Ford Ranger/Mazda Série B, les camionnettes de Darwin
La camionnette Ranger a fêté l’an dernier son vingt-cinquième anniversaire et a très peu changé durant ce quart de siècle. Ford l’a retouchée et redessinée à l’occasion, en ne faisant évoluer que légèrement sa motorisation. Or, dans cette catégorie comme dans la nature, la constance a parfois ses avantages puisque les camionnettes Ranger et leurs cousines quasi identiques, les Série B de Mazda, sont possiblement les mieux adaptées à la panique actuelle du prix de l’essence grâce à leur modèle le moins cher et le plus frugal.
Ford a fait du bon boulot en développant sa première camionnette compacte, lancée comme modèle 1983. D’abord apparu sur une version de la grande camionnette de série F durant les années soixante, le nom Ranger se retrouvait cette fois sur un pick-up entièrement nouveau à la fois plus compact et moderne. Il s’est immédiatement démarqué par sa solidité et la qualité de sa fabrication, des vertus qu’il a conservés jusqu’à ce jour.
Quant à la Série B de Mazda, cette version maquillée du Ranger fut lancée en 1994. Ironiquement, Ford a vendu durant plus d’une décen nie la Courier, une camionnette conçue et fabriquée par Mazda, pour tenter de contrer les premières camionnettes compactes de Nissan et Toyota. Il faut d’ailleurs souligner que le moteur de base des deux séries actuelles, un quatre cylindres de 2,3 litres à double arbre à cames en tête, est signé Mazda.
L'approche minimaliste
Principalement occupée à profiter de la manne extraordinaire de ses utilitaires Explorer durant les années 90 et de la popularité constante de ses grandes camionnettes, Ford a fait le strict minimum pour faire évoluer la série Ranger au fil des années. Pendant ce temps, la concurrence n’a cessé de lancer des versions plus costaudes, performantes et cossues. Par leur taille autant que par leur équipement modeste et leur aspect un peu vieillot, les Ford Ranger et Mazda Série B n’étaient donc vraiment plus à l’avant-scène dans ce créneau.
Mais c’était sans compter la hausse récente et inexorable du prix des carburants qui les fait paraître de mieux en mieux, malgré leur âge respectable, surtout grâce à la consommation raisonnable du moteur des versions de base XL. Ce quatre cylindres de 2,3 litres leur procure des cotes officielles de 9,9 L/100 km en ville et 7,5 L/100 sur la grand-route, ce qui leur a valu le titre de camionnettes les plus « écoénergétiques » au pays pour les sept dernières années alors qu’il était jumelé à la boîte manuelle de série à cinq rapports.
Cette frugalité assez exceptionnelle pour une camionnette grimpe toutefois d’un cran (à 10,2 et 8,3 L/100) avec la boîte automatique optionnelle, également à 5 rapports. Et la consommation fait encore un bond lorsqu’on passe au V6 de 4,0 litres désormais livré de série sur les modèles Sport, XLT et FX4. Si on y gagne en capacité de remorquage, c’est au prix d’une autonomie assez médiocre. D’autre part, Ford et Mazda ont enfin largué le V6 à culbuteurs de 3,0 litres, un moteur devenu archaïque et redondant.
Sans complication ni prétention
Au fil des années et au gré de la demande, Ford a créé des versions de sa camionnette compacte avec cabine ou plate-forme allongée, posées sur des empattements plus longs. Si les changements aux trains roulants des Ranger et de leurs cousines ont été rares, ils se sont par contre révélés pertinents pour la plupart. Surtout le passage à une suspension avant à roues indépendantes par triangles super posés et à une direction à crémaillère. Ces mises à jour ont permis de bonifier et ensuite de préserver le comportement routier très sain de ce duo. Ranger et Série B n’ont rien de voitures sport, mais leur tenue de route est très correcte. Le sous-virage se manifeste assez vite pour tempérer les ardeurs en virage et les réactions sont toujours prévisibles. Leur seul défaut est familier : un essieu arrière rigide monté sur ressorts à lames qui tressaute à la moindre bosse et cherche à décrocher si c’est en virage. Il faut également considérer la motricité limitée des versions à deux roues motrices pour l’hiver.
Le freinage, par contre, est à la fois assez puissant et très facile à moduler en conduite normale. La force de ces camionnettes, c’est leur habitacle bien conçu, bien fini, confortable et pratique. On n’y trouve rien d’audacieux, de clinquant ou de spectaculaire. Seulement des sièges bien taillés et juste assez fermes, dans des tissus qui vont durer. Un autre trait familier des Ranger, depuis la toute première génération : les commandes et contrôles sont clairs, simples, ergonomiques et robustes. On profite également d’un coffre à gants de bonne taille et d’un coffret d’accoudoir véritablement utile.
En bref, ce sont des camionnettes sans prétention, bien conçues et bien construites, qui font leur boulot sans jamais rechigner. Elles alignent d’ailleurs les bonnes cotes de fiabilité pour appuyer leur réputation. La rumeur veut que Ford planche actuellement sur une remplaçante pour la vénérable série Ranger. Espérons que cette héritière éventuelle se révèlera plus moderne mais qu’elle sera tout aussi réussie que son aïeule dès son apparition. Entre-temps, Ford a confirmé la production de la série actuelle jusqu’en 2011.
FEU VERT
Solides et fiables
Comportement sain
Version XL assez frugale
FEU ROUGE
Essieu arrière sautillant
Diamètre de braquage (empattements longs)
Silhouettes anciennes