous apprécierez cette auto. Néanmoins c'est vraiment autre chose dès qu'on pousse la mécanique... En premier lieu, la suspension est inutilement ferme car elle ne semble apporter rien de positif en fait de tenue de route. Cette rigidité la fait sautiller sur les imperfections de la route mais n'empêche pas la voiture de souffrir d’un roulis prononcé en virage. En outre, la direction est trop assistée et son feedback est quasiment nul. En résumé, il est plus sage de profiter du luxe de cette voiture, de la douceur de son moteur et du confort d'un toit rigide par mauvais temps que de tenter de jouer les pilotes agressifs à son volant. D'ailleurs, à voir le profil des gens qui s’achètent une telle voiture, il est fort peu probable qu'ils conduisent tels des pilotes de course…
En conclusion, cette voiture n'est ni élégante, ni sportive, ses principales qualités sont une fiabilité extraordinaire, une finition impeccable et une insonorisation de bon aloi qui s'explique en bonne partie par la grande douceur du groupe propulseur. Son prix de détail suggéré est sans doute justifié par une qualité de fabrication vraiment supérieure à la moyenne, mais si en contrepartie on considère ses prestations routières décevantes, on peut conclure que le rapport agrément de conduite/prix n'est pas très fort.
Feu vert
Finition impeccable
Habitacle cossu
Équipement complet
Moteur silencieux
Toit rétractable étanche
Feu rouge
Faible diffusion
Avenir incertain
Tenue de route décevante
Silhouette excentrique
Prix élevé