Genesis G80 Sport 2018 : bâtir les fondations d'une notoriété
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En 2018, fonder une nouvelle compagnie de voitures, c’est loin d’être facile. Surtout lorsque l’on désire se mesurer à l’élite de l’industrie, les voitures de luxe européennes. De plus, si l’on veut que notre entreprise automobile performe dans ce monde fort concurrentiel, il faudra que celle-ci ait au moins un véhicule utilitaire dans sa gamme. Du moins, c’est ce que les consommateurs semblent acheter de nos jours. Ça ou des camionnettes.
Prenons Hyundai, qui vient de lancer sa toute nouvelle marque de voitures de luxe. Elle s’appelle Genesis (et non Hyundai Genesis) et désire se mesurer à l’élite mondiale. C’est courageux, surtout en considérant que sa gamme n’offre que des berlines, un segment de bagnoles que les consommateurs n’achètent presque plus! Mais ça, c’est un autre sujet. Ce que l’on veut savoir au Guide de l’auto, c’est si une Genesis G80 Sport 2018, l’intermédiaire aux prétentions sportives du constructeur, se montre assez compétente pour être considérée comme une véritable voiture de luxe. Pour en avoir le cœur net, nous en avons conduit une.
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Luc et Albert
Pour bâtir la marque Genesis, Hyundai est allé chercher les meilleurs de l’industrie. Côté design, les voitures sont dessinées par Luc Donckerwolke, anciennement chez Volkswagen, Audi, Bentley et Lamborghini. Du côté de l’ingénierie des plates-formes et de la suspension, ce sont Albert Biermann et Fayez Abdul Rahman, les deux venus directement de chez BMW, qui sont chargés d’assurer un comportement routier digne des meilleures bagnoles de luxe.
La G80 se trouve au milieu d’une gamme de trois berlines avec la G70, une compacte qui arrivera bientôt et la G90, une auto pleine grandeur. En réalité, la G80 est l’ancienne Hyundai Genesis qui a subi quelques modifications.
Cependant, la déclinaison Sport est nouvelle pour 2018 et dispose de ses propres composantes mécaniques. Sous le capot, on a remplacé le moteur V8 de 5,0 litres par un V6 à double turbo de 3,3 litres, le même que dans la G90. Ici, il déploie 365 chevaux et un couple de 376 lb-pi. Certes, il développe 55 chevaux de moins que le V8 (420 chevaux), mais il est plus léger et le couple est seulement réduit de 7 lb-pi.
Toutes les G80, peu importe le moteur choisi (un V6 atmosphérique de 311 chevaux est également offert), sont munies d’une boîte automatique à huit rapports. La Sport a reçu une mise au point de son châssis par les gens de Lotus, et elle est dotée d’une suspension adaptative. Un rouage intégral figure de série, comme dans toutes les G80 vendues au Canada. C’est la déclinaison que nous avions à l’essai.
La couleur bronze, la fibre de carbone et l’alcantara
Au sujet du design, je dois avouer que la G80 est plus attrayante que la G90, mais elle a néanmoins de la difficulté à se distinguer de sa concurrence. On a trop l’impression qu’elle emprunte des éléments visuels à d’autres marques – un peu de Lexus ici, une touche de Mercedes-Benz là, un soupçon de BMW. Elle est belle, la G80, mais elle n’est pas assez unique.
Toutefois, en version Sport, l’auto est ornée de touches esthétiques qui lui confèrent un je-ne-sais-quoi très agréable au regard. Personnellement, j’apprécie la finition de chrome foncé autour de la grille et les portières. On la retrouve également sur les jantes, qui, à elles seules, sont absolument magnifiques. À l’intérieur, le thème foncé se poursuit via des coutures affichant la même couleur. Toutes les G80 Sport sont équipées d’un plafond d’alcantara, ajoutant une couche de qualité à l’habitacle. Pour la Sport, on a remplacé le bois par de la fibre de carbone.
La conduite d’une Lexus
S’il y a un fabricant dont Hyundai s’est inspiré pour lancer sa nouvelle marque de luxe, c’est Lexus, et on remarque justement plusieurs similarités entre la G80 et la GS 350. Derrière le volant, l’élément le plus frappant de la G80 est sa douceur de roulement extrêmement raffinée. Là-dessus, j’avoue avoir été impressionné par la sérénité que procure la souplesse de sa conduite et son habitacle silencieux, rappelant davantage celui de la GS.
Même chose au niveau de son groupe motopropulseur. Le V6 livre sa puissance sans tracas, sans délai des turbo, et la boîte automatique fonctionne à merveille, mieux que celle de Lexus en fait, offrant de bonnes reprises dès que l’on appuie sur l’accélérateur. Les passages des rapports sont exquis et aisés.
Les sièges avant sont tout à fait sublimes pour de longs voyages et absolument séduisant par leur couleur deux tons. Quant à la banquette arrière, on se croirait dans un salon tellement le dégagement pour les jambes et la tête est ample! Les coussins des sièges donnent presque la sensation de s’asseoir sur d’énormes guimauves. Ils sont si confortables!
Mais où est la griffe?
Dans l’ensemble, la Genesis G80 est bien assemblée, elle est belle et en offre beaucoup pour son prix de vente anormalement bas de 62 000 $. Son système d’infodivertissement, muni de la connectivité Android Auto et Apple CarPlay, est simple et facile à manipuler grâce à la molette sur la console centrale, et l’attention portée aux détails se remarque partout dans l’habitacle. Même le pare-soleil est recouvert d’une texture agréable au toucher!
Malgré tout, cette voiture a un défaut : il lui manque une âme, une griffe. Par exemple, son tableau de bord est bien monté, mais n’a rien d’original. On a trop l’impression qu’il est sorti tout droit d’un produit Hyundai. Ce sont surtout les cadrans, poignées de portières, boutons de radio, ainsi que le levier d’essuie-glaces, qui font davantage penser aux véhicules bas de gamme du constructeur.
Le moteur, en dépit de ses accélérations intéressantes (0 à 100 km/h en 5,8 secondes), manque de personnalité, et bien que sa sonorité soit amplifiée en mode Sport, on dirait qu’il se lamente. Il est sans caractère et ne reflète pas les prétentions sportives de la voiture.
Finalement, les modes de conduite sont trop drastiques. Certes, le fait que l’on puisse alterner entre les modes Normal, Eco et Sport, est agréable, et l’on ressent les changements, mais la différence de calibration entre Sport et Normal est beaucoup trop grande! On passe d’une berline ultradouce et silencieuse, à une bagnole enragée dont la pédale d’accélération est trop sensible et l’arrière semble toujours vouloir « drifter ».
Fait intéressant : le rouage intégral de Genesis peut envoyer jusqu’à 90% de la puissance aux roues arrière en mode Sport!
Mais tout ça, ce sont des détails. En général, la Genesis G80 est une berline de luxe intermédiaire réussie. On ressent le sérieux dans la manière dont elle a été assemblée, et le travail effectué sur la suspension. Sa qualité de roulement, combinée à une dynamique de conduite germanique, lui permet de s’éloigner de ses origines bon marché.
Avec un prix de détail de presque 20 000 $ de moins qu’une Mercedes-AMG E 43, une garantie à tout casser et une expérience d’achat qui sort du commun, on ne se fait pas avoir en achetant une Genesis. Au contraire, on fait une bonne affaire. On obtient le luxe sans la prétention!
Les compétences sont donc très présentes et le constructeur est sur le droit chemin. Espérons seulement que la marque réussira à rectifier son problème d’image, facteur important dans la décision d’achat des consommateurs. Mercedes-Benz a construit la première voiture. Cadillac a eu ses moments de gloire dans les années cinquante et soixante. BMW a inventé la berline sport, et Jaguar a donné naissance à de jolies bêtes glorieuses comme la E-Type. Chacun de ces constructeurs se nourrit de son héritage pour justifier son exclusivité. Genesis, quant à elle, se nourrit de quoi au juste?