Ford Flex 2018: Les plus improbables des sleepers
Pour le moment, même s’ils détonnent de plus en plus dans la jungle automobile, le Flex et le MKT demeurent des véhicules éminemment pratiques.
Au volant de votre Ford Flex, vous attendez à un feu rouge. À côté de vous, une toute récente Mazda3 décolle à fond de train dès que le feu passe au vert. Après un moment d’hésitation, vous mettez le pied au tapis vous aussi. Et vous torchez la Mazda3. Oui monsieur, oui madame! Il faut toutefois préciser que seul un Ford Flex équipé du V6 3,5 litres EcoBoost peut réussir un tel exploit. Avec le 3,5 atmosphérique, ç’aurait été plus difficile. Mais pas impossible.
Et cet exploit, vous l’avez réussi avec un véhicule qui a l’air de tout, sauf d’un véhicule rapide. Vous auriez pu faire la même chose avec un Lincoln MKT avec qui il partage sa plate-forme. Dans le jargon des amateurs, ce type de véhicule, très puissant, mais doté d’une carrosserie banale, est appelé un sleeper.
Gros comme un frigo
Peu importe que l’on opte pour le Ford ou le Lincoln, l’habitacle est immense. Et immense est un adjectif plutôt faible… Chacun peut recevoir six ou sept personnes. Outre les deux places à l’avant et à la peu confortable troisième rangée, la deuxième rangée accueille trois personnes… sauf si l’on fait le choix d’une console (on peut même l’avoir réfrigérée!) au centre. Toutes les places, saufs celles, impitoyables, de la troisième rangée, laissent beaucoup d’espace pour les jambes et la tête. Le coffre, on s’en doute, ne fait pas dans la parcimonie. Celui du Flex peut engloutir environ 200 litres de plus que celui du MKT, à cause de la ligne beaucoup plus verticale de son hayon. Bizarrement, même si ces deux véhicules font dans le gigantesque, on retrouve peu d’espaces de rangement.
La qualité des matériaux ne peut être mise à l’index, surtout dans le Lincoln où l’on passe à un niveau supérieur. Le système SYNC 3, ayant autrefois la capacité de faire sacrer un pape, s’est nettement amélioré et il ne faut plus peser trois fois avant que les commandes s’exécutent. En plus, il est suffisamment simple pour que l’auteur de ces lignes s’y retrouve. C’est tout dire!
La liste d’équipements standard est impressionnante, mais personnellement, je serais prêt à troquer les dizaines d’alarmes qui sonnent à qui mieux mieux quand on recule en même temps qu’une mouche se déplace chez le troisième voisin, pour des commandes de chauffage/climatisation normales, c’est-à-dire à boutons. Pour le moment, il faut se contenter de foutus boutons à effleurement, lesquels obligent à quitter la route des yeux dès que l’on veut les manipuler. Alors, quand Ford (et d’autres constructeurs) se fait aller la trappe pour dire à quel point la sécurité des usagers est importante pour elle…
Deux moteurs sont proposés pour le Flex. Il y a d’abord un V6 3,5 litres atmosphérique dont les performances sont très correctes, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un poids plume. En effet, le Flex (et le MKT) dépasse joyeusement la barre des 2 000 kilos! Ce moteur est associé d’office aux roues avant — une offre que vous pouvez refuser sans remords — et le rouage intégral est optionnel selon la version, une offre que vous devez accepter. Notez que ce moteur et la traction ne sont pas disponibles dans le MKT.
Des voitures électriques font mieux!
Le Lincoln MKT et le Ford Flex Limited ont droit à plus d’égards. Et à un prix plus élevé. Sous leur capot, on retrouve un autre V6 3,5 litres, double turbo celui-là (EcoBoost). C’est avec lui que l’on plante les Mazda3. Disponible avec le rouage intégral uniquement, ce moteur consomme toutefois autant qu’une personne qui trouve un baril d’eau après deux semaines dans le désert. Pour s’en tirer sous les 14 litres/100 km, il faut avoir un pied droit de fée. Remarquez que le V6 atmosphérique, bien que moins glouton, n’est pas non plus un exemple de sobriété. Comme si ce n’était pas suffisant, l’autonomie avec un réservoir plein n’atteint même pas 500 km. Il faut donc planifier ses déplacements. Comme avec une voiture électrique! Curieusement, peu importe le moteur, la capacité de remorquage demeure la même (4 500 livres – 2 041 kg).
Bien qu’ils accélèrent avec vélocité, les Flex et MKT sont bien démunis en conduite le moindrement dynamique et la première courbe prise rapidement vous fait réfléchir sur le sens de la vie. D’ailleurs, le flou de la direction devrait allumer une petite lumière AVANT ladite courbe! Tout comme la suspension assez molle, dont la mission est de préserver le confort des occupants, peu importe l’état de la chaussée.
Ford prévoit renouveler plusieurs de ses VUS d’ici 2020 et il est logique que ces deux mammouths, qui datent de 2009, soient éliminés ou modernisés. Pour le moment, et même s’ils détonnent de plus en plus dans la jungle automobile, ils demeurent des véhicules éminemment pratiques.
Feu vert
- Habitacle très grand et polyvalent
- Confort certifié
- Capacité de remorquage correcte
- V6 3,5 litres turbo très performant
- Boîte de vitesses efficace
Feu rouge
- Moteurs assoiffés
- Troisième rangée de sièges éprouvante
- Visibilité arrière problématique
- Certaines commandes peu ergonomiques