Mitsubishi Montero, dans la fosse commune
Quand les choses peuvent aller mal, c’est sûr qu’elles vont mal. À peine trois ans après les débuts de Mitsubishi au Canada, la marque japonaise a bien failli mourrir de sa belle mort. Inutile de revenir sur tous ces avatars qui ont marqué les dernières années. Mitsubishi est désormais en mode survie et tout ce que ne participe pas ou entrave cette quête du futur doit être banni. C’est ainsi que le Montero, ce gros VUS impopulaire, fera ses adieux dès la fin de 2006. Après ça ira sûrement mieux.
Lorsque Mitsubishi a débuté au Canada en septembre 2002, elle présentait deux Montero tout à fait différents, l’un haut de gamme, l’autre plus sportif. Le Limited est ainsi devenu le Montero tout court, suite à l’abandon de l’hilarant Montero Sport après l’année modèle 2003, aussi sportif que l’auteur de ces lignes. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que le Montero nous revient inchangé pour sa dernière année sur le marché. Marché qui a drôlement évolué depuis les cinq dernières années. Et comme le Montero était déjà un peu dépassé lors de son arrivée au Canada il y a trois ans…
Malgré tout, le Montero mérite qu’on s’y attarde. Il affiche une belle gueule et nul doute que son physique imposant inspire un sentiment de confiance à bien des gens. Grâce à sa garde au sol très élevée (21,9 cm), il peut franchir bien des obstacles mais, en revanche, accéder aux sièges demande quasiment des talents d’alpiniste ! Une fois assis cependant, ils se révèlent confortables à défaut d’offrir un bon support latéral. La visibilité vers l’avant ne cause aucun problème même si les appuie-têtes des sièges arrière et le pneu de secours, placé sur la porte arrière, compliquent la vie du conducteur, surtout en manœuvres de stationnement. Toujours au chapitre des sièges, mentionnons que si ceux de la deuxième rangée sont relativement confortables, ceux de la troisième rangée ne conviennent qu’à… à personne finalement tellement ils sont durs et trop bas tout en offrant trop peu d’espace pour les jambes !
Le tableau de bord n’est pas vilain à regarder malgré son style désuet. Si les jauges sont faciles à consulter en tout temps, le moindre rayon de soleil vient mettre K.O. l’écran central multifonction et celui du système audio, au demeurant fort agréable à écouter. Les appliques de bois, les plastiques de bonne qualité et le cuir se marient harmonieusement, mais il faut souligner que la plupart des espaces de rangement sont difficiles d’accès pour le conducteur. Quelques instants auparavant, ledit conducteur aura assurément pesté contre la neige ou la pluie qui aura déferlé sur son siège après avoir ouvert sa portière…
PERFORMANCES TERRE-À-TERRE
Affichant un poids frôlant celui d’une navette spatiale, le Montero ne peut, avec son V6 de 3,8 litres de 215 chevaux et 248 livres-pied de couple, prétendre offrir les mêmes performances que son stratosphérique concurrent. Il faut plus de 12 secondes pour réaliser le 0-100 km/h quoique les reprises entre 80 et 120 km/h s’effectuent en un peu plus de 8,3 secondes, ce qui est nettement plus intéressant. La transmission automatique à cinq rapports, la seule disponible, est accompagnée d’un mode de passage manuel des rapports. Les accélérations ne sont peut-être pas plus excitantes, mais au moins on a l’impression de participer à « l’événement » ! En mode automatique, les rapports se succèdent sans heurts et se montrent bien étagés. Au châssis très rigide du Montero, Mitsubishi a accroché des suspensions résolument axées sur le confort. Un coin de rue pris le moindrement vite fait pencher la caisse et l’absence de support latéral des sièges n’arrange pas les choses. Le système antipatinage et antidérapage fait des merveilles pour tenir le lourdaud sur la route, et ce, en toute transparence. Avec de telles suspensions, il n’est pas surprenant de constater que le véhicule se montre sensible aux vents latéraux. Lors d’un freinage d’urgence, on espère toujours voir se déployer les parachutes de la navette spatiale mais le Montero ne peut compter que sur ses quatre disques. À tout le moins, l’ABS fait preuve d’une discrétion exemplaire.
S’il est une chose que le Montero fait avec grâce, c’est bien de se promener hors des sentiers battus. À l’aide de son système d’entraînement Active-Trac, le Montero passe de deux roues motrices à l’intégrale ou aux quatre roues motrices (offrant deux modes – 4Hi et 4Lo avec verrouillage du différentiel central). Les capacités de franchissement sont tout simplement ahurissantes et nul doute que dans des conditions difficiles, le Montero peut suivre sans difficulté un Land Rover deux fois plus dispendieux. Les pneus de route sont sans doute la plus importante limite à ce génial système d’entraînement. Mais dans la plupart des conditions, le mode deux roues motrices, en plus d’économiser de l’essence, se montre parfaitement adapté. Parlant d’essence, nous avons maintenu une moyenne très appréciée de près de 15 litres aux cent kilomètres en conduite hivernale, en mode deux et quatre roues motrices.
Malgré plusieurs commentaires plutôt durs, le Montero n’est pas un vilain véhicule. Mais pour un prix de détail de près de 50 000 $, nous croyons que plusieurs autres VUS offrent davantage. À commencer par une valeur de revente bien plus intéressante. Déjà que les problèmes de Mitsubishi ne font rien pour aider la situation, il faut aussi considérer que le Montero se laisse mourir, littéralement.
Feu vert
Châssis hyper solide
Capacités hors route étonnantes
Confort relevé
Consommation agréable
Transmission automatique bien adaptée
Feu rouge
Valeur de revente déprimante
Performances ternes
Tenue de route délicate
Freinages pénibles
Troisième banquette inutile