Porsche 911 GT3 Touring 2018 : tout est dans l’aileron
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Mon collègue Gabriel Gélinas a eu récemment la chance d’assister au lancement de la plus bestiale des 911 GT3, la RS. L’expérience s’est déroulée sur le célèbre circuit de F1 de Nürburgring, ce qui représente sans aucun doute le rêve de tout amateur de bolides sport. Même si l’on rencontre de plus en plus de modèles arborant le logo Porsche sur nos routes, les voitures issues de la gamme GT, des modèles conçus pour la piste, continuent de soulever les passions et nourrissent l’engouement des amateurs de bolides envers la marque.
De mon côté, c’est la plus « sage » des GT3 que j’ai eu la chance de découvrir dans la région de Munich, la 911 GT3 Touring, une bête à laquelle on aura retiré quelques dents afin de la rendre moins intimidante. Dès que j’ai aperçu la brochette de voitures d’essai, je voulais un modèle dont la carrosserie arborait une couleur éclatante car, personnellement, un tel bolide doit crier son exclusivité sur tous les toits!
- À lire aussi: À la rencontre des Porsche 911 GT3 Touring et Cayenne E-Hybrid 2019
- À lire aussi: Porsche 911 GT3 RS 2019 - Née pour la piste
J’ai dû me contenter d’un coloris plus subtil, mais la bonne nouvelle c’est que la GT3 Touring revêt les mêmes choix de couleurs. Que diriez-vous de Orange lava, Jaune vitesse ou Rouge carmin? OK, l’argenté est aussi offert alors que seul le Vert lézard demeure réservé à la RS mais, n’ayez crainte, vous pouvez l’obtenir via le programme de personnalisation.
En s’approchant, on constate que la GT3 Touring laisse de côté son imposant aileron arrière fixe – et les deux prises d’air surélevées sous le béquet - pour un modèle déployable, le même que sur la 911 ordinaire. C’est plus coquet et sobre, mais on y perd en tape-à-l’œil et inévitablement en appui aérodynamique. On gagne cependant en vitesse de pointe. Le reste de la voiture est identique, ses grandes prises d’air à l’avant et ses pneus ultralarges lui procurent toute son attitude, c’est de l’arrière qu’elle présente toute sa bestialité.
Une GT3 dégarnie?
En fait, selon Patrick Saint-Pierre, directeur des communications chez Porsche Canada, l’ensemble Touring procure un peu plus de civilité à la voiture et plaira à ceux qui apprécient les vertus des bolides de la marque tout en préférant davantage de sobriété. C’est les performances, sans l’apparence, une GT3 de détective privé en fait.
À l’intérieur, on remarque une subtilité qui fera l’envie de plusieurs : le levier d’embrayage. Eh oui, la GT3 Touring n’est offerte qu’avec trois pédales et donc, une boîte manuelle à six rapports. Alléluia! La GT3 « ordinaire » vous laisse le choix, alors que la GT3 RS vous force à opter pour la boîte PDK à double embrayage.
D’ailleurs, prendre place à bord n’est pas une sinécure, surtout si vous avez choisi les sièges sport moulés avec coquille en carbone. Leurs appuis latéraux agressifs vous bloquent le chemin, et il faut passer par-dessus et littéralement se laisser choir au fond du bolide. Une fois installé, on a l’impression d’avoir enfilé un gant qui nous va à merveille. À voir l’instrumentation, l’absence de sièges à l’arrière et les nombreuses composantes similaires à celles d’une voiture de course, on comprend que l’on n’est pas dans une 911 ordinaire et que la table est mise pour une joyeuse randonnée.
500 chevaux qui hurlent leur puissance
Au démarrage, le moteur émet un vrombissement qui fait inévitablement tourner les têtes de ceux qui n’avaient pas déjà remarqué la bête. À l’arrière de la voiture se trouve le plus puissant des moteurs atmosphériques de la marque, un six cylindres de 4,0 litres qui développe 500 chevaux pour 339 lb-pi de couple. Il faut une bonne dose de confiance pour se décider à désactiver tous les systèmes de contrôle de la traction, surtout lorsque l’on se rappelle que le bolide nous a coûté 163 300 $, sans les options. Pas de rabais, ou de surprime pour sa discrétion supplémentaire, la Porsche GT3 Touring est vendue au même prix que la GT3 « ordinaire ».
L’embrayage demande une cuisse musclée, mais on s’émerveille rapidement en découvrant son efficacité ainsi que l’extrême précision de la boîte manuelle, chose rare de nos jours. Enfoncez l’accélérateur et votre corps se moule littéralement au siège, surtout si l’on dépasse 4 000 tr/min, là où le moteur libère son couple et se met à hurler toute sa puissance dans une symphonie digne des grands orchestres. Du bonbon pour les oreilles!
Deuxième, troisième, quatrième rapport, chaque fois que l’on appuie et que l’on relâche l’embrayage tout en enfonçant de nouveau l’accélérateur, la tête bascule d’avant en arrière alors que le couple du moteur semble sans fin. Il nous aura fallu que 3,9 secondes afin de boucler le 0-100 km/h alors que la vitesse de pointe de la GT3 se situe à 316 km/h. Grâce à ses pneus ultralarges – on songe soudainement à leur coût de remplacement – la GT3 colle littéralement à la route, et seul l’arrière se dérobe légèrement quand on devient un peu trop enthousiaste.
De grâce, visitez un circuit si vous voulez découvrir tout le potentiel d’une telle voiture car même si elle demeure civilisée en conduite quotidienne, c’est lorsqu’on la pousse à fond que l’on peut réellement apprécier son niveau de performance. Ses freins, sa suspension et son équilibre général en font certainement une des plus performantes de sa catégorie avec en prime une extrême fiabilité.