Genesis G90 2017 : le type silencieux
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Habituellement, établir une marque de luxe prend du temps et implique beaucoup de travail ainsi qu’un investissement colossal. Demandez à Acura, à Lexus et à Infiniti, les trois marques de luxe japonaises qui ont vu le jour dans les années 80 et qui n’ont toujours pas l’aura et le prestige de Mercedes-Benz et BMW.
Pour vendre des véhicules de luxe, une salle d’exposition et des campagnes publicitaires ne suffisent pas. Un constructeur doit créer une marque que les consommateurs associeront avec un certain style de vie, et proposer une expérience de possession qui rendra les voisins, les amis et la famille jaloux, ou du moins, qui leur fera afficher une forme d’admiration.
- À lire aussi: Genesis G70 2019 : compacte de luxe, façon coréenne
- À lire aussi: Genesis G80 Sport 2018 : bâtir les fondations d'une notoriété
Pour ces raisons, Genesis a du pain sur la planche. Peu de gens colleront la photo de la Genesis G90 2017 sur la porte du frigo en se disant « un jour, tu seras mienne ». Et le constructeur le sait très bien. Il sait que la route sera longue et sinueuse, et il est prêt à relever le défi.
En fait, presque. D’ici à ce que la marque lance un VUS — qui n’arrivera pas avant un an ou deux —, elle n’enregistrera pas de ventes significatives. Elle n’a même pas de concessionnaires. Ceux intéressés par une Genesis peuvent consulter leur site Internet, fixer un rendez-vous pour faire l’essai d’un véhicule à l’endroit de leur choix, et commander un véhicule en ligne. L’entretien et les réparations s’effectueront par l’entremise d’un service de conciergerie. Toutefois, Genesis ouvrira quelques « boutiques » dans des quartiers et des centres commerciaux plus huppés, si ce n’est que pour accroître la visibilité de la marque.
La Genesis G90 2017 est le porte-étendard d’une gamme de trois voitures qui est composée également de la G80 intermédiaire ainsi que de la compacte G70 — qui sera mise en vente cet été. La G90 se détaille à partir de 84 000 $, ça comprend les frais de transport et de préparation, le service de conciergerie mentionné plus tôt ainsi que l’entretien prescrit par le fabricant durant cinq ans ou 100 000 kilomètres.
C’est une somme assez élevée, mais en retour, on obtient plus ou moins une Mercedes-Benz Classe S à rabais. Ou une alternative à une Lexus LS ou une Jaguar XJ. Ou une rivale directe à la Cadillac CT6. La BMW Série 7, l’Audi A8, la Porsche Panamera et la Maserati Quattroporte figurent aussi dans ce segment de marché, mais sont beaucoup plus dynamiques que la G90 et ciblent une clientèle différente.
Pour ces 84 000 $, on a droit à un V6 biturbo de 3,3 litres développant 365 chevaux et un couple de 376 livres-pied, acheminés aux quatre roues via une boîte automatique à huit rapports. Contrairement à la Hyundai Equus, sa devancière en quelque sorte, et la Kia K900 qui effectue ses derniers tours de piste, toutes les deux des voitures à propulsion, la G90 est prête pour affronter les hivers canadiens.
Pour 3 000 $ de plus, les acheteurs peuvent se tourner vers un V8 de 5,0 litres produisant 420 chevaux et un couple de 383 livres-pied. Sa sonorité est évidemment plus agréable que celle du V6, et il consomme davantage, surtout en circulation urbaine. Par contre, le moteur 3,3T est assurément un bon choix, faisant de la G90 une voiture rapide, sans toutefois manquer de raffinement. Lors de notre essai hivernal, nous avons observé une moyenne de 11,6 L/100 km, un résultat très honnête.
On retrouve un système de modes de conduite visant à altérer le caractère de la G90, si peu soit-il. Le mode Sport modifie la réactivité de l’alimentation des gaz, des changements de rapport de la boîte et de la fermeté de la direction, mais la suspension adaptative de série se calibre par elle-même selon l’humeur du conducteur. On peut cependant choisir manuellement la fermeté des amortisseurs par l’entremise de l’écran central. En conduite relaxe, la grande berline est fluide comme du sirop sans donner le mal des transports, bien que sa suspension ne soit pas aussi finement réglée que celles de ses rivales allemandes.
Chaque Genesis G90 2017 est habillée de cuir nappa et de véritables boiseries, et bien que le design en général soit conservateur, la finition est sans reproche. De plus, l’insonorisation de la cabine est étonnante. Bien sûr, on retrouve certaines commandes qui ressemblent drôlement à celles d’une Hyundai Elantra à 16 000 $, mais on doit s’y attendre. Mercedes-Benz ne se fait pas trop critiquer pour avoir installé des boutons et commandes identiques dans la Classe B et la Classe S, alors on ne devrait pas se plaindre à propos de la Genesis. Néanmoins, ça nous dérange quand même. Un peu.
La G90 est équipée de caractéristiques telles que des phares adaptatifs au bixénon, un toit ouvrant, des roues de 19 pouces, des portes à fermeture adoucie, des rétroviseurs repliables électriquement avec éclairage du logo Genesis au sol, un siège du conducteur à 22 réglages électriques, des sièges avant chauffants et ventilés, des sièges arrière chauffants, un système de caméras à 360 degrés, un climatiseur à trois zones, un régulateur de vitesse adaptatif avec arrêt/redémarrage automatique et bien, bien plus. Les passagers arrière auront également droit à leurs propres réglages audio et de climatisation sur l’appuie-bras central rabattable. La G90 à moteur V8 propose aussi quelques extras, comme des phares à DEL ainsi que des sièges arrière à commande électrique et ventilés.
La chaîne audio ambiophonique Lexicon à 900 watts, à 7,1 canaux et dotée de 17 haut-parleurs, est drôlement impressionnante. De plus, chaque G90 intègre un système multimédia qui profite d’un écran de 12,3 pouces, d’une molette multifonction sur la console et d’un disque rigide SSD afin d’emmagasiner de la musique. On ne retrouve pas de technologie de contrôle gestuelle ni de distributeurs de parfum comme c’est le cas dans la BMW et la Benz, mais autrement, d’un point de vue technologique, la Genesis n’a rien à envier à ses adversaires.
Bon, ce qu’elle n’a pas, au risque de se répéter, c’est une marque qui rime avec luxe et opulence. Du moins, pour l’instant. Il revient à l’acheteur de décider si les 20 000 $ supplémentaires exigés pour passer d’une G90 à une Classe S en valent l’envie et l’admiration de notre entourage. Pour plusieurs personnes, ça sera probablement le cas. On doit également noter qu’une Cadillac CT6 à équipement égal coûte un peu moins cher, mais l’on n’obtient pas le service de conciergerie ni l’entretien sans frais.
Toutefois, la G90 est une berline de luxe pleine grandeur au même titre que ses rivales établies, sans l’écusson prestigieux. Ceux qui peuvent apprécier une grande voiture luxueuse comme celle-ci sans devoir attirer l’attention pourraient assurément être heureux à son bord. Qui sait ce que la marque Genesis représentera dans 20 ou 30 ans, mais l’on doit savoir qu’elle produit déjà des voitures bien exécutées, dont cette G90.