Exclusif Chevrolet Silverado 2019 : quand les limites de la concurrence servent de point de départ
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JACKSON HOLE, Wyoming - Le segment des camionnettes ressemble drôlement au sport du culturisme. Dès qu’un nouveau modèle apparaît sur la scène, il est souvent le mieux réussi, car il est le plus musclé, moderne, et sophistiqué. Dans ce segment, on se regarde de proche, on s’analyse, et on apprend des erreurs des autres. Comme Arnold Schwarzenegger l’a si bien dit, la clé pour surpasser l’adversaire, c’est de se concentrer sur ses limites et faiblesses pour ensuite s’en servir comme point de départ pour l’entraînement.
Dans le cas du Chevrolet Silverado 2019, on constate que General Motors a fait exactement cela : scruter sa concurrence de fond en comble afin de se présenter bien préparé dans l’arène.
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Les moteurs que l’on n’a pas conduits
Pour le Chevrolet Silverado 2019, on ne retrouve pas moins de six choix de moteurs, et jusqu’à huit moutures différentes! C’est au Wyoming que l’on a pu le conduire, un État où 36% des ventes de véhicules neufs sont constitués de camionnettes. Pour les Américains, le Wyoming, avec ses ranchs, champs et paysages montagneux à couper le souffle, c’est le royaume du camion. C’était donc l’endroit idéal pour mettre à l’essai ces rutilantes camionnettes GM.
L’événement s’est principalement concentré sur les deux moteurs V8 disponibles au lancement, soit le 5,3 et le 6,2 litres. J’y reviendrai dans quelques instants. La grande nouvelle, c’est l’apparition d’un nouveau quatre cylindres turbo de 2,7 litres, un moteur qui fait beaucoup jaser, et qui arrivera, selon GM, d’ici le milieu de l’année prochaine. On nous promet une puissance de 310 chevaux, un couple de 348 lb-pi, une boîte automatique à huit rapports, une capacité de remorquage de 7 200 lb (3 265 kg) et une charge utile de 2 280 lb (1 034 kg).
Le plus épatant dans tout ça, c’est que le petit moteur se positionne drôlement près du V8 de 5,3 litres avec ses 355 chevaux, son couple de 383 lb-pi et sa charge utile de 2 190 lb (993 kg). En fait, le quatre cylindres surpasse même le V6 côté puissance. Celui-ci, d’une cylindrée de 4,3 litres, génère 285 chevaux et un couple de 305 lb-pi. Cependant, le V6 demeure tout de même un tantinet plus habile pour le travail léger, ayant une capacité de remorquage de 8 000 lb (3 628 kg) et une charge utile de 2 500 lb (1 133 kg).
Finalement, un six cylindres en ligne turbodiesel (Duramax) sera également offert d’ici le début de l’année 2019. Aucune donnée technique n’a été dévoilée pour celui-là. Tout ce que l’on sait au moment d’écrire ces lignes, c’est qu’il sera associé à une boîte automatique à dix rapports.
Plus léger, plus doux, plus silencieux
En plus des nouveaux groupes motopropulseurs, Chevrolet promet une camionnette plus légère de 450 lb (204 kg) grâce à l’incorporation de l’aluminium pour la carrosserie. Toutefois, contrairement au Ford F-150, la caisse du Silverado est constituée d’acier renforci. Selon GM, l’aluminium n’est pas assez solide pour les travailleurs. On a donc réservé le matériau ultraléger pour les composantes amovibles : capot, portières et hayon. Hélas, le Silverado ne possède pas d’éléments en fibre de carbone comme son cousin, le GMC Sierra 2019, une camionnette que l’on aura également la chance de conduire d’ici la fin du mois.
Sur la route, le Silverado est étonnamment silencieux, pas autant que le nouveau Ram 1500, mais tout de même mieux insonorisé que le Ford F-150 actuel. J’ai personnellement été épaté par la tenue de route de la bête qui, malgré sa configuration de cadre en acier et sa suspension arrière montée sur lames, s’est montrée stable, maniable, voire presque un peu sportive, ressemblant d’ailleurs aux prouesses dynamiques d’une construction monocoque, comme sur un Honda Ridgeline. Bravo à GM d’avoir aussi bien calibré une suspension si rudimentaire. Jamais le camion ne s’est mis à osciller sur les surfaces abîmées et l’effet de bondissement de la cabine est demeuré bas tout au long de notre essai.
Nous nous sommes concentrés sur deux déclinaisons. La LTZ est la plus abordable alimenté par le V8 de 6,2 litres, qui livre 420 chevaux et un couple de 480 lb-pi, tout en proposant la capacité de remorquage la plus élevée des moteurs à essence, 12 200 lb (5 533 kg). Nous avons ensuite pris le volant du Trail Boss, un modèle mettant l’accent sur le hors route, propulsé par le V8 de 5,3 litres.
Le 6,2 litres, déjà connu chez GM, est désormais doté d’une nouvelle technologie de gestion de l’alimentation dynamique, permettant au moteur d’alterner entre 17 cycles de combustion différents afin d’améliorer la consommation d’essence. De notre bord, nous avons enregistré une consommation mixte ville/route de 14 litres/100 km, ce qui est concurrentiel, mais au premier regard, ne semble pas plus bas que son prédécesseur. Un essai à long terme nous permettra sans doute de mieux observer sa consommation.
C’est néanmoins un moteur qui livre des accélérations intéressantes, surtout lorsqu’associé à la boîte automatique à dix rapports, qui enfile les rapports rapidement et en douceur. Équipé ainsi, le Silverado est de loin le plus raffiné du groupe. Via la déclinaison High Country, vous jouirez d’un habitacle plus soigné ainsi que de l’ajout de chrome ici et là. Si vous voulez notre humble avis, il est plus sage de s’en tenir à la version LTZ qui propose une meilleure valeur qualité-prix. Selon nous, il est mieux de dépenser votre argent pour un GMC Sierra Denali que pour un Silverado High Country, car ce dernier ne fait rien de réellement spécial pour justifier son prix gonflé.
Gueule de boss
Pour ce qui est du Trail Boss, il vient muni d’amortisseurs et ressorts repensés pour la conduite hors route, de cardans plus robustes et de plaques de protection. Voyez-le comme le concurrent d’un Ford F-150 FX4 ou d’un Toyota Tundra TRD Pro, plutôt que le rival du Ford F-150 Raptor ou du Ram 1500 Rebel.
Celui-ci ne vient qu’avec le V8 de 5,3 litres et une boîte automatique à six rapports. À l’instar du 6,2 litres, il est possible d’y ajouter la technologie de gestion dynamique de la combustion, ou de s’en tenir au système de désactivation des cylindres conventionnel, ce qui explique les « six choix de moteurs » tant vantés par GM.
Derrière le volant, on ressent instantanément que le 5,3 litres commence à se faire vieux. Il ne livre pas les mêmes accélérations que son grand frère, en fait, il semble anémique quand on le conduit. Il n’émet pas une sonorité aussi agréable et il est dépourvu du même raffinement. Au moins, fidèle aux produits GM, la boîte à six rapports, bien que moins moderne que la dix, s’est montrée efficace, répondant rapidement et permettant de faire chanter le moteur au besoin, une qualité qui sera sans doute appréciée par les amateurs de hors route.
En somme, le Chevrolet Silverado 2019 est une camionnette très réussie, surtout sur le plan technique, disposant d’amplement de flexibilité dans les configurations offertes pour satisfaire tous les besoins ouvriers possibles. Bien que son habitacle fonctionnel et spacieux ne soit pas aussi luxueux et bien assemblé que celui d’un Ram ou même d’un Ford, et que le constructeur n’a toujours pas parlé d’une version électrifiée, le Chevrolet Silverado demeure néanmoins le plus ingénieux du lot. Disons qu’après avoir vendu des camions pendant 100 ans, on commence à comprendre le marché.