Chrysler 200 2017: Direction Floride
Il y a de cela plusieurs années, le catalogue de Chrysler proposait la Sebring, une voiture modeste, d’une fiabilité à faire peur et dont la conduite nous ramenait dans les années 50. Non, 40. En 2011, la Sebring fut remplacée par la 200, nettement meilleure… mais sans ambitions, sans âme. En 2015, Chrysler revenait à la charge avec une toute nouvelle 200. Et là, c’était du sérieux.
Toujours est-il que six ans après sa disparition, bien des gens associent encore la 200 à la Sebring. Pourquoi? Aucune idée. Ce n’est tout de même pas parce qu’elle a marqué l’histoire de l’automobile! Pourtant, Chrysler écoule des tonnes de 200. Or, ces ventes sont surtout faites à des parcs automobiles (compagnies de location, entreprises diverses, etc.) Et ça, ce n’est jamais bon pour la valeur de revente d’une voiture, ni pour sa notoriété.
D’ailleurs, je me demande bien pourquoi cette 200 n’est pas populaire auprès du grand public. Elle est, ma foi, fort jolie avec ses feux avant semblant préparer un mauvais coup (il faut certes un peu d’imagination…), sa ligne de toit fuyante vers l’arrière, qui lui donne des airs de coupé, et le becquet arrière, qui ajoute au dynamisme de l’ensemble. Vraiment, c’est du beau. Pour 2017, la livrée S pourra même recevoir l’édition Alloy, qui remplacera les pièces normalement recouvertes de chrome par des éléments de couleur titane ou bronze.
Oui, oui, on parle bien d’un produit Chrysler…
Là où la 200 se démarque vraiment, c’est au chapitre de l’ergonomie du tableau de bord. Il est même assez surprenant qu’un constructeur comme Chrysler, pardon FCA, puisse accoucher d’une telle réussite, elle qui, dans un passé pas si lointain, donnait à fond dans la médiocrité… La position de conduite se trouve facilement, le volant se prend bien en main, tous les boutons sont au bon endroit et les commandes sont faciles à comprendre.
Quant au système multimédia Uconnect, il s’agit de l’un des meilleurs de l’industrie et même les pleins de pouces technologiques s’y retrouvent facilement! Comme si ce n’était pas suffisant, les matériaux sont de belle facture, les cadrans s’illuminent d’un superbe bleu la nuit venue et les espaces de rangement sont nombreux.
Pour trouver à redire, il faut s’asseoir à l’arrière alors que la tête frotte allègrement sur le plafond. Le coffre est vaste et son ouverture, contrairement à la tendance actuelle, est suffisamment grande pour espérer y faire entrer des objets de bonnes dimensions. Malheureusement, lorsque les dossiers de la banquette arrière sont baissés, ils ne forment pas un fond plat.
Sonorité trop sportive!
Les acheteurs les plus sérieux n’hésiteront pas une seconde à opter pour le V6 de 3,6 litres. Ses 295 chevaux autorisent de solides performances. Certes, personne n’achète une 200 pour son côté sportif, même si les versions S et C se vantent de leur suspension sport… En fait, après avoir fait l’essai d’une 200S, j’avais même noté que la sonorité de l’échappement était un tantinet trop sportive pour l’expérience générale de conduite.
Ce V6 est souple et doux, deux qualités rehaussées par une boîte automatique à neuf rapports, qui n’est sans doute pas la plus rapide pour réagir, mais qui s’accommode généralement fort bien de sa tâche. À froid, toutefois, elle est plus lente, du moins sur le dernier exemplaire essayé.
Les autres acheteurs se contenteront du moteur de base, un quatre cylindres de 2,4 litres de 184 chevaux. Bien que cette puissance soit suffisante pour trimballer adéquatement les quelque 1 600 kilos de la 200 de base, il reste que ce moteur se laisse tirer l’oreille (ben quoi, si les murs ont des oreilles, pourquoi les moteurs n’en auraient-ils pas?) quand vient le temps de travailler fort. En plus, même si les chiffres de consommation semblent lui donner un net avantage par rapport au V6, dans la vie de tous les jours, il consomme presque autant.
S’il est un domaine où la 200 fait sa marque dans la catégorie des berlines intermédiaires, c’est grâce à son rouage intégral (AWD) optionnel, qui agit de concert avec le V6. Ce type de rouage est plutôt rare dans ce segment, seules la Ford Fusion et la Subaru Legacy l’offrent aussi. Chez Chrysler, il est un peu cher cependant (4 500 $ au moment d’écrire ces lignes).
Malgré un style nettement plus au goût du jour, un tableau de bord résolument étudié et des performances fort décentes, surtout avec le V6, la 200, peu importe la version, demeure une voiture placide qui n’a aucune envie de jouer. Sa direction manque cruellement de retour d’information, la suspension, même quand elle se dit « Sport », n’a rien de sportif et les différents systèmes de sécurité interviennent avec une autorité très bien sentie.
Mais est-ce qu’on a vraiment besoin de tout ça quand on « descend » en Floride pour l’hiver au volant d’une voiture louée?