Land Rover Range Rover, salon de thé
Je me suis largement trompé. Lorsque j’ai pris le volant de cet utilitaire sport, sans avoir au préalable regardé le nom, je me croyais au volant de la version Supercharged et son moteur suralimenté. Pourtant, c’était le modèle de base. Si la puissance est étonnante, l’agilité du mastodonte l’est tout autant. Indéniablement, la version 2007 comporte la conception, la puissance et les formes classiques qui ont permis à ce véhicule de franchir les âges sans trop vieillir tout en conservant son aura de quasi-invincibilité.
Malgré ses dimensions imposantes, la silhouette même du Range Rover a un quelque chose d’élégant. Ses angles abrupts permettent de découper le design lui conférant un style que beaucoup ont tenté de copier, mais que peu ont réussi à imiter. Redessiné complètement en 2002, légèrement retouché l’année dernière, le Range Rover classique a conservé sa grille traditionnelle. En revanche, la version Supercharged est pour sa part ornée d’une grille de conception différente, mariant les mailles en coupe de diamant. Quant à l’habitacle, il a beau être sobre d’apparence, il offre le confort d’un salon de thé. Ses sièges de cuir sont confortables, présentent un support que l’on apprécie tant lors de longues randonnées que lors d’escapades extrêmes, et sont ajustables de façon quasi infinie. Petit détail ajouté pour 2007, il est désormais possible d’obtenir les sièges chauffants et ventilés. On aussi modifié un peu la présentation générale de la cabine pour y installer quelques espaces supplémentaires de rangement. Le tableau de bord, souvent dénigré, est pourtant d’une beauté toute classique. De nouveaux matériaux utilisés cette année lui confèrent d’ailleurs encore plus de prestance. Quelques draperies victoriennes, un majordome et on se croirait dans un salon britannique !
Gentil mais sauvage
Au volant d’un Range Rover, rouler en ville n’a rien de désagréable. C’est vrai que les dimensions hors du commun du véhicule nécessitent une certaine adaptation, mais la généreuse fenestration donne au conducteur une vision panoramique. Sans oublier la caméra de recul qui permet de se glisser en toute sécurité dans des espaces plus restreints. Sans tambour ni trompette, la version HSE du Range Roger se déplace avec aisance grâce au moteur V8 4,4 litres de 305 chevaux remanié l’année dernière. Puissant, son accélération vive fait à peine ressentir le poids pourtant imposant du véhicule. Il demeure toutefois un peu bruyant, surtout lorsqu’on insiste un peu pour des démarrages plus vifs. Et ceux qui sont constamment pressés se tourneront vers la version suralimentée du Range Rover Supercharged, développant 400 chevaux, au moyen d’un moteur turbo de 4,4 litres. Silencieuse, souple et exemplaire de comportement, cette puissante mécanique est toujours jumelée à la boîte automatique séquentielle ZF Command Shift à six rapports, de série sur toutes les livrées. Quant à la direction, elle est assistée électriquement, son appui variant selon les vitesses atteintes. Elle fournit assez de précision à basse vitesse, mais est toutefois peu communicative lorsque la vitesse augmente, faisant perdre un peu du contact nécessaire entre le pilote et la route.
Le baroudeur
Pour garantir toute la stabilité de ce lourd véhicule, un système de suspension pneumatique à ajustement continu (calibrée différemment sur la version Supercharged évidemment) s’adapte aux différentes conditions. Et pour 2007, on a ajouté à toute la gamme le mécanisme baptisé « Terrain response » qui permet, sur simple pression d’un bouton, de modifier le comportement du véhicule pour une performance optimale, quelles que soient les conditions. Cinq modes sont ainsi disponibles, allant de la chaussée normale à l’escalade de pic rocheux. Pour avoir mis à l’épreuve ce système dans diverses conditions, il est facile de constater son efficacité, et de ressentir les modifications dans le comportement du gros VUS.
L’action du système est multiple. Il modifie bien entendu le débattement des suspensions, pour assurer le plus grand confort peu importe l’état de la route. Mais son intervention est beaucoup plus raffinée. Il influencera par exemple la pression des freins, et jouera même avec finesse sur l’accélérateur pour assurer des départs moins brusques lorsque les conditions ne le permettent pas.
Ne négligeons pas non plus le système de freinage, parfois hésitant sur notre modèle d’essai, mais d’une redoutable efficacité en mode Supercharged qui profite de freins Brembo à disque surdimensionné. La seule véritable interrogation du Range Rover, c’est sa fiabilité. On a beau dire que tout a été repensé depuis la venue de Ford, et que cet aspect de la chose est en nette progression, le doute subsiste toujours, et il faudra sans doute plusieurs années pour l’effacer. On a aussi amélioré considérablement l’assemblage, mais certaines lacunes persistent, le toit ouvrant de notre véhicule d’essai n’ayant pas résisté, par exemple, à un certain lavage à pression, inondant littéralement mon collègue installé dans le siège du passager ! Mais ce n’est là qu’un détail qui n’empêche pas le Range Rover de demeurer au sommet des grands VUS de classe.
feu vert
Capacités hors-route exemplaires
Système Terrain Response
Suspensions pneumatiques
Moteur puissant
Espace intérieur abondant
feu rouge
Fiabilité douteuse
Freinage hésitant (HSE)
Assemblage à revoir
Consommation d’autobus