Ford F-150 Power Stroke 2018 : la « petite » mule de travail
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DENVER (Colorado) – Après plusieurs années d’attente, le voici enfin, le premier F-150 diesel depuis des lunes. Ford le surnomme Power Stroke et bien que son moteur soit plus français qu’américain, le constructeur propose aux amateurs de camion un engin de travail à faible consommation d’essence. C’est dans les Rocheuses américaines que nous l’avons mis à l’essai.
Cœur de lion
Le Power Stroke, c’est un moteur, rien de plus, car pour le reste, on parle de la même camionnette demie-tonne Ford qui demeure si populaire auprès des consommateurs nord-américains. À l’heure actuelle, le F-150 s’offre avec un choix de quatre moteurs : un V6 atmosphérique de 3,3 litres, deux V6 biturbo de 2,7 litres et 3,5 litres, ainsi qu’un V8 de 5,0 litres.
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Le Power Stroke, un V6 turbodiesel de 3,0 litres, s’ajoute à la famille. Il est le seul moteur diesel dans la gamme F-150 et concurrence le V6 EcoDiesel du Ram 1500. Ce moteur est largement basé sur l’architecture Lion, conçue par le groupe PSA Peugeot Citroën, un moteur qui est actuellement utilisé dans certains produits Land Rover. Ford lui a néanmoins apporté des modifications qui lui sont propres, comme un vilebrequin forgé, un turbo à géométrie variable et une pompe à huile à deux étages, lui confiant, selon Ford, une robustesse digne d’une véritable camionnette américaine.
Côté puissance, Ford déclare 250 chevaux et un impressionnant couple de 440 lb-pi. La seule boîte de vitesses est une automatique à dix rapports, soit la même proposée avec les autres moteurs (sauf la version de base du 3,3 litres). Comme c’est le cas pour toutes les déclinaisons du F-150, les consommateurs peuvent choisir entre des boîtes de 5,5 pieds (168 cm) ou de 6,5 pieds (198 cm), et entre une cabine ordinaire ou SuperCrew.
Des grosses remorques et ben de la bouette!
La période d’essai fut composée de cinq programmes : conduite dynamique, capacité de remorquage, capacité de chargement, consommation d’essence et trajet hors route. Lors de notre arrivée, les belles camionnettes, peintes en plusieurs couleurs et configurées de différentes manières, nous attendaient sous le soleil printanier du Midwest américain. Certaines d’entre elles étaient attachées à des remorques à chevaux, d’autres la caisse remplie de motocross, de planches en bois ou de petits arbustes. Il y en avait même une qui tirait un Hummer H1 de l’armée américaine!
Dans les hautes altitudes du Colorado, lors de la séance de conduite dynamique, je m’en suis tenu à une version 4x4 Lariat, boîte courte avec la cabine SuperCrew, peinte en rouge pétant. Mon camion était vide, ce qui m’a permis d’observer les performances du moteur diesel lorsqu’il est peu sollicité.
Il est étonnamment silencieux pour un moteur du genre, n’émettant qu’un faible son de claquement lorsqu’il tourne au ralenti. Quand on appuie sur le champignon, le couple instantané, qui apparaît à 1 500 tours/minute, entraîne une accélération agréable. Cependant, la boîte automatique à dix rapports est lente à réagir, prenant plusieurs secondes avant de rétrograder.
J’ai ensuite conduit mon beau camion rouge dans la boue, sur un parcours hors route, qui me semblait un peu inutile à première vue. Toutefois, j’avoue avoir trouvé fort amusant de remettre aux gens de Ford un truck tapissé d’une belle couche de bouette!
Mon deuxième essai s’est effectué sur le même trajet, mais avec une énorme remorque fermée de plus de 8 000 lb (3 628 kg) attachée derrière moi. Le Power Stroke dispose actuellement de la plus grande capacité de remorquage du segment (11 400 lb/5 170 kg), plus élevée même que celle d’un Ram 1500 EcoDiesel (9 290 lb / 4 213 kg) ou même d’un F-150 V8 non équipé de l’ensemble remorquage (9 000 lb / 4 082 kg).
Encore une fois, c’est le couple à bas régime qui m’a le plus épaté, permettant à la camionnette de décoller à un feu de circulation assez rapidement, même avec l’énorme boîte roulante tapissée de publicités Ford qui me suivait. Cependant, lors d’inclinaisons, qui sont nombreuses au Colorado, le V6 manquait un brin de souffle. Il était impossible de dépasser 100 km/h. Après tout, ce n’est pas un V8!
Étrangement, si le camion est réglé en mode Tow, la boîte automatique fait le merveilleux travail de maintenir le rapport idéal pour la tâche. Là-dessus, il est super. Jamais elle ne se promenait entre les rapports, même dans les inclinaisons les plus à pic.
Impressionnante consommation d’essence
Le dernier parcours consistait à évaluer la consommation d’essence du camion. On devait prendre le volant d’un modèle à deux roues motrices, de le régler en mode Eco et de conduire environ 10 miles (16 km) dans un circuit urbain comprenant des changements d’élévation et des surfaces plates.
De mon bord, j’ai réussi à enregistrer une consommation moyenne de 31,8 mpg (7,4 L/100 km) sans trop me forcer, un chiffre qui m’a énormément surpris compte tenu de la taille du véhicule que je conduisais. Certains journalistes sur place se sont forcés à réduire leur consommation, enregistrant une moyenne de 38,5 mpg (6,1 L/100 km), soit identique à celle d’une Hyundai Accent 2018, wow!
Sur papier, Ford affirme que la déclinaison quatre roues motrices affiche une consommation moyenne de 10,7 L/100 km en conduite mixte ville/route. De mon bord, lors de mon essai dans les montagnes, j’ai observé une cote de 20,8 mpg (11,3 L/100 km). Quand même!
Pour ce qui est du fameux fluide d’échappement diesel, que certains appellent AdBlue, élément essentiel au fonctionnement des moteurs à diesel modernes, Ford déclare que le remplissage doit s’effectuer aux 16 000 km.
La motorisation Power Stroke du F-150 ajoute donc une autre flèche à l’arc du F-150, chose qui risque de l’aider à demeurer à la tête du palmarès des ventes de camionnettes en Amérique du Nord. Le moteur diesel fait preuve d’une épatante consommation d’essence et d’un couple monstrueux, permettant aux consommateurs désirant remorquer de grosses charges d’obtenir le meilleur des deux mondes. Espérons seulement pour Ford que le prix montant du diesel ne lui mette pas trop les bâtons dans les roues!