Fiat 124 Spider Abarth 2017 : l’effet Aurelio
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J’aimerais amorcer mon compte-rendu de la Fiat 124 Spider Abarth 2017 en parlant de l’éléphant dans la chambre : ce n’est pas une Fiat, c’est une Mazda MX-5! Cette affirmation est le commentaire le plus fréquemment entendu au sujet de la petite dernière du constructeur italo-américain FCA. Certes, le fait qu’un des roadsters italiens les plus iconiques des années 60-70 soit réincarné sur le squelette d’une auto japonaise est un sacrilège aux yeux des puristes. Toutefois, après avoir passé une semaine à bord du petit deux places, je vous assure, chers amateurs de marques italiennes, qu’il n’y a rien à craindre.
« C’est quoi cette voiture, monsieur? »
C’est lors de ma séance de photos dans le vieux Montréal que j’ai immédiatement perçu le charme de la Fiat 124 Spider. Elle sort du lot, elle est nouvelle, différente et surtout italienne! Les questions fusent lorsque l’on se promène en Fiat 124 et les regards se fixent sur nous. Pourquoi? Parce que la Fiat 124 originale, la légendaire création de l’ingénieur Aurelio Lampredi — qui a quitté Ferrari pour travailler chez Fiat — vit un succès monstre au Québec. Et les gens s’en souviennent.
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Pourtant, la nouvelle Fiat 124 n’est pas ce que l’on pourrait qualifier de voiture sexy. Sa calandre, qui semble avoir été collée sur la MX-5, tente d’évoquer l’allure de l’originale par ses énormes phares semi-circulaires. On lui a même ajouté des bosses sur le capot, faisant référence au moteur à doubles arbres à cames de son héritière. C’est plus ou moins réussi, surtout si l’on considère que le moteur de la nouvelle 124 est en réalité muni d’un seul arbre à cames. Oups.
Au moins, la voiture affiche un look unique et honnêtement, personne, sauf les connaisseurs, ne se rendra compte de ses origines.
Alors oui, sous la carrosserie de la Fiat 124 Spider on retrouve la plate-forme de la Mazda MX-5. Toutefois, Fiat l’a modifiée à sa façon. La voiture est plus longue de presque 14 cm, plus large de 7,6 mm et plus près du sol de 12,7 mm. Sa suspension a également été retravaillée. En fait, ce n’est plus la même conception.
Sous le capot se cache un moteur 100% Fiat; celui de la 500 Abarth. C’est un quatre cylindres de 1,4 litre turbo. FCA nous parle de 164 ch et d’un couple de 184 lb-pi (160 ch dans les versions Classica et Lusso), soit 9 chevaux et 36 lb-pi de plus qu’une MX-5. La déclinaison Abarth ajoute également un différentiel à glissement limité, un système d’échappement sport, un capot et couvercle de coffre peints en noir mat ainsi que des écussons en plastique Abarth, ressemblant à ce que l’on voit sur la ceinture d’un lutteur de la WWE.
Toutes les Fiat 124 arrivent de série avec une boîte manuelle à six rapports et un rouage à propulsion. La boîte manuelle vient d’une MX-5 de dernière génération. Une automatique à six rapports est disponible en option.
Conduire
À l’aube des voitures lourdes et complexes munies d’aides à la conduite semi-autonome, il fait bon de s’asseoir derrière le volant d’une bagnole qui met l’accent sur le plaisir de conduire. Avec mon gabarit imposant, je vous avoue qu’il était difficile pour moi d’entrer dans la Fiat, mais ce n’est pas grave. Parce que la Fiat 124 Spider possède toutes les qualités dynamiques de la Mazda MX-5, faisant d’elle une petite auto fort amusante. Son levier de vitesses est précis et agréable à manipuler, par contre, celui de la MX-5 l’est encore plus. La voiture est miniature, la rendant enjouée et énervée, même quand on roule lentement. Elle est facile à stationner et sa suspension a été calibrée pour mieux ressentir l’arrière de la voiture bouger.
C’est lorsque l’on active le mode Sport et que l’on désactive le système antipatinage que ce caractère amusant s’amplifie. Si l’on ose entrer dans un virage prononcé un peu trop vite, il faut être alerte, car la Fiat est toujours prête à entreprendre un drift!
Le petit habitacle coincé de la Fiat 124 demeure tout de même bien exécuté. En réalité, il est identique à celui de la MX-5, mis à part quelques coutures et un compteur de vitesse rouge. Mais il est attrayant, bien assemblé et fonctionnel. Le système d’infodivertissement, un copier-coller des produits Mazda, est rapide et facile à comprendre. On le contrôle par une molette située sur la console centrale du véhicule. Sérieusement, c’est un système intuitif qui utilise le gros bon sens pour arriver à ses fins, bravo!
Le moteur turbo, quant à lui, dispose d’un plus grand couple à bas et à moyen régime que celui de la MX-5. C’est un élément que l’on apprécie lors des accélérations, qui demeurent relativement semblables à celles de l’auto japonaise (0-100 km/h en 6,3 secondes vs 6,1 pour la Mazda), mais ce moteur manque de caractère, chose inhabituelle pour une italienne. Il est surtout privé de sonorité, contrairement à la 500 Abarth, et il n’aime pas révolutionner, s’essoufflant dès que l’on dépasse 6 000 tr/min, tout en livrant une plage de puissance irrégulière, manquant de raffinement comparé à sa cousine.
D’une simplicité remarquable
C’est là que l’on apprécie la Fiat 124 Abarth, par sa simplicité qui évoque l’effet de faire union avec le bolide. Son toit rétractable se soulève à une main. On n’a qu’à tirer sur une clenche près du rétroviseur, on soulève et voilà, il est rangé! Et malgré le fait qu’elle soit toute petite, la Fiat 124 a un coffre! Certes, à 142 litres d’espace, il est restreint, mais assez volumineux pour quelques sacs d’épicerie ou de l’équipement de camping. Cependant, c’est à l’intérieur de la voiture que l’espace de rangement est presque inexistant. Comme dans la Mazda MX-5, il n’y a pas de coffre à gants. On devra faire appel à un minuscule compartiment entre les sièges pour y déposer papiers ou portefeuilles. Les porte-gobelets amovibles, placés entre les deux sièges, sont cause de désastre si vous avez le malheur d’être trop large des épaules!
Bref, la Fiat 124 Spider est loin d’être pratique, mais elle demeure la décapotable idéale pour les passionnés de conduite. On se sent libre dans une telle voiture, les cheveux au vent, loin de la conformité. Des voitures comme celle-ci, ça en prend. Elles sont comme une thérapie sur roues.
La question qui tue : pourquoi préférer la Fiat à une MX-5? Pourtant, elle n’est pas meilleure. On choisit la 124 pour son charisme, sa prestance de voiture italienne, son héritage, son nom. J’appelle ça l’effet Aurelio. Je vous laisse donc sur cette question : laquelle de ces deux phrases est la plus attrayante : « je roule en Fiat » ou « je roule en Mazda»?