Pontiac G6 2009, l'art de se tirer dans le pied !
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Lors de son arrivée en 2005, GM souhaitait avec la G6 faire oublier sa Grand Am en offrant un produit compétitif et intéressant à tous les niveaux. Cinq ans plus tard, force est de constater que l'objectif n'a pas été atteint. Est-ce parce que le produit n'était pas à la hauteur? Oui, peut-être un peu, mais la raison principale réside surtout en une mauvaise planification de mise en marché.
D'abord, le constructeur a tenté en 2005 de jouer les arrogants en offrant sa voiture à prix peu compétitif, avant même de connaître l'opinion et les impressions du public face à son nouveau produit. Voyant que la réponse de cette dernière n'était pas aussi positive que ce qu'on avait prévu, le constructeur a choisi de distribuer un grand nombre d'unités auprès des agences de location à court terme, à bon prix. Évidemment, cette pratique n'allait pas permettre à GM de rentabiliser ses voitures autant qu'en les vendant à des particuliers. Au contraire, on allait plutôt de cette façon engendrer des pertes considérables, puisque les voitures allouées aux agences de location sont louées par ces mêmes entreprises pour ensuite être retournées à l'expéditeur, moins d'un an après la date de mise en fonction.
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Un an après, GM se retrouvait donc avec un stock considérable de voitures d'occasion, encore une fois plus nombreux que les acheteurs intéressés par ce modèle. La solution pour GM aura donc été de vendre à perte ses voitures à l'encan, à des concessionnaires et des marchands de véhicules d'occasion.
Oh certes, la G6 aura tout de même su séduire au fil des ans un certain nombre d'acheteurs autres que les entreprises de location, mais jamais les ventes au particulier n'auront été supérieures à celles attribuables aux flottes de location. De tout ça résulte donc une offre de ce produit toujours supérieure à la demande et par conséquent, une très forte dépréciation de la G6. Mais le pire dans l'histoire, c'est que GM n'aura jamais réduit le prix de sa G6 pour la vendre aux particuliers, et ce, même en temps de crise financière. Ford, Hyundai et Chrysler le font pour leurs modèles de classe intermédiaire, alors pourquoi pas GM?
Il faut en plus savoir que GM a récemment annoncé la mort de la division Pontiac, ce qui confirme par le fait même le retrait définitif du modèle G6 des tablettes d'ici un an. C'est donc clair, GM se doit de baisser le prix de la G6, comme on le fait avec les modèles G3 et G5.
Séance de magasinage
Quoi de mieux qu'une visite chez un concessionnaire, en se faisant passer pour un acheteur, pour réellement être en mesure de comparer la position d'un modèle sur le marché, face à ses rivales. J'ai donc choisi de rendre visite à un concessionnaire Pontiac de la Rive-Nord de Montréal chez qui, franchement, on ne semble pas trop se soucier de l'avenir et de la situation précaire du constructeur.
Vendredi, 15h45, la salle de montre est complètement vide. Pas de clients, et pas plus de vendeurs. Je dois d'ailleurs attendre dix bonnes minutes, au grand dam de la dame à l'accueil, avant qu'un vendeur sorti de nulle part ne daigne me répondre. Visiblement, ce dernier n'a aucune envie de me vendre une voiture. Je lui demande sommairement quelques renseignements sur une berline G6 à moteur quatre cylindres et boîte automatique à six rapports. Rapidement, il se dirige vers son bureau, fouille dans son inventaire informatique et sélectionne un exemplaire dans le but de me faire une estimation de prix. Il me dit que la voiture arrive tout équipée (qu'est-ce que ça veut dire, toute équipée?) et qu'il en a en stock. Puis, il répond à ma seconde question en affirmant qu'il n'y a aucun rabais applicable sur ce modèle, puisque le taux d'intérêt à l'achat est de 0%.
Ah bon (!!!). Mais combien coûte cette voiture tout équipée qui, en fait, est un modèle SE de base sans aucune option. 27 500$, me répond-il bêtement. Plus taxes, évidemment. " Ça fait 522$ par mois ", dit-il! Dans ma tête, je me dis qu'une Honda Accord, une Mazda6 ou une Ford Fusion mieux équipée coûte moins cher, ce qui, compte tenu de la qualité du produit, est un non-sens. D'un pas déterminé et voyant ma réaction en sortant de son bureau, il me dit que je peux opter pour une G6 d'occasion, tout en me pointant du doigt la porte du département, où quelqu'un d'autre devrait se faire un plaisir de me servir. Et il s'en va aussitôt. Wow! Quel professionnalisme!
Du neuf à l'usagé
Je me dirige donc vers ce bâtiment séparé par l'aire de livraison, où là aussi, on ne peut apercevoir à peu près personne. En fait, un seul vendeur est présent. Je lui dis que le département de véhicules neufs m'a dirigé vers lui, ce qui semble le surprendre puisque les vendeurs de véhicules neufs ont supposément aussi le droit de vendre des voitures d'occasion. Sans même me poser de questions sur le pourquoi de ma présence, il se dirige vers son bureau en téléphonant de l'autre côté, soi-disant pour être certain de son entière liberté à me vendre un véhicule. Après coup, il se lance dans un discours digne des années soixante, prétextant que le marché du véhicule d'occasion n'a jamais si bien été et qu'il ne fournit pas à livrer des véhicules.
La seule G6 qu'il possède en inventaire est évidemment fraîchement arrivée et partira aussitôt, si je ne prends pas ma décision rapidement. Avant de parler de son unique G6 d'occasion, je le questionne sur le programme GM Optimum. Alors ça, il le connaît. Et j'admets que cette procédure d'inspection et de certificat est nettement supérieure à ce que l'on retrouve chez les supposés grossistes. Donc oui, je paierais un supplément de quelques centaines de dollars pour bénéficier de cette formule.
Vient ensuite le temps de parler de la voiture, une G6 SE 2008 bleu foncé, affichant 28 000 kilomètres et équipée du V6 de 3,5 litres optionnel. Valeur du véhicule à l'état neuf : 27 870$. En passant, la G6 à moteur quatre cylindres de base pour laquelle j'avais demandé un prix se détaille à 26 600$. L'autre génie me l'offrait pourtant à 27 500$...
Toujours est-il que cette G6 d'occasion est, franchement, comme neuve. Mon œil averti ne semble pas détecter une quelconque trace d'accident, de peinture fraîche ou d'usure prématurée. Bref, pas de souci à se faire face à sa condition. Le prix de cette voiture est de 15 483$. Voilà qui constitue franchement une aubaine par rapport à la voiture neuve, ce qui prouve également que le taux de dépréciation de la G6 est très élevé. Une baisse de 43,5% en seulement un an! Et d'où venait cette voiture d'après vous? D'une entreprise de location à court terme qui l'a cédée au concessionnaire via l'encan. Bon, son origine est peu reluisante, mais pour économiser 12 500$, je serais prêt à prendre le risque…
Avant de quitter, je précise au vendeur que je n'ai nullement magasiné auparavant, que je ne connais pas la valeur de cette voiture sur le marché et que mon expérience jusqu'à maintenant me confirme que je n'achèterais pas une G6 neuve, surtout pas du pauvre vendeur de " l'autre bord "! Même si ce vendeur de véhicules d'occasion m'a lancé un discours digne d'une autre époque, je concède qu'il m'a bien servi et je lui laisse mon nom et mes coordonnées. S'il me rappelle, il apprendra à ce moment qu'il lui faudra travailler beaucoup plus fort pour me vendre sa G6. Mais bon, ce n'est pas grave, il ne fournit pas à en vendre!
Et la G6 dans tout ça?
Pourquoi ai-je jeté mon dévolu sur la G6? Tout simplement parce qu'avant de faire un saut chez le concessionnaire, j'ai eu l'opportunité de faire l'essai d'une version SE à moteur quatre cylindres et boîte à six rapports. Nouvelle cette année, cette transmission change véritablement le rendement de la voiture et lui permet de diminuer considérablement sa consommation de carburant.
Personnellement, j'aime bien la ligne de la G6. Dans sa version GXP, ornée de jupes, d'une immense grille de calandre, de roues chromées et d'un immense aileron, ça fait plutôt dur, mais une berline ou un coupé sans artifice, c'est sobre et élégant. Et franchement, malgré son âge, la voiture n'a aucune ride.
À mon avis, si cette voiture n'a pas connu le succès escompté, c'est en raison de son habitacle terne et trop peu spacieux. En ouvrant la portière, on découvre effectivement un habitacle dont les dimensions sont plutôt dignes de celles d'une berline compacte, et dont la présentation est presque morbide. À bord, l'omniprésence du plastique noir bon marché n'a rien de très reluisant, et l'élégance de la planche de bord se situe à des années lumières de celle d'une Chevrolet Malibu (une rivale de la G6, aussi offerte chez GM). Qui plus est, les passagers arrière se cognent la tête à répétition sur le cadrage de portière lorsque vient le temps d'embarquer et le coffre est franchement petit. Bon, le conducteur jouit malgré tout d'une belle position de conduite et d'un siège confortable, mais disons-le, la conception de cet habitacle est ratée.
Sur la route, on constate que la voiture n'a pas le raffinement de ses rivales plus modernes, mais la conduite est loin d'être vilaine. La voiture est stable, confortable et bien équilibrée, et réagit efficacement aux commandes du conducteur. Pour une meilleure maniabilité, il est toutefois clair qu'une direction plus rapide et affichant un plus petit cercle de braquage serait appréciée. On pourrait aussi se plaindre de l'insonorisation qui, sans être désastreuse, est moins poussée qu'avec la Malibu.
OK, mais attendez que GM baisse le prix
Assurément, avec le retrait de la marque d'ici un an, GM n'aura d'autres choix que de baisser les prix de la G6 de façon drastique, un peu comme on l'a récemment fait avec la fourgonnette Montana SV6. Et cette baisse de prix aura des conséquences importantes sur la valeur des modèles d'occasion, qui baissera elle aussi. Mon conseil, si vous avez la G6 dans la mire, c'est d'être patient. Si vous le pouvez, étirez votre voiture actuelle et feuilletez le journal régulièrement. Vous verrez, vous ne le regretterez pas. Et si c'est pour maintenant, vivement un modèle d'occasion. De toute façon, du moins à Blainville, on ne semble pas très friand à l'idée de vous vendre une voiture neuve…