Ford Mustang 2018 : se préparer pour l’avenir
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MALIBU (Californie) – Les véhicules qui auront la plus grande difficulté à s’adapter à notre futur électrifié seront sans aucun doute les muscle cars américains. On apprécie ces grosses bagnoles rudimentaires pour leur caractère généré par leur moteur V8. Tous les amateurs de performance vous le diront, rien ne peut remplacer le couple instantané et la sonorité livrés par un tel moteur.
Comment ces voitures survivront-elles dans un monde à batteries, où le son du moteur n’est qu’un élément accessoire et artificiel? Dans le cas de la Ford Mustang, bolide américain iconique qui continue après plus de cinquante ans à faire rêver des générations entières, il est important que sa transition vers le monde de demain s’effectue en douceur si elle désire rester vivante. La Mustang 2018 est donc le premier chapitre d’une métamorphose cruciale vers l’avenir.
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Fini le V6
Si Ford désire convaincre les consommateurs qu’une Mustang peut être cool sans le V8, il faut d’abord proposer une alternative qui en vaut la peine. Voilà où le quatre cylindres turbo EcoBoost entre en jeu. Depuis son apparition en 2015, ce petit moteur a su se faire respecter en livrant des performances équivalentes aux anciens V8, à un tel point que pour 2018, le V6 est officiellement discontinué. Les seuls moteurs offerts pour la Mustang 2018 sont donc le V8 de 5,0 litres et le quatre cylindres turbo de 2,3 litres.
Concernant la puissance, l’EcoBoost développe 310 chevaux, comme la version précédente. Toutefois, le couple a considérablement été augmenté : 350 lb-pi. Autre changement majeur pour tous les modèles : une nouvelle boîte automatique à dix rapports. En fait, celle-ci est la même que dans le F-150.
Pas 100% nouvelle
Cela étant dit, la Mustang 2018 n’est pas un tout nouveau modèle, mais une révision majeure de la génération actuelle. Ford a quand même retravaillé son design, les modifications esthétiques sont subtiles, néanmoins, on remarque une différence avec la Mustang de l’année passée. C’est surtout la calandre qui change, car l’arrière est sensiblement pareil. L’habitacle, quant à lui, demeure presque inchangé, sauf quelques différences au niveau de la qualité des matériaux utilisés. Ceux-ci sont franchement améliorés, surtout le plastique qui recouvre la console centrale, et cette dernière est désormais recouverte d’une surface agréable au toucher. Le système d’infodivertissement Ford SYNC 3, fidèle au poste, est efficace — comme dans le reste de la famille Ford.
Le seul vrai changement apporté dans la cabine est le panneau d’instrumentation numérique, où on retrouve un écran ACL de 12 pouces au lieu de cadrans analogues conventionnels. Cet écran permet de personnaliser l’information affichée et modifie son interface en fonction des divers modes de conduite sélectionnés. Ça tient franchement du gadget, mais lorsque l’on met le véhicule en mode Track, le compte-tours se transforme en barre horizontale, un peu comme dans les voitures américaines d’autrefois. Et ça, je l’avoue, c’est très cool!
Une véritable voiture sport
J’ai eu la chance de conduire les deux versions de la Mustang sur les routes sinueuses de la Californie et j’admets avoir été impressionné par les prouesses du châssis qui, pour 2018, a reçu une panoplie de révisions importantes. En fait, la Mustang n’est plus qu’un simple muscle car, elle est une voiture sport, digne des meilleurs produits européens.
En version quatre cylindres, on remarque instantanément un train avant plus léger et maniable, surtout lorsque l’on entre dans un virage prononcé. Déclinée ainsi, la Mustang fait étrangement penser à un coupé sport compact du genre Subaru BRZ ou même Nissan 370Z. En tout cas, le quatre cylindres ne manque pas de puissance, tout se passe à bas et moyen régime. Il est inutile de le faire révolutionner et sa livrée de couple ferait honte à des moteurs beaucoup plus gros.
Toutefois, sa sonorité est complètement ratée : on a davantage l’impression de conduire une compacte allemande qu’une voiture américaine. Ford a tenté de remédier au problème en ajoutant un son simulé, mais l’effet est plus bruyant que plaisant et presque exagéré.
La boîte automatique impressionne par sa rapidité, surtout quand elle grimpe les rapports. Cependant, elle prend du temps à rétrograder, et on dirait qu’elle se cherche. Le problème semble attribuable au petit moteur, qui nécessite de rétrograder dans des rapports plus bas pour maximiser la puissance disponible, car dans la version V8, la boîte opère à merveille. Cela dit, le quatre cylindres est largement suffisant au niveau de la performance et nous prouve qu’une Mustang peut demeurer plaisante à conduire et surtout, rapide sans son V8.
Ce qui sera difficile à remplacer
Malgré les solides compétences du moteur EcoBoost, c’est la version GT — avec le V8, la boîte manuelle à six rapports et l’ensemble Performance — qui créé les réelles sensations fortes derrière le volant. C’est là que l’on se rend compte à quel point ces voitures auront de la difficulté à traverser le mouvement inévitable de l’électrification. Il n’y a absolument rien qui pourra remplacer les frissons que procure un V8 américain. Rien.
Pour 2018, le 5,0 litres, qui demeure à injection directe, démontre une augmentation en puissance — de 435 chevaux à 460. La boîte manuelle a également été modifiée par des ratios plus courts. La pédale d’embrayage est plus robuste et l’on a ajouté au bolide un volant d’inertie allégé, permettant au moteur de révolutionner plus librement.
Autre grand changement pour le V8 : le son! Contrairement au modèle antérieur — qui a reçu plusieurs plaintes de la part de propriétaires au sujet de sa sonorité trop discrète —, pour 2018, on remédie au problème via des tuyaux d’échappement actifs qui altèrent leur sonorité selon le mode de conduite choisi. En mode Track, la Mustang est un véritable vacarme auditif, semblable à celui émis par la Shelby GT350. Passez en mode Normal et elle retombe soudainement toute silencieuse, question de ne pas réveiller vos voisins!
Au sujet de la tenue de route, encore une fois, c’est excellent. Grâce à une suspension arrière indépendante et aux amortisseurs ajustables Magnaride, la Mustang GT reste rivée au sol, surtout lors de transitions rapides. Dans les virages, la version V8 se montre lourde, particulièrement sur le train avant. On doit prendre le temps de bien compléter le virage avant d’enfoncer l’accélérateur. Sur ce point, elle est moins joueuse que l’EcoBoost. Mais le couple livré par le V8 permet de se rattraper dans les lignes droites et les limites d’adhérence offertes par une pneumatique plus large permettent d’entrer dans les virages plus agressivement.
C’était à bord de la Mustang GT 2018 que j’ai réalisé que la fin d’une époque cognera bientôt à notre porte. En fait, cette nouvelle déclinaison d’une voiture populaire est plus moderne que jamais et nous présente en fait deux Mustang : celle de demain, la 2,3 litres EcoBoost avec sa boîte automatique, et celle d’hier, la 5,0 litres V8 avec sa boîte manuelle.
En 2020, Ford nous parle d’une potentielle Mustang hybride et prochainement, on nous arrivera sans doute avec une version 100% électrique. Tout ça, c’est bien pour notre planète et la survie de notre humanité. Et avec les technologies qui nous seront proposées, je suis persuadé que ces nouvelles Mustang seront tout aussi plaisantes à conduire. Cependant, pour le moment, je m’excuse, mais une Mustang, dans mon livre à moi, ça prend un V8 et trois pédales!