Porsche Cayenne / S / Turbo, le collecteur de fonds
Il est toujours vrai que le Cayenne demeure un VUS doué, mais passablement inutile en raison de son prix et de sa sophistication. Malgré de bonnes qualités en conduite hors route, il est fort peu probable que ses propriétaires aillent passer les week-ends à érafler la peinture contre les branches d’arbres ou s’enliser dans la boue jusqu’aux essieux. Avec son importante capacité de remorquage, son aménagement raffiné et sa mécanique passablement bien fignolée, c’est davantage un véhicule multifonctions à caractère urbain qu’autre chose. Mais le Cayenne c’est également beaucoup plus que cela.
En effet, malgré son prix élevé et sa silhouette pour le moins controversée, il a connu beaucoup de succès auprès d’une clientèle gagnée d’avance à la marque ou convaincue en raison des prestations du véhicule. Cela a permis d’engranger des millions de dollars supplémentaires qui ont été sagement utilisés par le constructeur de Zuffenhausen. Ce dernier a ainsi eu les ressources financières pour développer le nouveau Cayman et la Panamera, la première berline dans l’histoire de la marque. Ce seul fait justifie amplement la présence du Cayenne sur notre marché.
Joyeux trio
Pour mieux comprendre ce véhicule, il faut savoir que Porsche est une compagnie riche en ressources humaines, mais dont les moyens techniques sont tout de même limités. Ce qui explique pourquoi elle s’est associée avec Volkswagen pour développer conjointement ce modèle. Cette collaboration a surtout porté sur la plate-forme et le moteur V6 qui est venu s’ajouter aux deux moteurs V8 maison. Ce moteur V6 de 3,2 litres produit une puissance de 247 chevaux. Ce serait amplement suffisant en plusieurs circonstances, mais il est un peu fluet sur un véhicule de 2 355 kg ! Les ingénieurs l’ont compris et nous offrent la possibilité de le coupler à une boîte manuelle à six rapports. C’est correct, mais attendez-vous à jouer du levier de vitesse. Et si vous préférez que la transmission rétrograde fréquemment pour vous, la boîte manumatique à six rapports est disponible. Il s’agit de la même boîte Tiptronic qui équipe les modèles S et Turbo dont le moteur V8 convient beaucoup mieux à la nature de la bête.
Sur la version S, ce moteur V8 atmosphérique de 4,5 litres produit 350 chevaux ! Ça peut sembler beaucoup de prime abord. Mais lorsqu’on sait que le Cayenne est un véhicule de plus de deux tonnes, c’est presque juste ce qu’il faut. Seule l’automatique Tiptronic à six rapports fabriquée par Aisin est offerte avec les moteurs V8. Le passage des vitesses en mode manumatique est passablement lent par rapport à ce que Mercedes nous offre sur la ML, par exemple. Et ce, même en utilisant les pastilles de commande placées derrière le volant.
La direction de Porsche savait qu’un moteur de 340 chevaux suffirait amplement. Mais il fallait placer ce véhicule dans une classe à part, offrir quelque chose de plus spectaculaire. Et vous savez maintenant que ce « petit quelque chose de différent » était une version turbocompressée de ce même moteur V8 de 4,5 litres. Cette fois, les deux turbos portent la puissance à 450 chevaux. Cela se traduit par un temps d’accélération d’un peu plus de sept secondes. C’est plus que ce que la compagnie affirme, mais drôlement véloce pour un mastodonte de deux tonnes et demi! Et si ce détail vous intéresse, la vitesse maximale est de 266 km.
Pas besoin d’avoir séjourné à l’École Polytechnique pour savoir qu’un véhicule de cette puissance doit bénéficier d’un rouage intégral considérablement affûté afin de pouvoir canaliser toute cette puissance aux roues motrices. Le Cayenne est pourvu d’un mécanisme de contrôle de la traction qui privilégie d’abord la motricité des roues arrière. Celles-ci reçoivent 62% du couple dans des conditions normales. Cette répartition variera par la suite en fonction de l’adhérence individuelle des roues. Le tout est commandé par l’électronique et s’est révélé très efficace aussi bien en conduite sur pavé sec que mouillé ou enneigé. Il faut aussi ajouter que le modèle turbo est doté en équipement de série d’un système de stabilité latérale et d’une suspension active. Celle-ci est à action pneumatique et peut hausser la garde au sol jusqu’à 27,3 cm ou encore l’abaisser jusqu’à un minimum de 19 cm. La S peut également en être pourvue par le biais du catalogue des options.
Les plus et les moins
Peu importe le modèle sélectionné, le Porsche Cayenne soulève toujours des débats. Aussi bien en raison de sa mécanique, de sa silhouette que de sa pertinence sur le marché. Il est vrai que ses lignes ne lui feront jamais gagner un concours d’élégance. Par contre, nous nous y sommes habitués au fil des ans et cette voiture semble bien vieillir sur le plan visuel. Malgré tout, l’habitacle commence déjà à démontrer des signes de fatigue. Le choix des plastiques et la présentation générale ne sont plus dans le ton. Toutefois, une bonne note pour les cadrans indicateurs faciles à consulter et les sièges avant confortables en plus d’offrir un bon support latéral. Nous ne pouvons malheureusement passer sous silence le fait que tous les Cayenne essayés au cours des deux dernières années laissent entendre des bruits de caisse tandis que certains éléments décoratifs étaient abîmés ou manquants.
Sur les routes secondaires, sur l’autoroute, hors sentier et même en ville, le Cayenne est tout un véhicule. Son poids important, ses dimensions encombrantes et même son centre de gravité élevé sont censés l’handicaper. Il tient pourtant la route comme une berline sport, tout en étant capable de tracter une remorque de 3 175 kg. Qui dit mieux ?
Feu vert
Moteur V6 trop juste
Prix élevé (turbo)
Silhouette caricaturale
Bruits de caisse
Finition inégale
Feu rouge
Moteurs V8
Rouage intégral efficace
Freinage impressionnant
Suspension réglable
Bonne capacité de remorquage