Volkswagen Jetta 2019 : Americana
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Lorsque la nouvelle génération de la Volkswagen Jetta fut dévoilée au Salon de Detroit plus tôt cette année, nous étions tous ravis d’apprendre qu’elle serait elle aussi assemblée sur la plate-forme MQB du constructeur, celle qui supporte également la Golf et plusieurs autres produits Audi. À nos yeux, il était grand temps que la Jetta hérite du même comportement routier que sa sœur, qui, après tout, n’est que la même voiture, mais avec un coffre!
Pas exactement. À vrai dire, notre période d’essai avec la dernière mouture de la Jetta nous a révélé deux éléments importants. Uno, la Jetta n’est pas une Golf, loin de là. Deuxio, elle n’est plus vraiment une Volkswagen dans le sens du terme, mais plutôt une excellente berline américaine.
- À lire aussi: Honda Civic Si 2018 : différente, mais loin d'être incompétente
- À lire aussi: Toyota Corolla Hatchback 2019 : enfin, la Corolla que l'on a demandée!
MQB, mais…
Depuis quelque temps, la Jetta joue un rôle différent chez Volkswagen. Elle a le mandat d’être la voiture la plus abordable de la gamme, une riposte, si l’on veut, aux voitures coréennes avec leurs prix accessibles et leurs listes d’options bien garnies.
Afin de réduire les coûts d’assemblage au minimum, la Jetta se voit équipée de composantes mécaniques différentes de la Golf, comme une géométrie de suspension, des freins et même des groupes motopropulseurs.
L’arrivée de la plate-forme MQB chez la Volkswagen la moins dispendieuse est donc une bonne chose, car depuis qu’elle joue la carte de la « Volks pas chère », la Jetta manquait de dynamisme par rapport à la Golf – celle qui demeure la petite bagnole allemande hypersolide, sportive et amusante à conduire.
Hélas, bien que sa plate-forme ait été modernisée, la suspension arrière de la Jetta 2019 est équipée d’une poutre transversale, contrairement à la suspension indépendante de sa sœur. Le résultat est une compacte plus molasse que l’on aurait espéré, mais ça, nous en reparlerons.
En revanche, la Jetta mise sur le confort, l’espace et la technologie afin de plaire à sa clientèle majoritairement américaine. Bien qu’elle partage le même base qu’une Golf, son empattement a été allongé à 2 680 mm – soit 50mm de plus que sa sœur – faisant d’elle la plus grosse berline compacte sur le marché, avec une longueur totale de 4 700 mm. Oui, la Jetta est même plus grosse que la Honda Civic (4 631 mm)!
Côté moteur, la Jetta vient avec sa propre motorisation, soit un quatre cylindres turbo de 1,4 litre d’une puissance de 147 chevaux et d’un couple de 184 lb-pi (ce moteur se retrouvera aussi dans la Golf en 2019). Il peut soit être associé à une boîte automatique à huit rapports, soit à une boîte manuelle à six rapports. Contrairement à la Golf qui vient avec le rouage intégral 4MOTION dans sa déclinaison SportWagen, seul le rouage à traction est disponible pour la Jetta.
On s’éloigne d’une voiture allemande
Alors, si vous vous attendez à ce que la Jetta 2019 se comporte comme une Golf « berline » ou une bonne vieille Jetta d’autrefois (MKIII / MKIV), détrompez-vous, car le résultat final est décevant.
Cette mouture n’est aucunement sportive, mais plutôt molle, rebondissant sans hésitation dès la moindre imperfection de la route, l’arrière sautillant à la sortie d’une courbe prononcée en raison de la poutre en acier qui s’occupe de tenir ses deux roues arrière en place. Et sa masse nette de 1 300 kg ne l’aide pas à être agile, sans oublier le fait qu’elle soit imposante, ce qui la rend plutôt maladroite en ville.
Il faudra attendre la déclinaison GLI, prévue l’année prochaine, pour une véritable dynamique de conduite.
Toutefois, si on la considère en tant que berline abordable, on se rend rapidement compte que l’on en reçoit beaucoup pour notre argent. Son habitacle est spacieux, confortable et remarquablement bien insonorisé pour le créneau. Le nouveau tableau de bord entièrement numérique permettant de personnaliser l’affichage à notre guise est au goût du jour. Rien à dire non plus au sujet du système multimédia presque totalement tactile, qui incorpore à la fois Android Auto et Apple CarPlay, sous une interface claire et intuitive.
Le moteur 1,4 litre a aussi ses propres qualités. Il est étonnement « punché », surtout à bas régime, permettant à la Jetta de réaliser des accélérations intéressantes. La boîte de vitesses est d’une douceur digne de mention et passe d’un rapport à l’autre rapidement, rappelant certains systèmes à double embrayage. Et tout au long de notre essai, en hiver, il n’a pas été trop difficile de nous tenir sous la barre des 7,5L/100 km en moyenne, ce qui est très bon pour une compacte.
Autre détail important, le fait que Volkswagen offre encore la Jetta avec une boîte manuelle nous démontre qu’elle n’a pas oublié ses racines sportives, même si elle manque de dynamisme.
Alors oui, dans son ensemble, la Jetta est une bonne voiture abordable. À part une qualité d’assemblage parfois douteuse et un design anodin – autant à l’extérieur que dans l’habitacle –, on fait une bonne affaire en l’achetant. Cependant, Volkswagen nous fait comprendre sans ambages que la Jetta est son auto la moins dispendieuse.
Les consommateurs ne sont pas des idiots
Tout cela étant dit, nous ne pouvons nous empêcher d’être déçus de cette dernière Jetta. Ce n’est pas ce que l’auto représente dans son ensemble qui nous navre. C’est plutôt le fait qu’elle ne profite pas du savoir-faire technique attendu d’une Volkswagen.
Comparativement à la Golf, sa banquette arrière ne dégage que 4 cm de plus pour les jambes, malgré sa plate-forme très allongée. Et le dégagement pour la tête est près de 2 cm plus bas que chez sa sœur. De plus, bien qu’elle soit la plus grosse berline compacte sur le marché, son coffre de 399 litres est plus petit que celui d’une Civic (428 litres). Et n’oublions pas qu’une Golf, avec son énorme et polyvalent hayon, ne coûte qu’environ 2 000 $ de plus.
Bref, si la Jetta 2019 avait été développée par les Allemands, comme il se doit, à quel point aurait-elle été réussie? Hélas, elle semble plutôt avoir été pensée par des Américains. Le résultat : une berline comme les autres, une bagnole qui est bonne, sans être excellente.