BMW Z1, 3.0 CSL et M535i… que du bonheur!
En marge du Salon de Francfort, le constructeur munichois BMW nous a invités à prendre le volant de quelques-uns de ses classiques. Bien que cette activité prolongeait notre périple allemand de deux jours et nous retardait de deux semaines dans notre travail (c’est comme ça dans le journalisme automobile, on fait une semaine de travail par jour et… on est payé pour une journée), comment refuser une telle offre?
C’est ainsi que, durant la même journée, nous avons conduit une M535i 1981, une Z1 1991 et une 3.0 CSL 1973. Comme journée de travail, il se fait pire. Même la pluie et le froid n’ont pas réussi à tamiser notre enthousiasme!
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BMW Z1 1991
Drôle de bibitte que cette Z1, avec ses portes qui, au lieu de s’ouvrir au moyen de charnières, comme d’habitude, descendent dans le châssis. Spectaculaire à voir, mais moins à utiliser! En effet, pour accommoder de telles portes, le seuil est très haut et très large et il faut effectuer des contorsions pas toujours élégantes pour accéder à l’habitacle. Lorsque le toit souple est en place, l’exercice est encore moins évident.
Parlant du toit souple… Quand mon collègue et moi sommes partis au volant de la Z1, des experts de BMW ont baissé le toit pour nous. À peine une heure plus tard, nous nous sommes fait surprendre par la pluie, et pas de la petite pluie. Évidemment, les experts n’étaient plus là. C’est à ce moment que nous avons appris que remettre en place le toit d’une Z1… c’est impossible sans connaître la procédure. On est loin du bouton qui fait tout pour nous! Je peux maintenant dire que j’ai pris une douche dans une Z1. En connaissez-vous beaucoup qui peuvent dire ça?
Ce biplace est agréable à conduire, mais il faut prendre en considération le fait qu’il s’agit d’une voiture de 26 ans (notre exemplaire était un modèle 1991). La direction, avec un ratio plutôt grand, doit être tournée plus que dans une Mitsubishi Mirage d’aujourd’hui pour effectuer un virage. Son retour d’information est correct, sans plus.
La puissance du six cylindres en ligne de 2,5 litres (168 chevaux et 164 livres-pied) n’est pas très éloquente. Heureusement, la boîte manuelle, fidèle à la tradition BMW, est excellente et permet d’extirper toute la puissance du moteur.
BMW 3.0 CSL 1973
Parmi les voitures spectaculaires que la planète a portées, la BMW 3.0 CSL figure assurément parmi les plus significatives. L’immense aileron arrière, le déflecteur au-dessus de la vitre arrière et celui sur le coffre ainsi que les deux dérives avant, placées sur chaque aile, ne laissent planer aucun doute sur la nature de cette voiture, bien plus à l’aise sur une piste que sur la route.
Bien qu’il n’y ait pas de cage de sécurité, prendre place dans les sièges baquets de course tient de l’exploit. En désespoir de cause, on se laisse tomber dedans! Dès que le moteur est lancé, on sait que l’on n’a pas affaire à du délicat. Le son envahit merveilleusement l’habitacle, mais peut devenir agaçant à la longue. On y reviendra. Pour l’instant, il convient de mentionner que ce moteur est un six cylindres en ligne de 3,2 litres développant 206 chevaux, couplé à une boîte manuelle à quatre rapports.
Si l’on sait bien jouer du levier, dont la course est très longue – du moins selon les critères contemporains, extirper la puissance du moteur devient un jeu auquel on prend goût rapidement. Ceux qui appliquent la technique du talon-pointe peuvent compter sur un pédalier parfaitement disposé. En passant, la même remarque vaut pour la Z1 et la M535i.
Le moteur est assez pointu, dans le sens où il doit tourner au moins à 4 000 tr/min pour être performant. À ce moment, on a l’impression qu’il tourne plutôt à 8 000 tr/min tant le bruit est omniprésent. Et l’on cherche invariablement un cinquième rapport, inexistant. Combiné à une direction vague et à des freins tout juste corrects (selon les standards d’aujourd’hui, encore une fois), conduire cette voiture à fond sur une piste de course doit être épuisant. Surtout sous la pluie. Les pneus d’origine de notre voiture (des Michelin XWX 205/70VR14) évacuaient très peu l’eau et étaient responsables d’un important aquaplanage. Bref, on y a été mollo. Démolir une voiture évaluée aux alentours de 300 000 $ ne faisait pas partie du plan fourni par BMW avant notre départ...
BMW M535i 1981
Précédant la M5 (qui est apparue en 1988), la M535i affichait déjà de solides performances. Visuellement, les ajouts aérodynamiques en font juste assez pour souligner le caractère sportif de la voiture, sans l’alourdir.
La M535i est une redoutable routière. Même 36 ans plus tard. La direction est plus rapide que celle de la Z1, bien qu’elle soit plus légère et ne retourne que bien peu d’informations. Les freins étaient sans doute très performants à l’époque mais aujourd’hui, il faut anticiper les arrêts. Bien entendu, l’antiblocage brille par son absence.
Même selon les standards de 2017, la M535i est un modèle d’équilibre. Jamais nous n’avons senti une quelconque flexion dans le châssis et la suspension est parfaitement calibrée pour offrir un bon niveau de confort et de sportivité.
Le moteur, un six cylindres en ligne de 3,5 litres de 218 chevaux (ce qui était beaucoup en 1981), répond allègrement et, en l’absence de toute assistance électronique, on peut s’amuser ferme avec la M535i. Mais comme il pleuvait, nous avons préféré nous amuser moins fermement…
Selon BMW, la M535i n’a pas été importée officiellement en Amérique parce qu’elle n’était pas conforme à nos normes antipollution. Quoi qu’il en soit, elle était, et demeure, une fabuleuse voiture. Le genre d’automobile que l’on conduit plus pour célébrer le génie de ses créateurs que par besoin de se rendre du point A au point B. Qu’un groupe d’humains, malgré leurs différences, leurs convictions et leurs croyances ait réussi à créer un tel monument de précision et d’agilité, ainsi que de confort et de tenue de route, de subtilité et de rage donne le goût de penser que, en dépit de tout ce que le monde vit présentement d’incertitudes et de peurs, il y a de l’espoir…
Des trois voitures, la M535i demeure mon premier choix. Toutefois, si l’on m’offrait l’une des deux autres, je me laisserais tenter. Que voulez-vous, je ne suis pas obstineux!