Mercury Grand Marquis, surprenante doyenne
Je n’avais que 6 ou 7 ans lorsqu’un oncle s’est pointé dans la cour de mes parents au volant de sa rutilante Mercury Grand Marquis de l’année. Elle venait tout juste de faire son apparition, et sa taille, associée au luxe intérieur, la rendait désirable pour n’importe quel amateur d’automobile. C’était en 1975, l’époque où les grandes américaines avaient encore la cote auprès d’une clientèle à la recherche de super confort. Depuis, ces personnes ont vieilli, mais la Grand Marquis continue d’offrir les mêmes qualités, modernisme en plus.
Car il faut l’avouer, elle a conservé la sobriété de sa silhouette, mais a considérablement rajeuni l’ensemble de ses composantes mécaniques, ce qui en fait dorénavant une voiture efficace, sans toutefois ajouter la sophistication et le raffinement des dernières technologies.
Fini les bateaux
Aujourd’hui comme hier, les Grand Marquis sont populaires auprès d’une clientèle, disons plus âgée, ou auprès des entreprises qui en font leur choix pour leur parc automobile. Cela ne signifie pas pour autant que ses composantes sont d’une autre époque. Au fil des années, sa mécanique s’est adaptée aux technologies du jour et elle est devenue beaucoup plus dynamique. Vous seriez étonné de voir qu’elle peut vous transporter ailleurs qu’aux parties de bingo du mardi après-midi !
La plus grande modification, et qui a rendu le plus fier service à la voiture, c’est l’utilisation d’un châssis autonome qui est dorénavant doté de longerons hydroformés. Ce qui a permis de rendre la structure de la grande voiture plus rigide de 24%. Il faut ajouter à cela d’importantes modifications aux suspensions, les rendant plus efficaces. La Grand Marquis (tout comme la Crown Victoria de Ford d’ailleurs, ainsi que la Lincoln Town Car), fait partie d’un club devenu très limité de nos jours : celui des berlines dont la carrosserie est montée sur un châssis autoportant alors que la majorité des autres véhicules utilise plutôt un monocoque. La différence est remarquable en terme de solidité et, aspect non négligeable, de durabilité puisque le châssis demeure inébranlable durant de longues années. Autre particularité de ces grandes américaines, on emploie des suspensions à essieu rigide à l’arrière au lieu des suspensions indépendantes que l’on retrouve sur la majorité des voitures. Cette fois, c’est l’usage commercial et policier qui prime : les acheteurs commerciaux considèrent ce type de suspension plus économique en réparations et aussi plus solide. Théoriquement, ce genre de suspension est moins efficace contre les chocs et les soubresauts provoqués par des chaussées dégradées. Pour compenser, on utilise des coussinets répartis un peu partout dans la structure, ce qui permet d’absorber la plupart des chocs avec une certaine douceur. De plus, l’utilisation d’une barre Watts à la suspension arrière élimine le roulis et le tangage comme c’est souvent l’apanage des suspensions mal adaptées.
Ce serait mentir de dire que tout est parfait, et la direction de la Grand Marquis, malgré l’utilisation d’un système à crémaillère, est encore floue, pour ne pas dire brumeuse comme un matin de pluie, peu importe la vitesse. Quant à la mécanique, elle est puissante (on parle quand même d’une propulsion équipée d’un V8 de 4,6 litres développant 224 chevaux), mais linéaire, c’est-à-dire que les accélérations se font progressivement, sans être brusques. Un peu trop linéaire en fait, ce qui donne parfois l’impression que le moteur ne suffira pas à la tâche. Mais il finit toujours par y parvenir.
Une affaire d’espace
La Grand Marquis a une silhouette d’une sobriété exemplaire. Et si vous l’achetez blanche, vous risquez de laisser croire à votre entourage que vous faites partie d’un corps policier. En fait, peu importe la couleur, elle est plutôt anonyme. Ce n’est d’ailleurs que rarement pour le look que l’on achète ce genre de voiture. Ses dimensions en revanche ont de quoi attirer tous les compliments. À l’intérieur, les occupants auront un espace plus que suffisant, peu importe le siège qu’ils occupent. À l’arrière, le dégagement pour la tête et les épaules est à peu près équivalent à celui de mon salon. Jumelez cet espace à des sièges de cuir d’un grand confort et à des fenêtres grandes comme des vitrines, et vous vous croirez somptueusement installé dans une serre quatre saisons.
Dans le coffre aussi l’espace est gigantesque, le seuil assez bas pour être facilement accessible, et l’ouverture grande comme une grotte. Il est donc facile d’y loger autant de sacs de golf que de passagers dans la voiture. Et évidemment, la liste d’accessoires est longue comme la carrosserie de la Grand Marquis !
Cette année, la voiture présente des petits changements à la grille avant, et rien de plus. On maintient aussi quatre versions de la Grand Marquis, les GS Convenience, LS Premium, LES et LS Ultimate, dont la plupart sont d’abord destinées à être des véhicules commerciaux. Mais la surprise pourrait bien venir de la bannière Ford. Alors que le Crown Victoria n’existait plus qu’en version Heavy-Duty pour les taxis, et Police Interceptor, il semble bien qu’il pourrait refaire une apparition comme voiture de route, avec sensiblement les mêmes spécifications techniques que la Grand Marquis, comme c’est le cas aux États-Unis.
Avec une telle fiche, on ne doit plus rire de la Grand Marquis. Rappelez-vous que l’on doit traiter les doyens avec respect, ils ont encore beaucoup à nous apprendre.
Feu vert
Confort exceptionnel
Habitacle spacieux
Comportement dynamique étonnant
Coffre arrière caverneux
Feu rouge
Silhouette vieillissante
Direction engourdie
Accélération peu convaincante
Freinage longuet