Nissan Z 2018: La fin de la route?
Si vous êtes tenté par l’achat d’une voiture sport de base à prix abordable, c’est peut-être le temps de passer à l’action.
Chronique d’une mort annoncée? Branchée sur le respirateur artificiel, la 370Z? Ou plutôt renaissance en vue? Signe des temps, l’avenir du modèle qui a défini l’image de Nissan (Datsun à l’époque) en Amérique du Nord est aujourd’hui incertain. Au récent Salon de l’auto de New York, la direction américaine de Nissan a laissé entendre que la 370Z ne faisait pas partie de ses priorités, tout en dévoilant une édition spéciale Heritage de la 370Z, réservée au seul marché étatsunien, qui ne sera donc pas disponible chez nous.
Il faut le reconnaître, malgré la puissance de leurs moteurs, les voitures sport sont en perte de vitesse… La 370Z n’échappe pas à cette tendance, puisque Nissan n’en a vendu que 185 exemplaires au Québec en 2016, alors que le VUS Rogue a conquis plus de dix mille acheteurs durant la même période. D’autres facteurs sont également en jeu. Dans l’esprit de plusieurs, la GT-R a remplacé la 370Z comme symbole de performance de la marque japonaise, reléguant la sportive biplace dans l’ombre de Godzilla.
Aussi, au Salon de l’auto de Francfort en 2015, Nissan a dévoilé un petit VUS-concept à quatre portes appelé Gripz, qui pourrait soit présager le prochain Nissan JUKE, ou assurer la transition de l’appellation Z à un éventuel multisegment par le biais d’une quelconque mutation génétique. Il est également possible que Nissan nous surprenne en dévoilant un concept élaboré sur la plate-forme de l’Infiniti Q60 et qui pourrait être animé par le moteur V6 biturbo de 400 chevaux emprunté à la Q60 Red Sport. Bref, on spécule, mais en tenant compte de ce qui précède, on peut craindre pour la suite des choses de la Z dans sa forme actuelle.
Retour aux sources
La 370Z s’était embourgeoisée au fil des ans en devenant plus équipée et beaucoup plus lourde, mais Nissan avait donné un sérieux coup de barre en proposant, dès 2016, une version de base dépourvue du superflu et offerte à un prix inférieur à 30 000 $. C’est à bord d’un tel modèle que j’ai eu l’occasion de renouer avec la 370Z, en bouclant plusieurs séries de tours sur le circuit ICAR pour me rendre compte qu’elle était toujours à la hauteur, même lorsque comparée à des modèles rivaux plus récents comme le tandem Subaru BRZ / Toyota 86 ou la Ford Mustang EcoBoost.
Plusieurs éléments témoignent de l’âge de la 370Z, dont son moteur V6 atmosphérique de 3,7 litres qui peut se montrer plutôt rugueux à haut régime, mais dont la poussée est très linéaire grâce à la plage étendue de son couple. De ce côté, la 370Z est plus agréable à conduire au quotidien que la Subaru BRZ ou la Toyota 86, deux rivales qui souffrent cruellement d’un manque de couple à moyen régime.
Sur le circuit, la 370Z est dans son élément. La course du levier de vitesses est courte et l’embrayage est progressif. La disposition des pédales ne pose aucun problème pour le talon-pointe au rétrogradage, mais le freinage pourrait être un peu plus performant. En entrée de virage, la direction permet de guider la voiture sur la trajectoire idéale et d’atteindre chaque point de corde sans problème. La structure n’est peut-être pas aussi rigide que celle d’une auto sport plus récente, mais force est d’admettre que la 370Z se défend remarquablement bien en conduite sportive.
Un habitacle old school
Le look de la 370Z est demeuré essentiellement le même depuis 2009, avec un empattement court qui en fait une voiture agréable à piloter, et c’est le même constat pour l’habitacle qui semble provenir d’une autre époque, la version de base n’étant équipé que du strict minimum. Pas de système multimédia, pas de système de chauffage/climatisation automatique, et un grand vide-poches qui occupe l’espace accordé à l’écran central des versions plus cossues.
Bref, c’est très spartiate et ça nous ramène à l’époque où les voitures n’étaient pas encore des salons ou bureaux sur roues, ce qui est plutôt rafraîchissant. Le tachymètre est localisé en plein centre du bloc d’instruments, qui fait vraiment old school, et la colonne de direction n’est pas télescopique. La présentation intérieure des déclinaisons plus équipées diffère un peu, mais le look demeure figé dans la décennie précédente. La 370Z de base est celle à choisir en raison d’un rapport performances-prix très favorable. Quant aux versions plus huppées, précisons qu’ils ne le sont pas assez pour justifier le prix demandé.
Quelle sera la suite des choses pour la vénérable Z? Une fin de carrière dans l’anonymat ou une refonte complète en tablant sur les ressources considérables du constructeur en ce qui a trait aux motorisations et au design? Bien malin qui peut le prédire! En attendant, si vous êtes tenté par l’achat d’une voiture sport de base à prix abordable, c’est peut-être le temps de passer à l’action car, comme disent les Américains, « You don’t know what you’ve got ‘til it’s gone… ».
Feu vert
- Rapport performances-prix (370Z de base)
- Moteur V6 fort en couple
- Silhouette classique
- Très bonne tenue de route
Feu rouge
- Versions plus équipées moins intéressantes
- Boîte automatique décevante
- Roulement ferme
- Pas vraiment pratique au quotidien