Buick Lucerne, toujours entre deux générations
Dans la dernière édition du Guide, je soulignais que la Buick Lucerne était coincée entre deux générations. Elle se voulait l’héritière des prestigieuses Buick de jadis tout en faisant appel à une plate-forme plus ou moins moderne héritée de la Cadillac DTS, elle-même un ancien modèle requinqué tant bien que mal. La situation est demeurée la même cette année. Et pas besoin de vous donner beaucoup d'explications, vous avez compris que les déboires financiers et la restructuration de General Motors ont accordé peu de temps et de budget pour moderniser ce modèle.
Cette fois, ce n’est pas la Lucerne mais la Buick Allure qui bénéficie d'une totale métamorphose. Et comme vous pourrez le constater en lisant notre essai dans cet ouvrage, c’est fort prometteur en fait de voiture de luxe. Si le nouveau General Motors, supervisé par le gouvernement américain, a laissé tombler plusieurs marques (Saturn, Saab, Hummer, Pontiac), Buick demeurera un des piliers de l’entreprise puisqu’elle jouit toujours d'une grande popularité et d’un immense prestige dans des pays émergents. Dans le futur, Buick aura plus de moyens et de ressources financières pour développer des voitures à la hauteur du prestige de la marque.
Une belle inconnue
Tentez de vous rappeler si vous avez déjà croisé une Lucerne sur la route. Pensez-y bien et même avec la meilleure volonté du monde, il se peut que vous ne vous souveniez pas de cette voiture. Ce n'est pas surprenant, puisque les stylistes ont voulu en faire une voiture de classe et se sont surtout attardés à une grille de calandre chromée et des extracteurs d’air montés sur les ailes. Il ne faut pas oublier de mentionner que la Lucerne, avec un empattement de 5 161 mm, est dans la catégorie des Mercedes-Benz de Classe S, c'est tout dire. Ne sautez aux conclusions, cette Buick n'ira pas inquiéter la grande dame de Stuttgart.
Avec sa silhouette très anonyme, cette voiture ne se démarque pas dans la circulation. Avis aux personnes qui veulent passer inaperçues. Pourtant, il suffirait de peu pour que cette simplicité soit reconnue à sa juste valeur. Une certaine répartition des formes, quelques détails ici et là et le tour serait joué. Heureusement, on a apporté des changements aux parois latérales par le biais d'appliques qui donnent un peu plus de relief, tandis que la partie avant des modèles CX et CXL bénéficie de quelques emprunts effectués auprès de la Super, le modèle le plus luxueux de la famille Lucerne. Il ne faut cependant pas se surprendre si les modifications introduites pour 2010 sont assez modestes étant donné que la compagnie a failli fermer ses portes.
Un détail en passant, le coffre est spacieux et le seuil de chargement est relativement bas. Par contre, les dossiers arrière ne peuvent se rabattre, un oubli quasiment inexcusable de nos jours. En contrepartie, la rigidité de la carrosserie est ainsi assurée. Concernant l’habitacle, nous avons peu de chose à en dire si ce n'est qu’il est assez vaste, que les sièges sont confortables mais sans support latéral et que la présentation du tableau de bord est d'une extrême simplicité. Contrairement à la tendance actuelle qui assure la prolifération de boutons de toutes sortes, c'est le dépouillement total. Cette année, les cadrans sont rétroéclairés. Puisque les acheteurs aiment bien leur confort, il est possible de commander un volant chauffant. Ce qui ne garantit pas une meilleure position de conduite pour autant et celle-ci est loin d'être parfaite. En plus, la division Buick n’a pas encore aboli les plastiques durs dans l'habitacle, ce qui ne sied pas tellement à une voiture de cette catégorie.
Lacunes et qualités
Commençons donc par les éléments positifs de cette voiture au chapitre de la mécanique. Bien que la plate-forme de cette grosse traction soit moins sophistiquée que celle des propulsions de luxe de General Motors, elle est suffisamment rigide pour offrir une tenue de route correcte. D'autant plus que sa suspension indépendante aux quatre roues accomplit du bon boulot. Et si vous êtes de ceux qui ne veulent rien entendre des directions assistées par un système magnétique, les versions CX et CXL proposent une assistance hydraulique pour la direction tandis que la version Super est équipée d'une direction à assistance magnétique. Toujours parmi les éléments positifs, il faut mentionner la possibilité de commander la version Super qui est propulsée par un moteur V8 de 4,6 litres produisant 292 chevaux. Ce moteur est de conception mécanique moderne avec un bloc en aluminium, une culasse 24 soupapes et un système de gestion du moteur très sophistiqué. L'autre moteur disponible, sur les versions CX et CXL, est un V6 de 3,9 litres qui remplace le vénérable V6 3,8 litres. Avec son bloc en fonte, ses soupapes en tête et une puissance de 227 chevaux, il ne sied pas tellement à cette catégorie tant en fait de performance que de raffinement mécanique. Autre bémol quant à la mécanique : la présence d'une boîte automatique à quatre rapports seulement, peu importe le modèle que vous choisissez. Quand on sait que certains modèles de ce même constructeur sont vendus beaucoup moins cher et possèdent une boîte à six rapports, on est en mesure de s'interroger sur la pertinence de cette transmission sur une voiture supposément de luxe...
Parlant de luxe, si vous préférez une suspension souple et une insonorisation poussée, vous apprécierez cette Buick dont la suspension a surtout été conçue pour une performance optimale à des vitesses légales sur les grands boulevards et sans jamais vous surprendre par un écart de conduite. Par contre, si comme on le dit dans le jargon des automobilistes québécois on « brasse » un peu la voiture, cette grosse américaine perd rapidement de sa prestance en chassant de l'arrière, ce qui est assez insolite pour une traction. Mais si vous vous en tenez à une conduite normale et raisonnable, vous allez aimer cette Buick. Pour terminer, sachez que sa cote de fiabilité a toujours été excellente, et ce, même comparée aux japonaises les mieux cotées.
Feu vert
Moteur V8
Prix compétitif
Bonne habitabilité
Équipement de série complet
Banquette arrière spacieuse
Feu rouge
Moteur V6 à remplacer
Transmission quatre rapports
Position de conduite bizarre
Roulis en virage
Direction engourdie