Honda CR-V, on pardonne tout à certains
Au secondaire, Jean-Guy n’était pas le pire ni le meilleur de la classe. Pas le plus beau non plus. De l’entregent juste ce qu’il fallait quand il avait besoin de se sortir d’une mauvaise passe. Sinon, il pouvait vous envoyer promener. Mais les gens l’aimaient. Peut-être plus à cause de son nom de famille qui, dans notre coin de province, fait référence à des générations de travailleurs acharnés qui avaient fini par faire fortune. Le Honda CR-V n’est pas le pire ni le meilleur VUS. Pas le plus beau non plus…
On ne peut pas dire du CR-V qu’il est parfait. Loin s’en faut! Mais même sans posséder des qualités exceptionnelles, il finit toujours par se faire apprécier. Tout d’abord, mentionnons que les dimensions du CR-V sont à peu près parfaites. Même s’il se rapproche davantage des compacts-mais-presque-intermédiaires Hyundai Santa Fe et de l’ennemi juré, le Toyota Rav4, le CR-V semble plus petit qu’il ne l’est en réalité. Ses dimensions extérieures se reflètent dans l’habitacle, vaste, et dans le coffre qui peut contenir entre 1011 et 2064 litres selon que les dossiers de la banquette arrière sont relevés ou abaissés, une des meilleures cotes de la catégorie. Par contre, une feuille de 4x8 ne peut prendre place sur le plancher, même si c’est de peu.
Si les lignes du CR-V ne font pas l’unanimité, surtout la partie avant, le tableau de bord, lui, ne semble pas se trouver beaucoup d’ennemis. Oh!, on ne parle pas ici d’un design digne de Rembrandt (je pencherais plus pour un style terre-à-terre genre Sico), mais les jauges se consultent facilement, les boutons sont à la fois aux bons endroits et faciles à comprendre et les espaces de rangement sont nombreux, ce qui est toujours apprécié en ces temps de iPod, d’oreillettes qui ne tiennent jamais sur l’oreille, de paquets de gomme et j’en passe. Cependant, pour avoir droit à une console centrale digne de ce nom, il faut opter pour le EX-L, le modèle le plus huppé. Autrement, on retrouve une tablette pliante qui, au moins, permet d’accéder à l’arrière facilement, ce qui est toujours un plus quand on a de jeunes enfants. Le système audio, même sur les versions de base, offre une bonne sonorité, ce qui est surprenant sur un produit Honda…
Un cache-bagages à 300$!
Si les sièges avant sont confortables même sur de longues distances, on ne peut en dire autant des places arrière, trop dures. Cette banquette se replie de façon 40/20/40, c'est-à-dire qu’il est possible de baisser seulement une petite partie au centre. Super! Par contre, pour avoir droit à un plancher plat, il faut impérativement relever l’assise des sièges. En passant, le cache-bagages, un accessoire indispensable sur un VUS, est une opton de près de 300$. On a beau dire qu’il peut servir de tablette (maximum 10 kilos) mais quand même… Un peu de positif : le plancher est bas, ce qui facilite le chargement d’objets lourds. Honda a même réussi à mettre le pneu de secours sous le plancher plutôt que sous le véhicule, où il deviendrait immanquablement sale.
Sous le capot, un seul moteur. Un quatre cylindres de 2,4 litres fort moderne qui autorise de bonnes performances tout en mesurant la consommation. En passant, le CR-V s’abreuve à l’essence ordinaire, une bonne nouvelle. On ne peut pas dire que Honda se soit compliqué la vie au chapitre de la mécanique… Une seule transmission est proposée, soit une automatique à cinq rapports. Les modèles de base sont mus par les roues avant tandis que la version la plus huppée a droit d’office au rouage intégral, une option dans les autres cas. Un rouage intégral que Honda a baptisé, de façon pompeuse, Real Time 4WD. Ne jouons pas sur les mots ou expressions, il s’agit d’un rouage intégral à prise permanente, sans possibilité de bloquer le différentiel central. Ce système améliore grandement l’adhérence dans la neige.
Le quatre cylindres offre des performances relevées tout en demeurant toujours très sobre. Un beau-frère me confiait récemment avoir réalisé une excellente moyenne de 8,9 l/100 km dans un voyage à Wildwood au volant d’un CR-V 4WD 2008. Nos propres essais, menés en ville et sur des routes secondaires, ont fait plutôt état de 10,5, ce qui n’est quand même pas mal. Quant à la transmission, elle passe ses rapports au bon moment et rapidement. Chose plutôt rare, elle n’offre pas de mode manuel, ce qui ne devrait pas faire de peine à personne. Tous les modèles, même ceux à roues avant motrices, peuvent remorquer 680 kilos (1500 livres), ce qui est un peu juste, même pour une petite tente-roulotte. C’est à ce moment qu’un V6 serait apprécié.
Vieillir en santé
Au chapitre de la conduite, on ne peut pas dire que celle du CR-V laisse des souvenirs impérissables. Pourtant, le petit VUS de Honda se débrouille très honorablement. La tenue de route est très bonne compte tenu du centre de gravité élevé, la direction est précise même si elle offre peu de « feedback » et les suspensions effectuent un bon boulot en empêchant la caisse de trop pencher en courbes tout en préservant le confort. Dans la neige, d’aucuns trouvent que le système de la stabilité latérale intervient trop rapidement, mais il est possible de le désengager complètement. Si la visibilité vers l’avant ne cause aucun problème, le conducteur doit composer avec une visibilité trois quarts arrière pauvre, gracieuseté de piliers « D » très stylisés.
Il y a quelques mois, j’ai revu Jean-Guy. Il a bien vieilli et était en voie (c’est fait au moment où vous lisez ces lignes) de devenir grand-papa pour la première fois. Il gagne bien sa vie même s’il n’est pas millionnaire et s’offre un voyage dans le Sud à tous les deux ans. Le CR-V suit un peu les traces de Jean-Guy. Une belle vie, loin du glamour ou, à l’inverse, de la pauvreté. Parlant de pauvreté, vaut mieux ne pas trop en souffrir pour s’offrir un CR-V! C’est le prix à payer pour se tenir loin des ennuis…
Feu vert
Habitacle bien aménagé
Moteur économique
Finition haut de gamme
Valeur de revente élevée
Fiabilité éprouvée
Feu rouge
Prix d’achat élevé
Capacités de remorquage limitées
Visibilité trois quarts arrière pauvre
Cache-bagages optionnel ($$$)
Direction peu communicative