Lexus RC 2018: Des coupés racés et pleins de contradictions
Les coupés RC offrent la sécurité d’un rouage intégral ou le concerto d’un fabuleux V8. On les veut maintenant plus ergonomiques et légers.
Dans le monde des coupés sport, où l’attrait et l’intérêt se mesurent en mois plutôt qu’en années, la série RC semble déjà presque désuète et dépassée après son quatrième tour de manège seulement. Ses lignes fuselées, le nom Lexus et la promesse de fiabilité qui l’accompagne n’arrivent pas à compenser une ergonomie parfois douteuse, un plaisir de conduite variable et des prix corsés.
Ils sont pourtant encore beaux, ces coupés RC, même après quatre ans. Ils ont toujours leur silhouette longue et basse, des ailes bien galbées, des bas de caisse sculptés et cette grande calandre en sablier qui fait aussi jaser. C’est encore plus vrai pour les versions F SPORT, dont la grille de calandre est toute en alvéoles noir mat alors que celle du RC 300, le plus sage (et abordable), affiche des fanons chromés qui surplombent la barre transversale tenant lieu de pare-chocs. Sans parler du RC F, en sommet de gamme, dont les ailes avant plus accentuées affichent de grandes écopes.
La touche essentielle du groupe F SPORT
Il y a de l’espoir, toutefois, parce qu’on peut ajouter au RC 300 un groupe F SPORT qui comprend entre autres des amortisseurs réglables, des jantes d’alliage de 19 pouces en plus d’un volant et des sièges sport avec mémoires. Chez Lexus et Toyota, la règle est simple : l’option F SPORT vaut toujours la peine et le coût, parce qu’elle aiguise le look, resserre le comportement et ajoute au plaisir de la conduite.
Il faut dire que ce pauvre RC 300 en a besoin, avec son V6 de 3,5 litres et 255 chevaux qui n’a rien de foudroyant. C’est déjà mieux avec le RC 350, dont le V6 de cylindrée identique produit 307 chevaux, pour des sprints 0-100 km/h en 6,3 secondes. Il se présente avec les composantes F SPORT déjà mentionnées, auxquelles s’ajoutent des éléments tels qu’un pommeau de sélecteur de vitesses et des cadrans qui évoquent ceux de la LFA, cette grande sportive à moteur V10 que Lexus a produite à quelque 500 exemplaires.
En plus d’émousser le caractère de leurs V6 atmosphériques, dont le couple à bas et moyen régime n’a rien d’impressionnant, le rouage intégral des RC 300 et 350 leur vaut une bosse de taille appréciable sur le plancher à l’avant, côté passager. En contrepartie, il ajoute grandement à leur polyvalence dans un climat comme le nôtre.
L’habitacle, quant à lui, est un festival du paradoxe. Aux antipodes de la finition soignée et des matériaux de qualité qu’on retrouve toujours chez Lexus, il y a cette console centrale noir mat, plutôt glauque, où trône un pavé tactile, ahurissant et distrayant, qu’on n’a pas le choix d’utiliser pour contrôler ou régler plusieurs des systèmes. Même constat pour des réglages de température par effleurement. Au moins, le volant, les cadrans et le pédalier sont magnifiques.
Docteur Atkinson et Mister Otto sous le capot
Ces remarques, en termes d’ergonomie et de présentation, s’appliquent quasi intégralement au coupé RC F, le coq de la famille, avec son V8 de 5,0 litres et 467 chevaux. Le hurlement de ce moteur, lorsqu’il atteint environ 3 600 tr/min en pleine accélération, alors que tous les clapets s’ouvrent et qu’il passe de la frugalité du cycle Atkinson à la furie du cycle Otto, est un plaisir coupable à lui seul. À vrai dire, le RC F appartient à une espèce autre que ses deux frangins par sa puissance, ses roues arrière motrices et son prix substantiel.
Le RC F a d’ailleurs causé la surprise du match des sportives du 50e Guide de l’auto en chauffant les ténors de la catégorie que sont les Mercedes-AMG C 63 S et BMW M4, autant sur le circuit qu’au pointage final. Son comportement sur piste fut une révélation, en fait, tellement le RC F encourage son pilote à explorer ses limites, grâce à un équilibre sans faille et ses réactions graduelles et prévisibles. Même en désactivant toutes les aides électroniques, et ce, malgré un poids substantiel de tout près de deux tonnes (impériales). Il exploite alors pleinement les vertus du différentiel autobloquant à répartition de couple qu’ajoute le groupe Performance, en plus des jantes en aluminium forgé et du tandem toit et aileron arrière en fibre de carbone.
Sur la route, par contre, il faut choisir le mode Sport+ pour que le RC F s’anime le moindrement. Et là encore, sa boîte automatique à huit rapports est trop lente à rétrograder, même avec les jolies manettes derrière le volant. On est loin des réactions instantanées des boîtes à double embrayage.
Maintenant que Lexus a prouvé qu’il sait dessiner des coupés beaux et agiles, il est temps de les mettre au régime et de leur offrir des commandes et contrôles à la fois faciles et agréables à manipuler.
Feu vert
- Silhouettes toujours racées (RC F et F Sport)
- Moteur V8 fantastique (RC F)
- Tenue de route étonnante (RC F)
- Solidité et fiabilité typiques
Feu rouge
- Roulement ferme sur les chemins raboteux
- Pavé tactile toujours frustrant
- Ligne de toit basse qui limite l’accès
- Visibilité arrière réduite