Mitsubishi Lancer 2017: Une centenaire encore en forme
La Mitsubishi Lancer que nous connaissons aujourd’hui est apparue pour l’année-modèle 2008. Cela fait dix ans. Une éternité en années automobile. Depuis ce temps, toutes les autres berlines compactes ont été renouvelées. Et toutes se vendent bien mieux que la Lancer. En effet, au Canada, depuis 2012, cette Mitsubishi fait figure de « peanuts » par rapport aux canons que sont les Honda Civic, Hyundai Elantra et Toyota Corolla. Même la marginale Subaru Impreza se vend davantage. Mais est-ce que cela fait de la Lancer une mauvaise voiture?
Oui et non. Pour celui qui ne jure que par le dernier gadget, qui s’attend à trouver dans une voiture neuve des plastiques haut de gamme, un design moderne et une finition à l’avenant, la réponse est assurément OUI. Pour tous les autres, c’est NON!
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Mémé et la technologie…
Malgré son âge vénérable, la carrosserie de la Lancer est encore dans le coup. L’an dernier, les designers ont apporté quelques changements à la partie avant, ce qui l’aide à avoir l’air moderne. L’imposant aileron arrière fait très 2010 et il bloque la visibilité, mais d’aucuns trouvent qu’il ajoute du dynamisme à l’ensemble. Des goûts, ça ne se discute pas, à ce qu’il paraît. C’est davantage dans l’habitacle que les années ont fait le plus de ravages. Entre le tableau de bord d’un 2008 et celui d’un 2017, on remarque certes de subtiles modifications… mais on reste sur notre faim.
Il ne faut pas non plus dramatiser. L’environnement n’est peut-être pas très lumineux (il y a beaucoup de noirs, de gris foncés, de gris anthracite, de gris ardoise et de gris fer), mais les divers boutons et commandes sont aux bons endroits. Le confort des sièges avant n’est pas mauvais du tout, même si le tissu qui les recouvre ne paie pas de mine. Le système multimédia a été rafraîchi l’an dernier, mais il est encore à des siècles-lumière (on ne parle pas d’années-lumière, une mesure de temps qui ne convient pas à la Lancer) de ce que fait Audi, par exemple. Même le site internet de Mitsubishi au Canada n’est pas des plus conviviaux. ENTK, comme on dit en langage texto…
Les jambes sont vieilles, mais elles tiennent bon
Sous le capot des Lancer de base, on retrouve un quatre cylindres de 2,0 litres atmosphérique de 148 chevaux plus bruyant que puissant, mais fiable. Une boîte manuelle plutôt agréable à utiliser ou une CVT (automatique à rapports continuellement variables) le relie aux roues avant avec plus ou moins de bonheur.
Si les moyens financiers le permettent, le 2,4 litres de 168 chevaux est un choix infiniment mieux avisé. Pas nécessairement une jeunesse, il n’ajoute pas beaucoup de pep à la Lancer, mais il est plus agréable à vivre que le 2,0 litres. Mieux, il peut être associé à un rouage intégral étonnamment performant, une alternative intéressante à la Subaru Impreza. Il est même possible de verrouiller le boîtier de transfert pour obtenir une répartition du couple égale avant / arrière. Ce tableau est toutefois trop beau pour être vrai. Entre le 2,4 litres et les quatre roues motrices, on retrouve l’ineffable boîte CVT, qui semble faire disparaître une bonne partie des chevaux et, inversement, faire dramatiquement apparaître des décibels.
Sur la route, on est agréablement surpris par le comportement routier de la Lancer. En courbes, la voiture ne penche pas indûment et elle s’accroche au bitume avec ténacité. On ne parle pas de sportivité, mais on peut employer le qualificatif dynamique sans avoir peur de s’attirer l’opprobre général. La suspension réussit même à procurer un bon niveau de confort.
Au fil des années, des versions sont apparues, d’autres sont parties. L’an dernier, les modèles les plus intéressants, les sportives Evolution et Ralliart, ont été éliminés, ce qui nous laisse songeurs sur l’orientation que Mitsubishi entend donner à sa gamme. Au moins, la Sportback, une hatchback avec un beau nom, est avec nous depuis déjà quelques années et ne semble pas près de nous quitter, même si ses ventes restent confidentielles. Dommage, car c’est la meilleure Lancer actuellement offerte. Elle reprend tous les bons et les moins bons côtés de la berline, en y ajoutant une polyvalence bienvenue.
De toute évidence, la Lancer est sur ses derniers kilomètres. Remarquez qu’on disait ça il y a quatre ans! Il semblerait que Mitsubishi n’a pas les moyens, ou la volonté, de s’établir fermement chez nous. Ses récents déboires à propos de tests de consommation truqués au Japon ont amené Nissan à acquérir 34% des parts de Mitsubishi Motors. C’est sans doute la meilleure chose qui pouvait arriver à Mitsubishi. Ou pas. Seul l’avenir nous le dira.