Lexus ES 2018: Le dilemme d'Akio
La berline ES est peu excitante, voire ennuyante, mais sa clientèle demeure fidèle et, surtout, satisfaite. Au grand désarroi d’Akio Toyoda.
Akio Toyoda, président de la Toyota Motor Corporation, est un passionné avoué de la conduite sportive. Les véhicules de ce constructeur étant généralement qualifiés d’ennuyants, que ce soit par la presse automobile ou par les consommateurs eux-mêmes, Toyoda avait déclaré, il y a quelques années, que tous les nouveaux modèles afficheraient un agrément de conduite rehaussé. Surtout dans le cas des modèles Lexus.
En suivant cette nouvelle philosophie, la Lexus ES aurait dû être le premier modèle à être euthanasié chez Toyota. Et pourtant, elle est toujours là, fidèle au poste. Si la compacte IS et l’intermédiaire GS proposent une conduite sportive et un style dynamique, c’est tout le contraire pour la ES. Ici, on a affaire à une berline plus sage, ciblant une clientèle tout à fait distincte.
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Le confort avant tout
Avec la berline ES, Lexus ne compte manifestement pas concurrencer BMW et Audi, mais plutôt des marques comme Acura, Genesis et Buick. La ES privilégie le confort, le raffinement et le silence de roulement. Et à ces chapitres, elle marque des points.
L’habitacle de la Lexus ES présente une apparence quelque peu éclectique, avec un amalgame de garnitures argentées, de boiseries et de cuir aux coutures contrastantes. Le système multimédia et sa commande fonctionnant comme la souris d’un ordinateur, avec un pointeur à l’écran, est difficile à utiliser, surtout en conduite. En revanche, l’assemblage est impeccable et la finition est élégante, ce à quoi l’on s’attend évidemment de Lexus. De série, les sièges chauffants et ventilés sont habillés de cuir synthétique NuLuxe, mais l’on peut opter pour du cuir véritable.
Et ces sièges sont confortables pour la longue route, avec un excellent soutien et une fermeté parfaite. L’habitacle est étonnamment bien insonorisé, nous permettant de converser avec les autres occupants sans hausser le ton, ou d’écouter de la musique classique, d’ailleurs la spécialité de l’excellente chaîne Mark Levinson à 15 haut-parleurs, disponible en option. Montréal-Québec? Pas de problème, on arrive à destination frais et dispos. Si, bien entendu, on ne s’est pas endormi au volant, car la ES nous berce dans ses bras comme le fait Morphée, dieu des rêves.
V6 ou hybride
La ES 350 est équipée d’un V6 de 3,5 litres, un moteur bien répandu au sein du groupe Toyota, et qui développe ici 268 chevaux. Il est assorti d’une boîte automatique à six rapports, qui s’occupe d’acheminer cette puissance aux roues avant. Bref, il s’agit d’une motorisation puissante à souhait, simple et pas trop ivrogne, comme en fait foi sa consommation mixte ville/route de 9,7 l/100 km. Pour le trajet Montréal-Québec mentionné plus tôt, on peut même s’en tirer avec une moyenne de 7,5 l/100 km.
De son côté, la ES 300h mise essentiellement sur une motorisation hybride composée d’un quatre cylindres de 2,5 litres, d’un moteur électrique et d’une boîte automatique à variation continue. L’ensemble produit un total de 200 chevaux, mais un couple plus modeste de 156 livres-pied. Sa consommation baisse à environ 6,0 l/100 km, excellente pour une berline de luxe intermédiaire. En conduite normale, la ES 300h se montre satisfaisante, toutefois, on préfère la ES 350 pour sa douceur et son raffinement supérieurs.
La direction de la ES est fluide, bien qu’aseptisée quelque peu. La suspension préfère de loin absorber les imperfections de la chaussée plutôt que maîtriser les routes sinueuses. Évidemment, on ne s’achète pas cette berline pour ses qualités dynamiques, mais bien pour son confort au quotidien.
À qui s’adresse donc la Lexus ES? À une clientèle plus âgée, bien sûr, qui n’a aucun intérêt pour les berlines de luxe sportives aux suspensions trop rigides. Elle séduira aussi les consommateurs avertis, qui réaliseront que la ES est plus spacieuse et aussi bien équipée qu’une Lexus IS, à un prix similaire.Et surtout, par son caractère relaxant que par sa fiabilité et sa valeur de revente à long terme.
Akio Toyoda figure probablement parmi ceux qui trouvent la berline ES ennuyeuse. Toutefois, il doit se rendre à l’évidence que cette voiture représente plus d’un tiers des ventes de voitures Lexus au Canada, et plus de 60% aux États-Unis. Visiblement, l’agrément de conduite et la tenue de route dynamique ne sont pas des critères d’achat primordiaux pour les clients actuels de la marque. Bref, on a beau la trouver soporifique, il faut avouer qu’elle a toujours sa place sur le marché. Par ailleurs, il semble que cette berline subira une refonte totale d’ici un an ou deux; le constructeur japonais devra s'assurer de ne pas égarer sa fidèle clientèle avec une nouvelle génération plus sportive de la ES.
Feu vert
- Confortable et silencieuse
- Fiabilité éprouvée
- Bonne motorisation (ES 350)
- Finition intérieure soignée
- Espace intérieur
Feu rouge
- Manque de caractère
- Commandes du système multimédia à revoir
- Groupes d’options dispendieux
- Design anonyme
- Version hybride peu intéressante